Conseil européen : le talon de fer plutôt que l’action en faveur des peuples

le 22 septembre 2010

Je suis intervenu en séance plénière du Parlement européen ce mercredi 22 septembre 2010 sur les conclusions du Conseil européen du 16 septembre dernier.

Voici le contenu de mon intervention.

Monsieur le Président du Conseil, Monsieur Van Rompuy,
Chers collègues,

Du Conseil européen, les grands médias n’auront mis en évidence que la sinistre polémique nourrie par le président français contre la Commission, pour défendre la chasse organisée en France contre une partie de la population européenne, les Roms.

Au nom des valeurs universelles, celles des droits humains, le gouvernement Français, mais aussi d’autres, doit cesser immédiatement cette stigmatisation, ces odieuses expulsions.

Et de la même manière, le groupe de la Gauche unitaire européenne demande que la directive dite “Retour” de juin 2008, aussi baptisée directive de la “honte”, tout comme l’accord de partenariat permettant le renvoi de réfugié Pakistanais soient abrogés.

Quelle initiative allez-vous déployer pour sortir les populations Roms de la pauvreté, de la misère ? Car telle est la question fondamentale. Cette politique contre les migrants est en train de briser l’influence morale et politique que pourrait avoir l’Europe dans le monde. J’ajoute que le populisme anti-européen rabaisse la politique, nourrit la xénophobie, le nationalisme et les intégrismes, fécondant ce que Berthold Brecht avait appelé “la bête immonde”.

Et au Conseil européen vous avez une nouvelle fois produit des conclusions très défavorables aux peuples et à l’idée européenne elle-même. J’en prends quelques exemples.

Au moment même où l’ultralibéralisme enfonce le monde dans la crise, vous avez décidé, je cite votre texte, “de permettre des accords de libre échange ambitieux”. Vous avez décidé d’accélérer la construction du marché transatlantique, c’est à dire l’alignement de nos normes et droits sur ceux des Etats Unis, et une insertion plus grande dans l’OTAN. Monsieur le président, le libre échangisme, la soumission aux Etats-Unis et la militarisation que vous proposez, vont fracasser l’Europe.

Vous évoquez en matière de politique étrangère le projet, je cite, “d’orientations stratégiques claires”. De quoi s’agit-il exactement ?

Une bonne politique étrangère ne devrait-elle pas consister à s’engager dans l’action contre la pauvreté, la famine, l’annulation des dettes, l’impulsion de la souveraineté alimentaire, le désarmement et la paix, une action énergique pour faire réussir le sommet de Cancún sur le climat ? Pourquoi, alors que votre texte indique que nous sommes la première zone commerciale, n’engagez-vous pas le processus d’une taxation des transactions financières ? Que comptez-vous faire d’autre que ce texte mièvre, pour faire réussir et être actif dans le dialogue engagé entre l’Israël et la Palestine ? Je constate que vous ne parlez ni des frontières de 1967, ni de Jérusalem Est comme capitale, et que vous êtes d’une incroyable bienveillance sur la colonisation.

Enfin, vous avez décidé de faire appliquer le talon de fer de l’austérité à travers de ce que vous appelez “le semestre européen”, “la surveillance” avec la menace de sanctions contre les états. Pourquoi cacher que la dette des Etats s’est aggravée non pas à cause d’un excès de dépenses sociales, mais à cause du soutien permanent aux puissances de l’argent ? Pourquoi n’y-a-t-il aucun grand projet industriel, de service, et agricole sur de nouvelles bases, et en coopération favorable à l’emploi ?

Je voudrais savoir sur quelle base juridique vous comptez appliquer de telles “sanctions” qui aggraveraient encore la situation des Etats et des peuples.

Nous sommes dans l’année européenne contre la pauvreté, quelles sont les initiatives, les actes qui correspondent à cette proclamation ?

Au delà des polémiques, les peuples doivent connaître exactement les contenus de vos conclusions qui sont contraires à leurs intérêts.


0 commentaires


BIGONSKI Suzanne 22 septembre 2010 à 19 h 04 min

Bravo ! Merci

GILLODTS 24 septembre 2010 à 22 h 08 min

Tout à fait d’accord avec ton analyse. Le gouvernement français cherche une fois de plus à endormis les gens afin de faire passer ses mesures impopulaires.

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