L’atout pour réussir

le 24 mai 2012

Le 24 mai 2012 @10h30

Les premiers actes du nouveau gouvernement signifient clairement que nous sommes sortis du quinquennat sarkozyste. Le mépris, les syndicats et les corps intermédiaires bafoués, la justice instrumentalisée, niée jusqu’à l’insupportable « présomption de légitime défense »; l’installation partout d’un climat de tension, de division, de racisme ; l’argent et la concurrence de tous contre tous érigés en valeurs suprêmes, les principes démocratiques contredits par la toute puissance du Président et des conseillers ; la posture bushiste dans les relations internationales, jusqu’à réintégrer notre pays dans le commandement de l’OTAN et déclencher une guerre laissant la Libye désemparée: le sarkozysme étouffait le pays. Sa défaite est vécue comme une délivrance.

Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, rajeuni, féminisé, métissé, signataire d’une charte déontologique, marque une rupture appréciée parce qu’attendue. Les déplacements internationaux de F. Hollande, sa nette réaffirmation d’une évacuation de nos troupes combattantes d’Afghanistan à la fin 2012, satisfont nos concitoyens. Chacun sait que les passages à l’acte vont maintenant nécessiter  beaucoup de détermination  et de persévérance tant la crise qui secoue la planète est profonde.

Sous l’impulsion du Front de Gauche et de Jean-Luc Mélenchon, l’enjeu d’une relance tournant le dos à l’austérité, ainsi que l’idée d’une « réorientation » de la construction européenne ont été repris par le candidat socialiste durant la campagne présidentielle et ont été défendus auprès de Mme Merkel comme de M. Obama. Leur concrétisation impose d’affronter le mur dressé par la haute finance contre les droits économiques, sociaux, démocratiques et culturels. Elle aura besoin de mobilisations populaires et d’un engagement de toutes les composantes de la gauche et de l’écologie politique car l’expérience nous enseigne que la gauche n’est efficace que quand sa pluralité est respectée, valorisée, avec un flanc gauche, aujourd’hui le Front de Gauche, puissant à l’Assemblée Nationale.

Depuis quelques jours, il est devenu l’adversaire privilégié des dirigeants de l’UMP qui ne rêvent que de revanche. Souvent ridicules dans leurs critiques systématiques et partisanes de ce qui change avec le nouveau pouvoir, ils ressortent les vieilles rengaines anticommunistes. Certes, elles peuvent contribuer à la remobilisation d’un électorat passablement sonné par la défaite mais, pour l’essentiel, elles tombent  à plat, tant une majorité de nos concitoyens, au premier rang desquels les jeunes, considèrent qu’ils ont écarté un cauchemar en même temps que M. Sarkozy.

Reste à franchir une étape importante, déterminante pour la nature, la qualité, le rythme du changement, celle d’une défaite nette, sans appel de   l’ancienne majorité de droite de l’Assemblée Nationale, avec zéro député du Front national. Empêcher l’extrême-droite de disposer de la tribune du Parlement pour répandre le poison de la haine, de la xénophobie et du racisme est une ambition de salubrité publique.

Il s’agit d’élire une nouvelle majorité parlementaire de gauche, une majorité suffisamment diverse et rassemblée pour accomplir la tâche immense confiée par les citoyens de réussir le changement, sans pour autant qu’un seul parti dispose à lui seul de la majorité absolue. En effet, la qualité, l’efficacité, la cohérence des lois ont besoin de débats contradictoires dans leur élaboration. Notre peuple est divers. Ses  aspirations, ses  urgences sociales, démocratiques, écologiques ne souffrent aucune hégémonie. L’Assemblée Nationale a vocation à refléter la réalité des confrontations d’idées et de points de vue qui, sur le terrain, traversent la société. En revaloriser le rôle, comme s’y est engagé F. Hollande, tourne le dos à une conception suiviste du rôle des députés. Responsables, constructifs, unitaires, animés par le seul objectif de faire entrer dans la vie les choix des électrices et des électeurs, les députés de gauche, tous les députés de gauche, se doivent de tirer les leçons des expériences précédentes qui peu à peu ont vu les déceptions prendre le dessus sur les espoirs.

Elles méritent d’être méditées avec nos concitoyens dans la campagne électorale et au delà. Ce n’est pas insulter les expériences de la gauche que de le dire. C’est tout simplement appeler, dans l’intérêt de toutes et de tous, dans l’intérêt de la gauche elle-même, à la vigilance, à l’expression la plus large de toutes les forces progressistes et à l’autonomie du mouvement social pour réussir. C’est d’autant plus vrai que nous ne sommes plus ni en 1981, ni en 1984, ni en 1988, ni en 1997. La situation est bien plus grave et préoccupante. Elle ne peut conduire à appliquer une austérité de gauche après les législatives, au nom de l’ampleur des déficits. On sait déjà ce que provoque un tel choix sans issue appliqué à nos voisins grecs, espagnols, italiens ou portugais. La gravité et l’ampleur de la crise appellent aujourd’hui  à inventer une culture qui associe au sérieux de la gestion des ruptures permettant la transformation sociale et écologique. C’est parce qu’il s’agit d’une crise globale, inédite du capitalisme contemporain qu’il est indispensable que la gauche se parle, débatte dans sa pluralité et diversité afin qu’émerge un nouveau projet économique, social, culturel, environnemental. Cela se fait pour une part importante au Parlement. Nos concitoyens doivent en avoir conscience au moment d’aller voter le 10 juin prochain.

Un Front de Gauche fort au Parlement, c’est toute la gauche qui est qualitativement plus à même de réussir. Les problèmes à résoudre sont immenses. Les forces de la réaction, des grandes puissances financières, soutenues par les institutions européennes sont arc-boutées contre le changement. Les affronter avec l’ambition de sortir de la crise, de tourner le dos à l’austérité et au chômage invite à renforcer le flanc gauche de la gauche, pour rendre plus efficace encore l’expression des quatre millions de voix qui se sont portées sur le nom de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle. L’humain d’abord, le refus de la financiarisation de la société, une nouvelle répartition des richesses et l’engagement d’un processus pour les produire autrement seront défendus par un groupe Front de gauche le plus important possible. Il sera la meilleure caisse de résonnance dans l’hémicycle de ce qui monte parmi les populations, en France et sur tout le Continent, contre l’austérité et pour réorienter radicalement la construction européenne. Le meilleur interprète de toutes les actions sociales, syndicales, citoyennes, qui se développent en Europe, des votes, comme en Grèce, en faveur de  forces progressistes, au premier rang desquelles Syriza.

L’une des manifestations les plus importantes de ce refus de l’austérité sera le rejet du pacte budgétaire, le traité Sarkozy-Merkel et la mise en débat d’un nouveau projet de développement humain, social et écologique.

Un Front de Gauche renforcé au Parlement c’est l’assurance de nouvelles avancées démocratiques en créant de nouvelles conditions pour que chacune et chacun se sente respecté, écouté et puisse participer aux décisions qui le concerne.

Répondre aux urgences sociales démocratiques, c’est la condition pour faire reculer durablement l’extrême-droite et du même coup une droite de plus en plus extrême qui a reprises les idées lepénistes.

La campagne des élections législatives est donc très importante pour la vie quotidienne et pour créer les conditions de la réussite du changement à gauche.

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