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C’est un Premier ministre faussement serein qui s’est rendu à la télévision dimanche soir pour ne rien dire de nouveau. Sauf que désormais il emploierait la force contre celles et ceux qui feraient entendre leur refus de voir leur retraite passer à 67 ans demain.

Ce sera le cas des ouvriers et de beaucoup d’employés, de celles et ceux qui travaillent le plus dur. Ce sera le cas des jeunes dont des études montrent qu’ils accèdent à l’emploi stable aux alentours de 27 ans. Effectivement, depuis plusieurs heures, c’est la violence et la force d’Etat qui s’abattent sur des jeunes et des travailleurs. C’est une atteinte au droit de se défendre, de résister, de s’exprimer.

Dédaigneux vis-à-vis de l’exaspération montante et de l’ampleur de la protestation populaire, il porte avec le Président de la République une très lourde responsabilité dans le climat qui s’installe. A moins qu’il croit que l’utilisation de la force et quelques incidents, conduiraient à faire peur et à décourager les mobilisations.

Nos concitoyens, les jeunes, leurs organisations syndicales sont responsables. Le pouvoir ne l’est pas. Il va aujourd’hui jusqu’à réquisitionner des salariés du privé pour débloquer des dépôts de carburant et il a même fait rouvrir l’oléoduc qui alimente Roissy, au mépris de toutes les règles de sécurité, après avoir répété qu’il n’y avait aucun problème d’approvisionnement en carburant.

Un pouvoir qui utilise la police contre les travailleurs et la jeunesse n’est ni serein, ni en phase avec le pays. On peut même avancer l’idée que son attitude dépasse désormais le simple autoritarisme.

Répondant à Mme Claire Chazal, qui lui faisait remarquer que les citoyens considéraient la contre-réforme des retraites injuste, parce que les salariés payaient plus, et qui lui demandait s’il ne serait pas plus juste de faire contribuer le capital, M. Fillon a été sec. Pas question de demander plus au capital. Allant même jusqu’à traiter la proposition de prélèvement supplémentaire sur le capital « d’escroquerie » !

Voilà qui éclaire la nature de ce pouvoir : pas touche au capital ! Or, il est possible de faire une autre réforme des retraites plus juste et efficace. Faire cotiser les revenus du capital au même niveau que les salaires rapporterait immédiatement 20 milliards d’euros. La suppression des exonérations de cotisations patronales feraient entrer 10 milliards d’euros pour le financement des caisses de retraites. Rien qu’avec cela, on aurait comblé le déficit pour cette année.

Et il reste encore beaucoup à prendre : les niches fiscales profitant aux grandes entreprises, c’est 173 milliards d’euros perdus pour la solidarité. Une politique de l’emploi volontaire et une revalorisation des salaires, ce serait automatiquement plus de cotisations et une remise en équilibre très rapidement.

Oui, nous le réaffirmons, une autre réforme est possible. C’est cela qui nous conduit à redemander le retrait de celle là, l’ouverture d’un vrai débat public, la consultation approfondie des syndicats et un vrai débat comprenant un droit d’initiatives réel des députés et des sénateurs au Parlement.

Voilà qui renforce encore la nécessité de faire de ce mardi 19 octobre une nouvelle grande journée de mobilisation, unitaire et inter-générationnelle.

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