Vous rappelez-vous du docteur Izzeldin Abuelaish ?

le 28 octobre 2010

« Je ne m’autorise pas à haïr, la haine est une prison… Je suis ici pour vous communiquer de l’espoir, mais aussi pour vous donner de la force. En retour, vous me donnez de l’espoir ». Ces fortes paroles ne sont pas d’un de ces quelconques discours. Elles sont tenues par le docteur Izzeldin Abuelaish. Il est le médecin palestinien qui, le 16 janvier, a été victime d’un missile israélien dans son appartement à Gaza, tuant trois de ses filles et en blessant très gravement une autre. Ces terribles images ont fait le tour du monde. Ce médecin donnait tout à la santé, à sa famille et au combat pour la justice et la paix. Il a prononcé ces mots lors d’une rencontre, ce mercredi soir, avec quelques députés européens dont j’étais, de la Commission du Parlement européen chargée des relations avec le Conseil législatif palestinien.

Nous n’avons pu l’écouter qu’avec émotion, les larmes aux yeux. Lui ne s’est plaint de rien. N’a fait preuve d’aucune haine. Il a simplement demandé justice. « Il ne faut pas se résigner et lutter pour empêcher la répétition de telles tragédies », nous a-t-il lancé. « Notre tragédie a ouvert les yeux à la communauté internationale sur la nature des attaques contre des civils innocents, ouvert les yeux contre la folie guerrière ».

Tout au long de la soirée, le docteur Izzeldin Abuelaish s’est montré digne, calme, propulsant une incroyable force, une incroyable énergie, un incroyable espoir dans l’espoir. Il est une fierté pour le peuple palestinien.

« Mes filles ne reviendront pas », dit-il, les yeux brillants de la souffrance des êtres exceptionnels et du soleil de l’avenir,  « mais au-delà de cela, rien n’est impossible ». Il a exhorté les européens à « faire beaucoup » pour faire comprendre aux israéliens que la politique de leurs dirigeants va à l’encontre des intérêts de toutes et tous.

J’ai été très impressionné, ému, bouleversé, par cet homme, médecin, donnant aujourd’hui des cours à l’université de Toronto. Il vient de créer une fondation pour les filles et les femmes, pour leur accès à la santé et à l’éducation. La chance de rencontrer de tels êtres, si chaleureux, si forts dans la souffrance qu’ils dépassent par la force de mots de l’espoir et de la paix, ne fait que nous conforter dans la nécessité de poursuivre, d’élargir le combat pour la justice et la paix.

Je lui laisse le dernier mot. « Les palestiniens ne demandent pas la lune, ils demandent justice ». Merci docteur Izzeldin Abuelaish.

Dans quelques semaines je repasserai devant son appartement détruit puisque je retourne à Gaza et en Cisjordanie avec une délégation de parlementaires européens.


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