Disparition de Jorge Semprun

le 8 juin 2011

En nous quittant hier, Jorge Semprun emporte avec lui la part vivante  d’une époque qu’il avait contribué à façonner. Sans cesse, il a combattu les horreurs et tenté de faire vivre de grands espoirs ; sans cesse il a agi pour faire reculer toutes les guerres et que progressent  les splendides combats pour la liberté ; sans cesse, il aura tout fait pour que reculent les crimes de masse et triomphent les résistances qu’il ne sépara jamais  de la promotion  de la culture et de ses chefs d’œuvre. La douceur des paroles de Jorge Semprun, ses mots travaillés, couchés dans tant de beaux livres et de forts textes, en faisait un être extrêmement attachant. Il était si beau, paraissait si fragile et si fort à la fois, si complet aussi tant on ne pouvait distinguer l’une de ses activités de l’autre.

Il était Résistant, homme d’état, écrivain, philosophe, ou encore scénariste. Il était un immense intellectuel, acteur de son siècle qui portait toujours la révolte contre l’injustice et l’aspiration, le pressentiment d’un monde meilleur à venir. Un homme politique aussi, durement maltraité par le parti qui fut un temps le sien, le PCE.

J’aurais du mal à dire d’où est venu l’engagement de Jorge Semprun. Mais, il forçait mon admiration. Bien sûr le coup d’Etat de Franco, la guerre d’Espagne et la défaite de la République, et puis bien sûr le terrible séjour à Buchenwald forgeront son caractère combatif. Mais l’humanisme, l’attachement farouche à la liberté, à la démocratie, à l’égalité  et à la justice avaient chez lui un caractère déroutant d’évidence, sensible dans toute son œuvre.

Jorge Semprun  écrivait en français tout en ayant été ministre de la Culture d’Espagne. Il était tout à la fois attaché à son pays d’origine et ouvert sur le monde. Il croyait à la belle idée européenne, celle de la solidarité entre les peuples, celle du mélange des cultures. Il la souhaitait, évidemment pas celle des sombres jours d’aujourd’hui. Son projet mélangeait l’humanisme et les mises en commun des peuples européens. Il était un homme de respect. Chacun, quelles que soient ses opinions, le lui rendait.

Nous sommes très tristes. Pour la liberté, pour la culture, pour sa compagnie, nous le remercions tendrement.

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0 commentaires


yvonne.goupil@ornge.fr 8 juin 2011 à 19 h 58 min

Navrée , navrée de cette grande perte .
Encore plus navrée d’avoir ignorer son existence ….!
Comment , et ou le mieux connaître ?

volodia 8 juin 2011 à 22 h 04 min

Il nous a laissé de magnifiques livres, politiques poétiques. Vous pouvez les acheter aux éditions l’encyclopédie des nuisances, une maison d’édition très particulière.
Bonne lecture pour se souvenir, et faire revivre cette conscience.

surmely alain 9 juin 2011 à 17 h 25 min

Bel hommage rendu à cet homme pour lequel nombre d’entre nous avait de l’admiration.Cette admiration fait sans doute écho à tout ce que cet homme charriait avec lui de combats,de luttes,de résistances,d’efforts,d’espérances,de victoires lumineuses pour un monde et une Europe de justice et de paix.Jorge Semprun fut de ceux qui embrassèrent passionnément le XXè siècle et contribuèrent à la construction d’une Europe démocratique.C’est pour cela que nous lui devons tant.Jose Luis Zapatero a dit avec force le grand Européen que fut Semprun.Son témoignage continuera longtemps a éclairer notre chemin.L’humanisme fut bien le trait distinctif de l’action de Jorge Semprun.Gageons que l’humanisme continue à inspirer et éclairer l’Europe,et par là-même le monde de demain.

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