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Le salon international de l’agriculture a reçu une nouvelle fois la visite de plusieurs centaines de milliers de personnes, dont une grande part venue de la région parisienne. Cette rencontre entre travailleurs des champs et ceux des villes, celles et ceux qui chaque jour peinent à la tache dans leurs fermes, sans compter leurs heures pour un revenu de misère et les consommateurs qui paient toujours plus cher leur alimentation, est bénéfique à tous.
C’est le moyen de se connaître, de se comprendre, tout en admirant la qualité du travail des agriculteurs ou des secteurs de la recherche, particulièrement le magnifique travail de l’Institut National de la Recherche Agronomique.
Cette année, le salon était encore marqué par la violente crise que subissent les paysans, alors qu’ils multiplient les efforts pour obtenir des produits alimentaires de qualité, pour améliorer la qualité de l’environnement, au prix d’énormes sacrifices. C’est dans ce contexte qu’une petite caste médiatique, ignorante des réalités du travail agricole a promu, durant tout le salon, une sorte de procès contre les paysans, avec la promotion d’un livre et d’une campagne d’affiches. C’est le type même d’actions de culpabilisation du travail d’autrui pour dépolitiser les enjeux auxquels les paysans, comme l’ensemble des peuples sont confrontés. Les dirigeants européens et les centrales d’achat qui plient le travail agricole à leur soif de profits en sont tout aise. Car enfin, qui a poussé depuis des décennies à une surexploitation du travail paysan et de la nature, sinon des décisions nationales et européennes qui, en permanence, ont abaissé les prix à la production, conduit à un surendettement des agriculteurs, les obligeant à travailler toujours plus dur et à intensifier les productions ?
La racine des attaques contre l’environnement et de la situation sociale des paysans provient bien de choix politiques.
La mise en œuvre des traités européens qui prônent la libre concurrence et la libre circulation des capitaux et des marchandises, a abaissé sans cesse, voir aboli les tarifs douaniers aux frontières de l’Europe qui facilitent les importations de soja du Brésil, de tomates du Maroc, de manioc du sud-est asiatique et de viande bovine d’Argentine. Or, c’est cette logique qui détruit la planète, épuise les terres, saccage la biodiversité et aggrave la faim. Car les paysans de ces pays sont contraints de produire pour l’exportation en vertu souvent de recommandations du Fonds Monétaire International, pour réduire la dette de ces Etats. Qui parle des coûts et des conséquences de l’importation de ces marchandises ? Qui parle de la destruction des forêts en Amazonie ou au Brésil pour exporter des protéines que l’Union Européenne refuse de faire produire ici ? Qui parle du fait que le soja nourrissant nos vaches et nos cochons est transgénique ? Qui parle des ateliers d’engraissement de bovins-viande en Argentine, baptisés là-bas « fred lots » qui ressemblent à des usines de ruminants transformant du maïs et du soja ? Qui parle des différences de conditions sanitaires pour les élevages en Amérique Latine et en France ? Qui parle du véritable pillage du travail paysan par les centrales d’achat ? Qui ?
Ceux qui, comme nous, posent ces questions depuis des années n’ont pas voix au chapitre dans les enclaves chaudes des faiseurs d’opinion du haut de leur studio. Depuis des décennies, dans ce journal, est développé le concept d’une agriculture à taille humaine, viable, aménageuse de territoires, créatrice d’emplois, produisant de la qualité, écologiquement productive, à l’opposé des politiques mises en œuvre par des gouvernements favorisant les grandes centrales d’achat, actionnaires des industries d’amont et d’aval de la production agricole.
En ce moment même se négocie dans le dos des paysans, un accord d’importation de 400 000 tonnes de viande bovine des pays du « Mercosur » qui laminerait les éleveurs du Massif central, qui ont des pratiques agro-culturales valorisant les terres. Quand une campagne d’affiches pour les défendre ?
De deux choses l’une désormais dans ce pays. Soit le choix de la division en attaquant les enseignants, les médecins, les magistrats, les ouvriers, les femmes au travail, les paysans, comme le fait le pouvoir réactionnaire. Soit le choix du débat politique pour un changement de régime et de système, y compris dans la production agricole, avec une autre Politique Agricole Commune. Dans ce cas, il ne faut pas désigner des boucs émissaires, victimes de la rapacité du capitalisme financiarisé, mais rechercher les causes de la crise sociale et écologique dans les choix politiques du Fonds Monétaire International, des traités européens, de lois, comme celle dite LMA, loi de modernisation agricole, faite pour les centrales d’achat contre les paysans-travailleurs. Jamais, il ne faut se tromper ni de colère, ni de cible.
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Les Agriculteurs mécontents. Alors depuis le temps, pourquoi font ils toujours parti de l’électorat qui statistiquement fait passer la droite aux élections ?