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Il y a 63 ans, le 2 avril 1947, était adoptée une loi progressiste commune au ministre de l’information de l’époque, M. Robert Bichet, et au député communiste Fernand Grenier. Depuis, cette dernière organise la distribution de la presse dans tout le pays en veillant à son pluralisme. Nommée loi Bichet, elle garantit la liberté de distribution des journaux quotidiens, l’égalité entre éditeurs, l’impartialité dans la distribution. Elle a impulsé un système coopératif de distribution de la presse promouvant la solidarité entre tous les journaux avec une péréquation des coûts de distribution. Cette coopérative est commune à tous les éditeurs de presse et au groupe Hachette qui se trouvait en situation de monopole avant la Libération.
En ces temps sombres, où tout devient désormais marchandise, la privatisation de la distribution de la presse aboutirait à ne plus distribuer la plupart, voire la totalité des journaux quotidiens parce que cette activité serait considérée comme « non rentable financièrement ». Cela reviendrait à accélérer la disparition de nouveaux titres, à commencer par “l’Humanité” qui ne pourrait pas supporter les coûts de distribution sans l’actuel système coopératif.
Or, voilà qu’en pleine crise de la démocratie et de la citoyenneté, en pleine crise économique et alors que les anciennes « Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne » devenues « Presstalis » connaissent de grandes difficultés, un député UMP des Bouches du Rhône vient de déposer en ce début de mois une proposition de loi pour abroger la loi Bichet. Ce même député, M. Richard Mallié, est celui qui avait proposé la généralisation du travail du dimanche. Le prétexte invoqué par ce député de droite dont on peut penser qu’il n’est que le poisson pilote de désirs élyséens, est la crise de la presse.
Ce n’est pas la loi Bichet qui provoque la crise de la presse et celle des NMPP. Elles ont été accélérées par la baisse des recettes publicitaires, la difficulté d’accès aux journaux, précisément parce que les marchands de journaux ont de plus en plus de difficultés à vivre, la promotion des journaux gratuits, l’obligation faite aux journaux quotidiens d’augmenter leur prix face aux coûts de production et de distribution en augmentation. La spéculation immobilière dans les centres villes a poussé à la fermeture de magasins de journaux. Les difficultés de Presstalis seraient moindres si l’opérateur historique reversait une bonne partie de la redevance qu’il perçoit.
Enfin, s’agissant du pluralisme de la presse et donc d’un principe démocratique fondamental, il revient à l’Etat de prendre la décision de soutenir le système coopératif Presstalis. Le coût de la démocratie a au moins autant d’intérêt que celui du sauvetage des banques! En tout cas, nous nous opposons et nous demandons aux parlementaires de s’opposer avec force à la proposition de loi déposée par M. Mallié. Nous réclamons au contraire, dans la suite des Etats Généraux de la Presse, un véritable débat public sur les moyens dont doivent disposer les éditeurs pour distribuer les journaux sur l’ensemble du territoire national par le système coopératif comme par la Poste.
La liberté de la presse ne peut être effective que quand le travail d’écriture des journalistes parvient jusqu’au lecteur.
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Tout à fait d’ accord avec le caractère scandaleux et inadmissible de cette proposition de loi. Par contre je ne pense pas que ce soit l’absence des publicitaires dans la presse d’ opinon comme “L’Huma” qui soit la cause de ses difficultés N’y aurait-il qu’un exemple pour prouver le contraire cela suffirait: Je pense au mensuel “Que Choisir” qui refuse toute pub par principe et dont le tirage est passé d’ une diffusion confidentielle par abonnement à ses débuts à plus de :300000 exemplaires en kiosque de nos jours. “Marianne” s’en sort très bien aussi avec aussi peu de pub que l’Huma.
Excellent article, merci cher Patrick !
Tu es à l’honneur ici:
http://r-sistons.over-blog.com/article-bilderberg-la-machine-infernale-se-met-en-marche-arretons-la-48761656.html
Très fraternellement à toi, eva
Au risque de scandaliser, j’avoue mon incrédulité devant le mouvement de grève de la distrubution de la presse. Priver les lecteurs de ce moyen d’info c’est les faire se rabattre sur la téloche, et sur les sites net, les habituer à ne plus acheter leur journal. Hier , pas d’Huma, je m’disais :” zut”, je vais être en manque. Aujourd’hui pas d’huma encore et je me dis ;”1 €30 d’économisés !”. Cher directeur, un jour vous pleurez sur le déficit de la parution, et vous faites la manche auprès des lecteurs ( et ça marche, j’ai déjà donné, !) et le lendemains vous approuvez sans bémol le sabordage de votre lectorat, sans interrogation aucune sur la forme d’action. Critiquer est tabou. Bon, Et demain ? et après demain ? Finalement on arrive à se passer de l’Huma …D’autant que son dirlo approuve ce suicide. La grève, oui, mais la reflexion aussi. Y a-t-il pas autre chose que cette attitude de kamikaze. Je n’écris, pour être publier, et je vois d’ici les Torquemadas hurler à lèse majesté au grand soir, cehlui là qui s’éloigne au fur et à mesure que les siècles passent… Et d’ailleurs ce poil à gratter le grévisme jusqu’au boutiste soulèvera les haro des béni- oui , ceux la-même qui se satisfont de plonger à chaque élection, dans l’abstention qui concerne autant le syndicalisme que le politique. Il est bien loin le temps où les foudres étaient lancées sur le gauchisme. Chut ! Ce vocable n’a plus cours, , Et pourtant, si on voit un mur devant est-il sage de s’y briser les poings , plutôt que le contourner . Bien cordialement à vous, .