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« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. » Comme M. Barroso hier candidat unique à sa réélection à la présidence de la Commission de Bruxelles. Tous ses amis des droites européennes se sont mobilisés pour lui, avec malheureusement le renfort d’une partie des socialistes qui lui ont offert la majorité absolue des votes du Parlement européen.
M. Barroso n’a cessé de proclamer que son « seul parti est celui de l’Europe », il devrait dire qu’il s’agit de l’eurocapitalisme, qu’il ne veut en rien changer. M. Barroso a expliqué sur tous les tons que le monde change, que le monde est bouleversé, mais lui ne doit pas changer. Donc il reste à son poste comme gardien du temple européen des puissants. Cet homme, passé du maoïsme à l’eurolibéralisme, ne prend la parole qu’en posant fermement sa main droite sur sa bible : les traités européens. Certes, il bavasse sur le projet d’une Europe démocratique mais fait comme si le traité de Lisbonne était déjà ratifié. Il est vrai qu’il ira dans quelques jours menacer les Irlandais pour qu’ils renient leur vote négatif contre ce traité. Tel est la nature de ce caméléon ultralibéral.
Il commence des phrases par les mots « Europe sociale », mais, au même moment, sa commission propose aux parlementaires européens de voter une directive allongeant le temps de travail des chauffeurs routiers. Il déclame des mots comme : « Europe unie » à tout bout de champ, pour mieux défendre avec acharnement le « marché ouvert » et l’accord transatlantique entre les États-Unis et l’Union européenne. À terme, celui-ci conduirait à aligner le droit européen sur les normes nord-américaines. Une de ces obsessions serait devenue la « croissance verte », mais il se fait un honneur de poursuivre le programme de mise en concurrence et de destruction des services publics, de l’énergie et des transports. Et M. Fillon s’agenouille puisqu’il vient d’accepter l’injonction de la commissaire européenne à la Concurrence pour pilonner les tarifs réglementés de l’énergie.
Les cheminots ont eu raison, hier, d’agir pour réclamer le maintien et le renforcement de la SNCF comme entreprise publique intégrée, capable de développer le fret ferroviaire, utile pour le développement des territoires, l’emploi et l’environnement. Bref, le combat pour changer l’Europe et changer en France doit s’amplifier. Les électrices et les électeurs qui, aux dernières élections européennes, ont, d’une manière ou d’une autre, réclamé des changements en Europe auraient de quoi bondir en entendant le président du groupe du Parti populaire européen, M. Daul, expliquant que puisque son groupe était majoritaire au Parlement de Strasbourg, c’était comme si les peuples avaient voté pour M. Barroso par anticipation. Ce détournement de vote est insupportable. Il faudra retenir cette leçon.
Même quand l’abstention populaire a un contenu protestataire, elle ne contribue qu’à laisser les mandataires du capital en place.
Cette leçon vaut aussi pour ceux qui expliquent que le peuple et ses représentants ne doivent pas investir les institutions. Les mobilisations unitaires à venir, à commencer par la votation citoyenne contre la privatisation de La Poste et la journée européenne d’action du 7 octobre, doivent permettre de faire entendre avec force la voix de ceux qui n’en peuvent plus de ces bonimenteurs qui tiennent les peuples en laisse, pour mieux laisser se déchaîner la sauvagerie capitaliste. En s’opposant à la réélection de M. Barroso, les députés du groupe de la Gauche unitaire européenne ont été fidèles à leurs engagements au service des peuples européens.