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Le vendredi 11 Mars, le Conseil européen a adopté ce qu’il appelle « un pacte pour l’Euro ». Les mots ont un sens. Il n’a pas décidé d’un pacte social et écologique. Son intitulé exact est : « un pacte pour l’Euro », « coordination renforcée des politiques économiques pour la compétitivité et la convergence ». Cette réunion du Conseil européen marque un nouveau tournant très grave, très inquiétant de l’Union européenne. Il s’agit d’un pas de plus vers une Europe fédérale, à direction autoritaire et encore plus ultralibérale. Ce pacte va au-delà du traité de Lisbonne. Décision est prise d’imposer des politiques économiques et sociales très dures aux pays, aux salariés, aux citoyens.
La déclaration finale marque nettement que les programmes d’austérité appliqués aux peuples européens et les remèdes de cheval imposés à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal maintenant se font « sous les auspices du FMI et de l’UE ». Ces derniers ne sont rien d’autre que des plans d’ajustement structurels tels que ceux appliqués aux pays en voie de développement : « L’assistance financière sera subordonnée à une stricte conditionnalité dans le cadre d’un programme d’ajustement macroéconomique », proclame le texte.
Ainsi la Grèce – lisez bien – est invitée à : « mener à bien entièrement et rapidement le programme de privatisations et de valorisation des patrimoines fonciers de 50 milliards d’euros ». La méthode est donc bien celle du Fonds Monétaire International.
● L’autoritarisme au service des marchés financiers
En permanence est rappelée dans le texte la nécessité pour chaque État, et chaque année, voire tous les six mois, de rendre compte à l’autorité supranationale, c’est-à-dire à la Commission et au Conseil européen.
Ainsi, le texte fourmille d’injonctions pour chaque État : faire part de ses « engagements nationaux concrets », « la mise en œuvre des engagements et les progrès accomplis… feront l’objet d’un suivi annuel ». Ou encore : « Chaque État membre participant présentera les mesures particulières qu’il prendra ». Le surveillant en chef est la Commission de Bruxelles. « La commission tiendra un rôle central important dans la suivi de la mise en œuvre des engagements ». Elle qui ne détient aucun pouvoir des peuples, s’érige, avec le Conseil européen, en maître absolu pour imposer du sang et des larmes à celles et ceux qui souffrent déjà de cette Europe des marchands et de l’argent. L’ordre est d’aller plus loin dans l’austérité, la précarité du travail, la mise en concurrence des travailleurs pour une monnaie unique, l’Euro, utile à la rentabilisation des capitaux et aux marchés financiers.
C’est écrit noir sur blanc : « Il impliquera un effort particulier allant au-delà de ce qui existe déjà et comprendra des engagements concrets et des actions plus ambitieuses que celles qui ont déjà été approuvées ainsi qu’un calendrier de mise en œuvre. Ces nouveaux engagements seront ensuite intégrés aux programmes nationaux de réforme et de stabilité et relèveront du cadre de surveillance régulier ».
● Baisser les salaires
Le mot « compétitivité » veut bien dire une mise en compétition des salariés entre eux, une mise en concurrence ouverte, brutale. Ceux des pays européens entre eux. Mais aussi avec les salariés du monde entier derrière ce qui est appelé « principaux partenaires commerciaux ». La décision est prise et annoncée ouvertement de laminer les salaires. Lisons : « Les progrès seront évalués sur la base de l’évolution des salaires et de la productivité ainsi que des besoins d’ajustement en matière de compétitivité. Afin de déterminer si les salaires évoluent en accord avec la productivité, le coût unitaire de la main d’œuvre (CUM) fera l’objet d’un suivi sur une période déterminée par comparaison avec l’évolution dans d’autres pays de la zone euro et chez les principaux partenaires commerciaux comparables ».
Ainsi la pression à la baisse sur les rémunérations du travail se fera à l’intérieur de l’Union européenne vers le moins-disant social, mais aussi dans la compétition avec les salariés du Brésil, de la Chine ou de la Corée du Sud.
Le texte est explicite : « Les augmentations significatives et durables pourraient provoquer une érosion de la compétitivité ». Autrement dit, comme nous le révélions dans la première mouture du « pacte de compétitivité », il est demandé ouvertement d’abaisser les salaires. Le rouleau compresseur européen s’immisce dans les négociations sociales. Il prescrit de « réexaminer les dispositifs de fixation des salaires et, le cas échéant, le degré de centralisation du processus de négociation » et de « veiller à ce que les accords salariaux dans le secteur public viennent soutenir les efforts de compétitivité consentis dans le secteur privé ». Il demande aux gouvernements de peser sur les salaires du public pour aider le privé à extorquer plus de valeur issue du travail, « en gardant à l’esprit que l’évolution des salaires dans le secteur public constitue un signal important ». Il est donc demandé aux gouvernements de presser les salaires dans le public. Du même coup, cela peut abaisser « le coût unitaire de la main d’œuvre » pour le patronat, afin de lui permettre de relever encore ses taux de profits.
● Détruire l’idée d’emploi sécurisé et les systèmes de retraites publics
Les métiers et secteurs aujourd’hui protégés comme les pharmacies, les taxis, les notaires, les vétérinaires, les coiffeurs, les architectes, etc, seront ouverts à la concurrence, et les commerces seront ouverts les dimanches et jours fériés. La précarité, la flexi-sécurité du travail deviennent la norme de l’emploi. La fiscalité pesant sur le travail sera abaissée. Le recul de l’âge de la retraite est acté (même si la référence aux 67 ans a disparu). Pour justifier son combat pour abaisser encore le taux des cotisations chômage et retraites, Mme Parisot, s’est bruyamment revendiquée le 15 mars dernier de ce pacte antisocial : « Le pacte pour l’Euro stipule noir sur blanc que les régimes de retraites doivent évoluer en fonction de l’évolution démographique et de l’espérance de vie » s’est-elle écriée. Par contre, il est demandé de renforcer le secteur financier « un secteur financier fort est essentiel pour la stabilité générale de la zone Euro ». L’impôt sur les sociétés serait harmonisé vers le bas. Le taux d’imposition sur les sociétés est de 34% en France, de 29,8% en Allemagne. Le taux moyen européen est de 25,7%. Dans ce langage européen, cela veut dire qu’on va diminuer la fiscalité sur les sociétés en France et en Allemagne. La commission est en train de rédiger une proposition législative à cet effet.
● Les régions mises en concurrence entre elles
Les pays déjà en difficulté, ou en retard de développement, se voient réserver un sort particulier où, dans le cadre de la « compétitivité », il leur est demandé d’y favoriser la « productivité », « afin de faire en sorte que la croissance soit équilibrée et bien répartie dans toute la zone Euro, des instruments spécifiques et des initiatives communes seront envisagées pour favoriser la productivité dans les régions en retard de développement ».
Ainsi dans ces pays on abaisserait encore plus les salaires, les droits sociaux, comme on le voit en Irlande et en Grèce pour monter sans cesse la rentabilité des capitaux. C’est donc un système diabolique qui serait en place où chacun serait mis en compétition avec plus petit que lui. Celui-ci étant lui-même dans l’obligation permanente de travailler toujours plus dur. C’est l’Europe du noyau dur et de la périphérie que certains auraient déjà théorisée.
● Sarkozy prend les devants
D’un côté, le gouvernement Sarkozy comme la commission culpabilisent les citoyens avec les déficits publics (que nous léguerons à nos enfants, paraît-il). De l’autre, l’alignement sur la fiscalité allemande conduit à abaisser l’impôt sur les grandes fortunes (ISF) déjà de 2 milliards pour l’année à venir, puis de 4,5 milliards avec en plus une baisse de l’impôt sur les sociétés de 2 milliards.
« Le pacte pour l’Euro » porte bien son nom parce qu’il est un pacte avec et pour l’argent contre le social, contre le travail.
Le pouvoir sarkozyste a accéléré ces derniers jours les annonces : celle de modifier la Constitution, qui y inclurait l’interdiction des déficits publics ; la réduction de l’ISF et le débat depuis plusieurs semaines sur la fiscalité ; le recul de l’âge de la retraite à 67 ans ; le refus de toute augmentation de salaire ; un nouveau coup contre la sécurité sociale en utilisant le risque dépendance pour ouvrir un nouveau terrain de chasse aux assurances privées ; une inique contre-réforme des collectivités territoriales qui s’ajoute à la fameuse RGPP contre les services publics, pour présenter dès le conseil européen du 24 mars une première liste de son arsenal de guerre sociale contre les travailleurs, les retraités et les forces de la création. Il veut répondre ainsi au chapitre prochain de la déclaration : « Les États membres de la zone Euro s’engagent à traduire dans leur législation nationales les règles budgétaires de l’UE figurant dans le pacte de stabilité de la croissance. Les États membres conserveront le choix de l’instrument juridique à utiliser au niveau national mais veilleront à ce qu’il soit par nature suffisamment contraignant et durable (par exemple, la Constitution ou une législation cadre)». « La formulation exacte de la règle sera également arrêtée par chaque pays […] mais elle devrait garantir la discipline budgétaire tant au niveau national qu’aux niveaux inférieurs ».
Cette discipline est un corset budgétaire s’appliquant aux budgets de l’État, de la sécurité sociale, des caisses de retraite et aussi aux « niveaux inférieurs », c’est-à-dire aux régions, communes et départements.
Une nouvelle fois est ici revendiquée une application stricte des choix antisociaux par des instances supranationales en dehors des élus nationaux et locaux. La Commission européenne veut faire adopter d’ici le mois de juin six directives baptisées « gouvernance économique » pour mettre en musique ses funestes projets. Le Parlement européen et ses différentes commissions ont déjà commencé à y travailler. Mais les textes sont si durs, si opposés à l’intérêt général que les amendements proposés se traduisent toujours dans les commissions par des amendements dits « de compromis » qui ne modifient en rien le cadre général extrêmement néfaste.
● L’idée européenne en cause
Face à un tel rouleau compresseur qui va encore au-delà du traité de Lisbonne, les salariés, les jeunes, les créateurs, les retraités, les petits artisans, les commerçants, les paysans, dans leur diversité, doivent être alertés de toute urgence sur la nature de ce pacte, véritable plateforme conduisant à une dé-civilisation de l’argent. La lutte des classes anti-progressiste est en train de franchir un nouveau cap. La nature du rassemblement des salariés et de tous les travailleurs, de tous les pays de l’Union européenne doit changer jusqu’à se porter au niveau d’un mouvement de nature à contrer une offensive d’une extrême gravité. C’est une urgence ! C’est l’idée européenne au sens de la communauté européenne et de l’Europe elle-même qui est en cause désormais avec ces projets. Ceux-ci vont provoquer des tensions telles qu’elle peut exploser, alors que le besoin de projet coopératif européen, d’Europe solidaire, d’Europe de partage pour le progrès social, le développement humain, l’environnement, n’a jamais été aussi pressant.
● Une autre Europe est possible
Le rassemblement peut se faire sur un tout autre projet. Celui de l’Europe sociale avec le partage des richesses, la mise en place d’un salaire minima, de revenus minima et la promotion d’un projet commun de sécurisation des parcours professionnels et de la formation tout au long de la vie pour chacune et chacun. Une Europe solidaire avec le développement et le renouveau des services publics, l’aide aux pays en difficulté par un effort de rattrapage solidaire. Une Europe qui fasse vivre en actes les projets pour l’accès aux biens communs humains. Une Europe écologique avec le développement de la recherche, des industries, associant les populations et les salariés qui devraient disposer de nouveaux pouvoirs de gestion des orientations dans les entreprises. Une Europe qui relève les immenses nouveaux défis de diversification des ressources énergétiques et des modes de transports.
Une Europe de justice, avec une autre utilisation de l’argent, une transformation de la Banque centrale européenne, pour impulser un nouveau crédit du local au continent européen, le refinancement des dettes de certains États, l’utilisation de son pouvoir de création monétaire, la taxation des mouvements de capitaux intra-européens pour commencer, une taxation sur les sociétés et le capital pour financer un effort commun sans précédent pour la recherche, la formation, l’éducation.
Une Europe qui promeut le désarmement et la paix partout. Une Europe qui invente de nouveaux rapports avec les pays du Sud en plein bouleversement.
Ce ne sont que quelques esquisses d’un autre projet pour l’Europe des peuples, de la jeunesse et des travailleurs. Au pacte de l’argent nous opposons un pacte social et écologique.
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P
0 commentaires
Réquisitoire sans appel contre l’Europe actuelle mais comment construire une autre Europe,une Europe sociale et surtout avec qui ? pas avec les partis sociaux démocrates qui n’ont pas menés une autre politique quand ils ont été au pouvoir (13 pays sur 15 ont été dirigés par la sociale démocratie en même temps à un certain moment!).La solution c’est de retrouver notre indépendance pour construire l’autre Europe avec les peuples qui auraient eux aussi retrouvé leur souveraineté.
@ marat,
ben mon gars, tu oublies que 95% des médias et 90% des partis politiques étaient pour le traité constitutionnel en 2005.
je ne crois pas que le cordon sanitaire entre les révolutionnaires autoproclamés et les autres soit une perspective très productive. n’injurions pas l’avenir et ne confondons pas les petits arrangements entre apparatchiks avec la vraie vie.
le plan d’austérité de Socrates (PS) vient d’être rejeté par un parlement qui est loin d’être composé de bolcheviks : ça montre que quand le peuple s’exprime, nos souverains aux petits souliers ne font pas le poids. courage et merci à PLH pour ses éclairages et jetez un coup d’oeil sur la déclaration commune syndicale franco-allemande :
http://www.cgt.fr/Declaration-commune-syndicale.html
Tu ne réponds pas à la question : avec quelles forces sociales veux tu faire l’Europe Sociale ? quand à l’intervention des peuples faut il encore qu’on les laisse s’exprimer. il n’y a qu’a se rappeler de la manière qu’on a fait revoter les irlandais et de la façon qu’on a violé le résultat du referendum de 2005.Quand aux “souverains aux petits souliers” la position du PCF avec Georges Marchais était alors, la oui ,Révolutionnaires à savoir défendre la souveraineté du Peuple et de la Nation,il n’y a qu’a comparer ce qu’était l’influence du Parti alors et celle qu’elle est aujourd’hui. du reste seuls les partis qui ont conjugué la défense des intérêts sociaux du Peuple et l’indépendance Nationale ont tenu bon (Vietnam Cuba Chine..).C’est en gardant le drapeau Rouge et le drapeau Tricolore ainsi que les symboles communistes (la faucille et le marteau)que le PCF sortira de l’ornière dans laquelle l’aura précipité Robert Hue et que le PCF sera utile au peuple et à la nation
la Chine et le Vietnam sont devenus de bons élèves du capitalisme mondialisé. mais on s’éloigne du sujet, là : les forces sociales, elles y sont mais ne se reconnaissent plus dans Marchais et la faucille. en même temps, c’est pas un drame…
donc on reste attentifs à ce qui bouge en profondeur dans la société. soyons évolutionnaires!
à la question avec qui? tu réponds en négatif par “partis”. je pense que c’est réducteur. les partis ne sont que la traduction très imparfaite de la volonté populaire. il faut être plus ambitieux, trop de gens sont hors du jeu. je te réponds : éducation populaire, réseaux sociaux, engagement associatif, comités de quartiers, syndicalisme…
et puis les formes d’organisations dont nous avons hérités depuis 1920 ne sont pas immortelles
bien sûr, je n’ai, pas plus que toi, de réponse toute prête: je suis à l’écoute, je n’oublie pas le passé mais je n’en ai pas la nostalgie
Je suis écoeurée et je comprends mieux, chaque jour qui passe, mon NON à l’Europe.
Ce n’est plus un pays qui doit être bloqué par une grève nationale, mais tous les pays. Comment faire avec des personnes qui touchent à peine de quoi survivre dans ce monde de brutes ?
Bientôt il sera trop tard, les morts vont se compter par milliers, la machine infernale sera enclencher..
Je me retrouve à des années en arrière et je crie NON à l’EUROPE, j’avais déjà compris ce qu’elle serait et je ne me suis pas trompée. Une Europe dirigée par un membre du Bilderberg !!!
Vous me faites rire avec votre idée de “construire une autre Europe”, alors même que les français ne se déplacent même plus pour élire des conseillers généraux, ou tout simplement pour converser avec leur voisin, sympathiser avec d’autres personnes.
Les discours politiques sont devenus d’une telle niaiserie ou d’une telle absurdité kafkaïenne (ou kadhafïenne) qu’ils ne font plus sens dans l’esprit des citoyens. L’Europe a jeté le plus loin possible le bouchon de l’absurde technocratique qu’elle peut édicter des mesures régressives dans la plus totale indifférence des Européens. Européens dont le regard comme par hasard est fasciné et détourné par les médias sur des évènements naturels et artificiels qui s’enfilent comme des perles.
au-delà de ce constat d’amérique-âne-isation par la médiatisation, la pub et les gadgets, quelle idée de proposition? ….
– coupure publicitaire.com …
L’analyse sur le pacte pour l’Euro est correcte mais la conclusion est erronée. Cette Europe est entièrement construite au service du capitalisme, elle n’est pas pas réformable. Il faut en sortir au plus vite si l’on ne veut pas voir progresser de façon spectaculaire le Front National. D’ailleurs, il l’a parfaitement compris en attaquant les technocrates de Bruxelles. Quel parti de gauche en dehors du POI aura le courage de dire clairement qu’il faut sortir de cette Europe pour construire effectivement l’Europe dont parle PLH dans sa conclusion.
Dominique 16 / 06
Les droits de l’homme sont devenus d’une telle évidence et ont atteint à une telle universalité que même ceux, à qui les peuples les ont au prix d’innombrables, luttes, révoltes et révolutions arrachées s’en proclament aujourd’hui non seulement les défenseurs mais leurs propagateurs. C’est ainsi que depuis trente ans, ils en ont même fait leur cheval de bataille, propulsant au premier plan des médias — la liberté de la presse, cette autre conquête payée du sang des mouvements populaires — leurs « nouveaux philosophes », « nouveaux historiens », nouveaux hérauts taillant leurs plumes et embouchant leurs trompettes, volent au secours des droits de l’homme bafoués par les États barbares. Et cela au nom d’un droit nouveau : le droit d’ingérence démocratique ou humanitaire.
Fort à propos, Gérard Mordillat rappelait dans une chronique, une citation extraite d’un discours de Louis Antoine Saint-Just de 1791. « Il ne suffit point de décréter les Droits de l’Homme : il se pourra qu’un tyran s’élève et s’arme des mêmes droits contre le peuple : et celui des peuples qui sera le plus opprimé sera celui qui, par une tyrannie pleine de douceur, le serait au nom de ces droits. Sous une tyrannie aussi Sainte, ce peuple n’oserait plus rien sans crime pour sa liberté. Le crime adroit s’érigerait en une sorte de religion et les fripons seraient dans l’arche sacrée. »
Nous en sommes là aujourd’hui. Dans la logique du FMI, BCE, autres gouvernants de Bruxelles. Quand une des sommités de la finance mondiale est accusée de viol dans un hôtel de luxe de New York et est traitée comme n’importe quel citoyen par la police et la justice américaine, la caste dirigeante et ses relais médiatiques hurlent à l’horreur égalitariste.
Quand les opposants au libéralisme vilipendent les privilèges de l’oligarchie, la vénalité des classes dirigeantes, les cadeaux faits aux banques, les ravages du libre-échange et de la concurrence non faussée, les rigueurs imposées aux peuples par le FMI, les classes dirigeantes hurlent au populisme.
Comme elles avaient hurlé en d’autres temps à la démagogie, au socialisme, au communisme contre les peuples insurgés.
Exemplaire a été à ce propos le rejet par référendum, du traité de constitution européenne en 2005. Tout ce que les pouvoirs en place et leurs opposants sociaux-démocrates comptaient de journalistes, de chroniqueurs, de grandes plumes, de communicants, d’économistes, d’intellectuels de toutes disciplines, était parti en guerre contre les ignorants, les imbéciles, les illettrés, qui n’écoutant que leurs préoccupations immédiates, ne comprenaient pas que ce texte travaillait pour leur avenir et assurait leurs intérêts lointains. Ce fut la lutte des élites contre les populistes incultes et ignorants. Des compétents contre les incompétents.
Si les peuples tardent à tirer toutes les leçons des événements, l’oligarchie elle, les tire promptement. Face à la gravité de la crise, à l’urgence d’y porter remède et à la colère populaire qui un peu partout et sous des formes diverses gronde, les oligarques exigent de franchir aujourd’hui un nouveau pas dans leur volonté farouche de perpétuer leur domination sans partage et d’entrer à cette fin, dans une ère nouvelle. Celle d’une gouvernance européenne, voire mondiale des Affaires du monde. Puisque les peuples ne veulent pas comprendre où est leur bien et où sont leurs intérêts, on les leur imposera.
À TEMPS NOUVEAUX, POLITIQUE NOUVELLE. La Démocratie et les droits de l’homme sont des biens trop précieux pour les abandonner à la vile populace et à ses soubresauts populistes.
« Je te sauverai malgré toi, coquine ! » disait le bon Monsieur Seguin à sa chèvre Blanquette qui ne voulait en faire qu’à sa tête.
On brandit l’Arche Sainte des droits de l’homme, pour mieux les enterrer. La boucle est bouclée. Marx n’entrevoyait-il pas déjà que la classe dominante mourrait de ses propres contradictions !
À l’horizon, des bruits d’orages lointains.