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Une donnée nette, incontestable, émerge du scrutin des cantonales : le Président de la République et son parti l’UMP subissent un désaveu massif, rarement connu dans de telles proportions par un parti au pouvoir.
Ses choix sont sanctionnés sur tous les terrains. D’abord ses grandes promesses sur la revalorisation du travail, la croissance, la « moralisation » du capitalisme, sur l’Europe protectrice ou encore la sécurité, sont autant d’engagements non tenus, de tromperies que les couches populaires ne lui pardonnent pas, elles dont la vie ne cesse de se dégrader. Déjà sanctionné aux élections régionales, Nicolas Sarkozy a tenté de déplacer le débat en reprenant les idées, les mots, les propositions de l’extrême-droite. De l’insécurité au fumeux concept d’identité nationale, de l’immigration, assimilée à la délinquance, voire même à une invasion, ou en stigmatisant une religion tout en accordant à une autre un statut quasi officiel, le ci-devant chanoine de Latran, pèlerin au Puy-en- Velay, a bafoué les valeurs de notre République laïque
Celle d’égalité a été foulée aux pieds dans la fréquentation ostentatoire des milieux d’affaire en France et à l’étranger, alors que seize millions de personnes ont du mal à boucler les fins de mois et que six millions vivent avec mois de 750 euros par mois. Mécontentement, indignation et parfois colère se sont ainsi exprimés pour une part dans l’abstention et pour une autre part dans l’inquiétant vote pour l’extrême-droite de la famille Le Pen.
Entre les deux tours des élections cantonales, une nouvelle inflexion, lourde de menaces pour l’avenir a été donnée. Alors que le Général de Gaulle avait dressé un mur étanche entre la droite et l’extrême-droite, pour la première fois la ligne jaune a été franchie. En renvoyant les candidats de gauche et d’extrême-droite dos à dos, M.Sarkozy, son équipe et avec eux de nombreux commentateurs ont laissé entendre que le parti d’extrême-droite était devenu un parti comme les autres, avec une dirigeante se faisant “avenante”. Que d’efforts déployés pour masquer qu’elle est l’héritière fidèle d’une tradition construite dans le refus de la République ! Ses pairs ont choisi en 1940 la défaite avec une partie des élites de la bourgeoisie française. Antisémite en 1930, de la même manière, elle rejette aujourd’hui les musulmans. Eux étaient colonialistes, elle fait de l’étranger un bouc émissaire privilégié. Comme Hitler à la fin des années 1930, elle prospère sur la crise et s’accapare les urgences sociales pour tromper un électorat qui n’en peut plus des violences du capitalisme et de l’incapacité des institutions et de la politique, telles qu’elles sont, à résoudre ses difficultés.
Notre pays vit donc une crise démocratique et politique extrêmement grave sur fond de crise économique, sociale, écologique, culturelle, morale. Depuis des années, une partie de la droite extrême et souverainiste s’est acharnée à brouiller les repères, à effacer les leviers d’actions nécessaires au peuple pour poursuivre dans le sens du progressisme à la française.
En créant ouvertement les conditions de passerelles entre cette droite qui s’extrémise et l’extrémisme de droite, M. Sarkozy tente de préparer une nouvelle recomposition politique au service des classes possédantes et dirigeantes. Dans l’immédiat, la force de la défiance à l’égard du Président de la République, personnage central du système institutionnel de la cinquième République, y compris dans son propre camp, est la manifestation de l’échec des choix faits depuis 2007. Mais, au delà, nous pourrions rentrer dans une crise politique inédite à un an de l’élection présidentielle. Cela appelle la gauche, l’écologie politique, les progressistes à la réflexion et à la responsabilité. De ce côté là, les résultats sont bons mais doivent être relativisés par le haut niveau d’abstention. Ils sont tirés essentiellement par les progrès du Front de Gauche et d’Europe Écologie – les Verts. Quant au Parti socialiste, il demeure plutôt stable en comparaison des élections du même type de 2004.
Il n’y a pas de désir pour une gauche en demi-teinte, s’accommodant des règles du capitalisme financier et du libre-échangisme intégral de l’actuelle Union européenne. Beaucoup de nos concitoyens considèrent que son arrivée au pouvoir changerait peu de chose pour leur emploi, leur pouvoir d’achat, leur retraite ou l’avenir de leurs enfants. Ils pensent tout autant que pour se débarrasser de Nicolas Sarkozy, ils n’ont guère d’autre choix possible. Comment se débarrasser de lui, de sa politique et proposer d’autres choix, simples, concrets, neufs pour résoudre la crise sociale, démocratique, écologique ? Tel est l’immense chantier créateur d’espoir qui s’ouvre aux forces progressistes. Réussir appelle des choix nationaux de répartition nouvelle des richesses en faveur du travail, mais aussi pour une autre manière de les produire, la défense et l’élargissement des secteurs publics, d’audacieuses politiques industrielles et agricoles sortant de la prétendue modernité du « libre échange intégral » qui détruit le travail, fissure les territoires et met en péril les équilibres écologiques. Cela suppose d’ avoir le courage de s’attaquer aux fondements de l’Europe capitaliste du traité de Lisbonne pour changer le rôle de l’Euro, de la Banque centrale européenne, et pour aller vers une Europe du partage et de la coopération. Des convergences sur des propositions inédites pourraient voir le jour dans un combat unitaire contre ce qui est baptisé « pacte pour l’Euro plus ». Qui ne mesure quelle pourrait être la contribution du Front de Gauche à la réussite d’une telle entreprise rassembleuse ? Cela fait la troisième fois qu’il fait la preuve d’une certaine efficacité électorale, au bénéfice de toute la gauche, en offrant des choix neufs, transformateurs à nos concitoyens. Qui ne voit, en même temps, ce qui reste à accomplir pour que se concrétise une dynamique de la réussite et de la victoire ? Cela suppose de faire du Front de Gauche, de son élargissement, l’outil politique unitaire libre d’accès à la multitude de celles et ceux qui, à gauche, refusent les scénarios du pire qui se profilent si on laissait faire.
C’est ce travail, au cœur même du salariat, du précariat et des privés d’emplois, des forces de la création et de la culture, en s’appuyant en permanence sur une implantation et une implication populaire qui peut ouvrir des chemins inédits, contestant les dogmes capitalistes et des voies sociales-libérales sans issue. Tel est le grand enjeu !
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Merci camarade Le Hyaric pour ces scoops.
Si on ne vous avait pas, on se demanderait que faire.
Pauvre humanité. Pauvre Humanité.