- Views 762
- Likes 0
Maintes fois ici nous avons souligné, dénoncé les souffrances des producteurs de lait, victimes d’une baisse des prix de leur production, alors que les coûts de production des équipements, des mises « aux normes bruxelloises » n’ont cessé de peser contre eux.
Ce lait, acheté à la ferme à prix de braderie, servait durant ce temps à quelques grands industriels, liés à la finance et aux banques, à amasser un formidable pactole pour une guerre économique sans merci.
Ainsi, pour l’année 2010, les deux premiers groupes français Danone et Lactalis affichaient respectivement un chiffre d’affaires de 17 milliards et de 9,4 milliards d’euros. Cette guerre qui se mène loin de nos villages, dans les hautes sphères de quelques conseils d’administration des institutions européennes et des cabinets ministériels, avec des conséquences redoutables pour nos campagnes.
Lactalis achète le tiers du Capital de l’italien Parmalat. Le géant nord-américain Général Mills, se paie Yoplait, sous la houlette de MM. Berlusconi et Sarkozy dans une sorte de marchandage où M. Sarkozy lâche Lactalis pour permettre au Président italien de proposer le gouverneur de la Banque centrale européenne. Voilà comment va le monde ! Lactalis n’avait pas d’argent pour augmenter le prix du lait à la production, mais a trouvé 3,3 milliards d’euros pour acheter Parmalat. Ces Monopolys industriels se font, non pas parce que le lait n’est pas rentable. Au contraire, c’est parce que le besoin en lait dans le monde va considérablement augmenter et qu’il permet de dégager des profits que tout ceci se passe. Le marché mondial du yaourt va considérablement augmenter clament en chœur ces grands patrons. Cela se fait au détriment des producteurs laitiers et des salariés de l’industrie agroalimentaire.
Dès lors que Yoplait, par exemple, passe sous le contrôle du Général Mills, basé au Minnesota aux États-Unis, déjà propriétaire de cent marques, cela éloignera encore plus les centres de décisions des territoires. Le lait qui est l’un des aliments les plus riches, les plus complets, ne sera, pour ces firmes, qu’une vulgaire marchandise à vendre dans les bourses des marchés internationaux. Il en est ainsi parce que la finance considère que l’on peut gagner beaucoup d’argent avec le lait et le yaourt, sans le payer à son juste prix aux producteurs et en compressant l’emploi dans les usines de transformation. Le Conseil économique et social a calculé que les marges dégagées à partir des produits laitiers pour les industriels et les distributeurs, atteignent 40% ». C’est considérable !
C’est à l’aune de ces stratégies industrielles et financières que l’on comprend encore mieux la suppression de la régulation de la production en Europe, avec le système des quotas laitiers. Ceci permettra de mettre les producteurs encore plus dans une concurrence acharnée permanente qui élimine sans cesse les petits et moyens producteurs pour aller vers des exploitations laitières de type industriel avec des troupeaux enfermés dans des enclos, nourris pour partie à partir de protéines importées. Ce type de concentration réduirait les coûts de ramassage pour ces magnats de la finance. Mais cela détruira encore plus d’emplois, déchirera encore plus le territoire, aggravera les problèmes environnementaux.
Il est possible d’empêcher ce scénario, par l’alerte, par la mobilisation ! Au lieu de l’individualisme auquel poussent les pouvoirs et les industriels laitiers, il serait utile de se battre avec plus de force pour un office européen du lait, avec un système de rémunération qui garantisse un prix de base à chaque travailleur-paysan pour une quantité donnée de production, à déterminer selon les pays européens. Au-delà de cette quantité, les prix pourraient être liés au marché. La proposition dite de «contractualisation » proposée par le gouvernement et l’autorité européenne est totalement faussée. C’en est révoltant !
L’industrie laitière et celle de la distribution se concentrent au point que quelques firmes vont être maîtresses du « marché du lait ». Mais, la Commission de Bruxelles interdit aux producteurs de se regrouper tous ensemble dans des organisations nationales ou européennes, au-delà d’un certain volume de production, sous couvert de l’obligation de « concurrence ». Ce qui vaut pour les grandes industries n’est pas valable pour les travailleurs de la terre. Voilà encore une manifestation de cette Union européenne contre les travailleurs. Il faut la changer, de la ferme à Bruxelles.
.
0 commentaires
“Concurrence”, nous n’entendons plus que ce mot, à tel point que je ne le supporte plus ; ce mot est à bannir des dictionnaires, à bannir du langage, à nous sortir de la tête.
Refusons la concurrence de l’homme par l’homme, la concurrence entre les hommes. Ne nous laissons plus gouverner par ces grands groupes, fermons les bourses comme le dit Frédéric Lordon.
J’ai beau bannir la presque totalité des marques, je suis consciente que les marques magasins arrivent de ces mêmes monopoles ; c’est pour cela que je préfère me priver sur d’autres choses, et acheter local, de saison et bio.
Malheureusement, tout le monde ne le peut pas, et beaucoup ne le veulent pas.
On ne tue jamais la main qui nous nourrie, et c’est le monde agricole (paysans, éleveurs) qui est cette main.