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Nous avions connu le « référendum » bafoué en 2005, avec M. Sarkozy sans plus de considération pour le vote majoritaire de nos concitoyens contre le traité constitutionnel européen qu’il n’en a pour un paillasson !
Voici le « référendum » interdit au peuple grec. Interdit par le même M. Sarkozy, dans le sillage de Mme Merkel, couple bien loin de la parité, fabriqué par la classe des élites européennes. Ces deux là ne sont en fait que les petits valets de l’oligarchie capitaliste qui enfonce et enfonce toujours plus les peuples et l’Union européenne dans la crise. Ils se sont constitués en directoire franco-allemand de l’Europe, méprisant à ce point le Premier ministre grec qu’ils se permirent de le convoquer comme un vulgaire laquais afin de lui intimer l’ordre de ne pas consulter ses concitoyens, au beau milieu de la réunion internationale du G20, qui, une nouvelle fois, n’a débattu ni du sort des chômeurs, des précaires, des pauvres et des nouvelles couches qui descendent un à un les barreaux de l’échelle sociale. Ce même duo, allié au Fonds monétaire international, a méprisé tout autant le peuple italien en le plaçant sous surveillance, dépêchant là-bas aussi des wagons d’experts -ceux-là même qui nous ont plongé dans l’actuel bourbier- pour décider des orientations économiques et budgétaires de l’Italie en lieu et place des Italiens. Et à peine rentré des Conseils européens et du G20, le duo Sarkozy-Fillon impose une nouvelle purge sociale contre les familles populaires après avoir servi, depuis le début du quinquennat, les plus fortunés et les puissances d’argent. Pour y parvenir, tous les moyens leur sont bons. N’a-t-on pas vu le premier Ministre comparer la France, qui n’a jamais produit autant de richesses, au champ de ruines laissé par la dernière guerre ?
Décidément, il apparait de plus en plus clair que ces mots répétés depuis quelques temps dans les cénacles européens de « gouvernance de l’Europe » sont à l’opposé de toute forme de démocratie. Tout ce qui permettrait aux peuples de faire irruption sur la scène européenne se voit opposer un refus net et violent. Les dirigeants européens ne se cachent même plus. Ils l’écrivent noir sur blanc dans le « Pacte Euro plus » et la conclusion de la réunion du Conseil européen du 26 octobre dernier. C’est limpide ! Lisons : « La Commission et le Conseil auront la possibilité d’examiner les projets de budgets nationaux et de rendre un avis sur ces projets avant leur adoption par le Parlement national concerné. En outre, la Commission assurera le suivi de l’exécution du budget et, si nécessaire, proposera des modifications en cours d’exercice ». Ainsi, une structure non élue décidera avant et à la place des parlementaires du budget national. Cette même structure « assurera le suivi de l’exécution de ce budget » et pour finir ceci : « En cas de dérapage d’un programme d’ajustement, une coordination et un suivi plus étroit de la mise en œuvre du programme seront assurés » (chapitre 27 – a de l’accord du 26 octobre).
Quel démocrate, quel progressiste, quelle femme ou quel homme de gauche peut accepter ce déchiquetage intégral de la souveraineté populaire et de la souveraineté des Nations ? En fait, s’instaure un diktat supranational sur la vie des gens, exercé par une instance non élue. Remarquons d’ailleurs que les rectifications budgétaires demandées sont toujours la réduction des droits sociaux, des salaires, de l’emploi, des services publics. Jamais dans le cas de la Grèce il n’a été question du rapatriement des 200 milliards d’évasion fiscale, d’imposition des gros armateurs ou d’arrêt de l’achat d’armement… à l’Allemagne ou à la France. Oui, il s’agit bien d’une Europe toute entière au service du capital. Une Europe antidémocratique et antisociale.
Ajoutons cette nouvelle donnée inquiétante. Depuis les débats sur l’acte unique européen, puis plus encore au moment de l’adoption du traité de Maastricht, la droite comme la majorité du Parti socialiste et des écologistes ont défendu ces textes au nom du projet européen, de l’idée européenne, de la paix, de la solidarité et de la mise en commun. Autant de visées que nous partagions, tout en combattant ces traités car nous pensions que leur esprit et leur lettre allaient à l’opposé des objectifs proclamés.
Nous ne savions pas que les choses iraient si vite et prendraient une telle ampleur dramatique.
Non seulement les orientations de ces bibles euro-libérales enfoncent les peuples dans une crise dont on ne voit ni la fin, ni même toutes ses conséquences. Non seulement elles ont donné tout le pouvoir aux institutions financières, aux puissances d’argent, aux marchés financiers dont les chefs d’Etat font semblant de se plaindre chaque matin. Mais la solidarité interne entre Nations en Europe, l’entraide, la construction commune, la vision commune de l’avenir est totalement absente. Pire, voilà qu’on déclame sur tous les tons, dans tous les médias, qu’il existe une Europe divisée entre une Union européenne des 27 Etats membres, au sein de laquelle il y a une Europe de la zone Euro de dix-sept pays et au sein de celle-ci, quinze Etats sont placés sous le commandement d’un axe « franco-allemand », lequel est dominé par l’idée du retour à une grande Allemagne, imposant ses vues à chaque réunion du Conseil. Une nouvelle étape vient d’être franchie avec la participation du Président des États-Unis en personne à une réunion du Conseil européen à Cannes. Quelle est loin l’idée d’une Europe protectrice face aux prétentions des USA! Dans le monde qui se métamorphose sous nos yeux, il ne faut pas exclure que les dirigeants nord-américains souhaitent désormais l’explosion de tout projet européen et de l’Euro pour asseoir sur le monde une domination d’un type nouveau.
M. Sarkozy voudrait faire croire qu’il est à la baguette. Tantôt, il s’affiche avec la chancelière Mme Merkel, tantôt avec le Président Obama, pour les besoins de sa tentative de réélection dans quelques mois. En vérité, Mme Merkel ne cesse de réaffirmer son comportement : « Je suis tenue par mes fonctions d’éviter les dommages au peuple allemand, de faire ce qui est bon pour le peuple allemand ». Ce dernier souffre aussi. Il faut donc entendre le modèle capitaliste allemand. Nous sommes donc entrés dans une nouvelle période ou se répand en Europe un vent mauvais. Ce sont des rapports de domination qui priment. Ils sont la manifestation des contradictions au sein des forces du capital en crise dans l’espace européen et au-delà. Qui peut croire que le destin commun aux Nations et aux peuples européens se résume à la valeur de l’Euro et au contrôle des budgets nationaux ? Qui peut croire que le bien être collectif soit du ressort des rapaces des marchés financiers ?
Le thème du « fédéralisme » qui est désormais poussé dans le débat par les élites européennes, cache un recul démocratique inconnu depuis la seconde guerre mondiale, mais surtout la résurgence d’un impérium allemand sur le continent, dans une crise dont la gravité ne peut être comparée à aucune autre.
Quels visages de l’Europe se dessinent en suivant la proposition de l’UMP et de la droite allemande, la CDU qui veulent aboutir à un budget commun, des politiques partagées entre la France et l’Allemagne, laquelle Allemagne élargit sa zone d’influence sur son flanc est ? Pourquoi la France n’a-t-elle pas plus et mieux travaillé avec les pays du sud de l’Europe ? Ceux qui sont aujourd’hui les plus en difficultés avec les pays d’Afrique, ceux du Maghreb et du Mashreq en ébullition ?
Dans ces conditions se pose aux peuples dans leur diversité de culture, d’histoire, de cheminement politique, la grande question de reprendre ensemble le pouvoir sur l’oligarchie. De retrouver les chemins de leur souveraineté, de la maîtrise de leur destin- qui inévitablement comportera une part de mise en commun librement choisie- contre les embryons du système autoritaire qui se développent. En ce sens le référendum en Grèce aurait eu l’avantage de permettre un nouveau débat bien au delà des frontières de ce seul pays. L’Union européenne entre dans une crise politique grave. Celle-ci, avec la crise sociale, ne peut se résoudre par des alternances tranquilles. Le retour de la droite au pouvoir en Grèce ou en Espagne ne constituera qu’un levier au service des marchés financiers. Mais le succès de la gauche en France, puis en Allemagne, ne peut pas se faire sur la base d’une acceptation plus ou moins grande des diktats des marchés financiers et d’une austérité plus ou moins acceptable. L’austérité, même de gauche, est inacceptable parce qu’elle est injuste et inefficace pour aujourd’hui et pour demain. Voilà qui fait revenir sur le devant de la scène, comme un boomerang violent, la nature de cette construction européenne ultralibérale, sur la base des traités de Maastricht et de Lisbonne, maintenant en crise profonde. Le grand débat des années 2004- 2005, débouchant sur le NON au référendum est donc très actuel. Il faut le reprendre avec le recul de cette terrible expérience. Avec le recul de ce qui a été dit à l’époque par les uns et par les autres.
Rien ne sert de se plaindre de la rapacité des marchés financiers quand on leur a donné le pouvoir, tout le pouvoir, par des décisions nationales et par les traités européens.
Rien ne sert de discourir sur les délocalisations et le recul du travail quand on a promu la « concurrence » et la fameuse « compétitivité » qui n’est que la tenaille enserrant dans ses mâchoires les ouvriers et tous les travailleurs.
Rien ne sert de pleurer sur la concurrence internationale qui écrase notre industrie et notre agriculture, quand on a voté « un marché ouvert où la concurrence est libre ».
Rien ne sert de geindre sur le haut niveau du service de la dette si on refuse de nationaliser les banques, de poser la question devenue principale du rôle de la Banque centrale européenne et de l’utilisation du crédit sélectif pour le développement humain, en opposition avec les marchés financiers.
Voilà les grandes questions qui ont à voir avec la possibilité et les moyens d’une politique de changement favorable aux familles populaires, à leur pouvoir d’achat, leur emploi, leur logement, leur école et leurs services publics. Elles sont posées à tous les citoyens de gauche, de l’écologie politique et au-delà dans leur diversité. Leur mise en débat publique au sein de toute la gauche, avec nos concitoyens, partout dans le pays est la question de l’heure.
Les formations du Front de Gauche qui, pour une part, sont issues de ce débat de 2005, ont la responsabilité politique d’y contribuer de toute leur énergie. La main ouverte à toute citoyenne, tout citoyen voulant chasser Sarkozy, empêcher la dangereuse montée de l’extrême droite et faire gagner une gauche ne se résignant pas à être ligotée par les forces de l’argent, mais se tournant résolument et hardiment vers la promotion de l’intérêt général. Comme à d’autres périodes charnières de notre histoire, la responsabilité est immense. Elle est celle de toute la gauche.
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Merci Patrick,
L’avenir est bien sombre, pourvu que les hommes aient la force et la volonté de s’entraider, plutôt que de se massacrer. Ce sera une des conditions, peut-être même la seule condition, de survivre à ce désastre.
« M.Papadémos ne s’est jamais mêlé de politique » est-il dit.Il s’est au moins mêlé de politique économique puisqu’il a présidé la banque centrale de Grèce.Cette même politique qui a provoqué la dépression économique dans laquelle se trouve actuellement plongé ce pays.Il entend être l’homme de la rigueur après avoir collaboré au maquillage des comptes publics de SON pays.L’accession au pouvoir suprême d’un tel personnage en dit long sur la décomposition de la démocratie en Grèce.Jadis,dans la Grèce antique une procédure,assez courante,pouvait être mise en œuvre si les comptes publics étaient mauvais :cela s’appelait la « reddition de comptes ».Quant aux dirigeants politiques qui étaient convaincus de fraude ou de malversation les peines qu’ils encouraient étaient très dures.Mais l’Antiquité est une période fort lointaine me rétorquera-t-on.On peut néanmoins mesurer le chemin parcouru !La nomination de ce personnage est,dans tous les cas,un très mauvais signal politique envoyé au peuple grec et probablement aussi aux Européens qui ne peuvent pas ne pas se sentir concernés par la faillite du pays où fut inventée et organisée la première démocratie représentative de l’histoire de l’humanité.