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Il monte des arrières cuisines politiciennes de la droite sarkozyste une inquiétante puanteur. Après ce que l’on a appelé l’affaire de l’été « Bettencourt-Woerth », dans laquelle tout est fait pour brouiller les pistes et camoufler la réalité des faits jusqu’à « dépayser » l’enquête à Bordeaux, voici qu’éclate ce qui s’apparente à un scandale d’Etat. Une affaire de « rétro-commissions » sur des ventes de sous-marins au Pakistan. Parce qu’une partie des bénéficiaires, basés au Pakistan, n’auraient pas touché « leur part », ils auraient commandité un attentat, tuant quinze hommes dont onze travailleurs français de la direction des constructions navales, jetant leurs familles dans un deuil lourd et sourd, sans qu’elles n’en connaissent les causes. Elles ont demandé, à juste titre, la relance l’enquête, après qu’un ancien ministre de la défense de l’époque ait confirmé le versement de ces « rétro-commissions » à des personnalités françaises. Certains à droite désignent le candidat à la présidentielle, M. Balladur, comme pouvant être le bénéficiaire de ces sommes pour financer la campagne présidentielle de 1995.
S’agissant d’une affaire aussi grave, ayant provoqué la mort de travailleurs français d’une part, et d’un enjeu de morale politique d’autre part, il est urgent que, par tous les moyens, la clarté soit faite sur tout ceci. Il faut d’urgence ouvrir les coffres forts secrets. On sait notamment que les comptes de campagne de M. Balladur n’ont été acceptés que dans de bizarres conditions. La justice doit donc disposer de toutes les pièces et de tous les témoignages pour pouvoir donner une opinion. Et comme dans l’affaire Bettencourt, le pouvoir doit cesser de dessaisir les juges comme il tente de le faire. Que la justice du peuple puisse travailler. La vérité doit éclater.
Mais une vraie commission d’enquête parlementaire pluraliste doit pouvoir aussi enquêter, en toute liberté, pour aider à faire la clarté. C’est d’autant plus indispensable que cet air nauséabond se répand désormais partout. De l’affaire Woerth, après celle de Clearstream à celle de ministres utilisant des moyens de l’Etat à des fins personnelles ; des nouvelles accusations contre le même M. Woerth dans la vente de l’hippodrome de Compiègne à celle des écoutes téléphoniques et de vols de documents et d’ordinateurs à des journalistes, auxquelles il faut ajouter les poursuites, les emprisonnements de militants syndicaux et de jeunes lycéens après le mouvement contre l’abrogation de la retraite à 60 ans. Nous sommes fondés à réclamer …. de l’air !
Cette République n’est-elle pas en train de pourrir sur pied ? Le régime semble de plus en plus vacillant au bord de la crise avec des conséquences dramatiques possibles. Le mouvement progressiste et démocratique est confronté à la nécessité de réfléchir et de proposer un projet nouveau pour construire une République de citoyens plus libres et associés à la marche de la société. On se demande dans quelle mesure les institutions présidentialisées à outrance, qui pousse à la campagne électorale permanente et à la personnalisation, peuvent rester le fin du fin d’une prétendue démocratie. Une nouvelle République ne peut que s’attacher à porter les urgences sociales qui se cognent, jour après jour, au mur de l’argent-roi. La nouvelle phase entamée, après le remaniement gouvernemental, vise sans doute à solidariser tous les acteurs des gouvernements de droite précédents, donc à l’étouffement des affaires successives, mais surtout à donner des assurances aux puissances financières.
C’est pour une part le sens du projet concernant « la dépendance » qui pourrait constituer une manne considérable pour les compagnies d’assurances privées ou encore la flexibilisation et la précarisation du travail pour nourrir le capital, tout en faisant baisser les statistiques de chômage avant l’élection présidentielle. C’est aussi le sens du scandaleux projet de supprimer l’impôt sur les grandes fortunes, après la baisse permanente de l’impôt sur les sociétés, particulièrement sur les sociétés cotées en Bourse.
L’enjeu d’une nouvelle répartition des richesses pour progresser dans le sens de la justice fiscale et écologique devrait devenir le cœur d’un grand projet d’une gauche utile au peuple et combative. L’expérience de l’amplification de la crise dans l’Union européenne démontre malheureusement et amplement que l’abaissement permanent de l’impôt sur le capital, alors que les prélèvements sur le travail augmentent, mène à la faillite. Après la Grèce, c’est exactement ce qui se passe en Irlande et menace le Portugal et peut-être l’Espagne. L’action pour la justice dans chacun des pays de l’Union et celle de la refondation de l’Europe doivent donc se mener de pair. Celle pour une transformation progressiste de la fiscalité doit se combiner avec celle d’un rôle nouveau pour la Banque centrale européenne dont le statut doit être changé pour la mise en place d’un système de crédit public à vocation sociale, industrielle et écologique, avec le refinancement des banques centrales nationalisées afin de les aider à financer des projets industriels, agricoles, de construction de grandes infrastructures, de nouveaux services publics, créateurs de travail intéressant et correctement rémunérés, soucieux de l’environnement et de l’avenir de la planète.
L’efficacité n’est pas l’objectif de l’actuel pacte d’austérité. Elle réclame un pacte de développement social, humain et écologique, au service exclusif des peuples et de la nature. Et pour commencer, pourquoi les forces progressistes européennes ne lanceraient-elles pas une grande action commune sur tout le continent pour obtenir un mécanisme de taxation des mouvements de capitaux ? Cela permettrait de doubler le budget européen pour des objectifs de protection sociale. Il est temps en effet de commencer à mettre fin à la guerre économique et au honteux gâchis du surarmement, impulsé au sommet de Lisbonne, avec le soutien de notre pays.
L’attachement profond de nos concitoyens à la justice, exprimé dans le mouvement social du droit à la retraite à 60 ans à taux plein, continue de vivre dans la société. Il cherche un débouché politique progressiste. Les forces du Front de gauche ont la responsabilité de se placer au cœur de la gauche et de s’enraciner sous des formes diversifiées dans toutes les villes, quartiers, entreprises, territoires du pays, pour aider le monde du travail, de la création, des retraités et de la jeunesse à construire un rassemblement populaire, devenant majoritaire. Une sorte d’unité populaire en action, pour un nouveau contrat social commun, solidaire, démocratique, écologique, pacifique. Avec audace, travaillons à ce beau projet unitaire progressiste.