Chercher le chemin pour changer

le 25 mars 2010

Une puissante émotion s’est emparée  des travailleurs, de la jeunesse, des retraités, du monde de la culture et de la création lors du décès de Jean Ferrat. Sous diverses formes, un formidable hommage populaire a été rendu au poète, au chanteur, fidèle à sa « France ». De nombreux jeunes auront découvert son talent, ses engagements, la qualité de son chant, ses révoltes et ses fidélités aux peuples, aux belles valeurs de la liberté, de la justice, de la paix.

A l’occasion de cette douloureuse disparition la recherche du « beau », d’un peu de tendresse, de solidarité aura parcouru le cœur de notre peuple mais aussi la recherche d’un « idéal qui nous pousse encore à nous battre aujourd’hui ».

Cela rejoint une part des leçons essentielles des élections régionales. Le second tour a confirmé le rejet de la droite sarkozyste. La recherche d’autre chose  que ce que le pouvoir et les puissants imposent aujourd’hui. La gauche rassemblée va continuer d’animer la gestion de la quasi totalité des régions. Ses élus doivent impérativement se mettre encore plus et mieux au service des familles populaires qui souffrent de plus en plus de la crise globale du capitalisme qui, non seulement, n’en finit pas mais peut encore s’aggraver. Des interpellations  sont aussi adressées à toutes les forces de la gauche et des écologistes.

 Celles et ceux qui souffrent le plus, les ouvriers, les salariés précaires, les chômeurs, tant de jeunes, celles et ceux qui vivent sous la menace du licenciement, celles et ceux dont la vie devient de plus en plus dure et incertaine, attendent des actes en leur faveur, des actions et un projet. C’est souvent la raison de leur abstention.

Ils ont trop souvent le sentiment d’être ignorés ou méprisés. Ils doutent désormais profondément de « la politique ». Ils appellent à un changement des pratiques et des conceptions de la politique elle-même.

Le niveau de l’abstention et l’inquiétante montée de l’extrême-droite, qui prend racine dans ces souffrances, ce mépris, poussent  le pays au bord d’une crise politique inédite, au sens où les fondements même de la démocratie peuvent être menacés.

En effet, si rien ne change, le boulevard pour les idées extrêmistes s’élargira encore avec d’insoupçonnables conséquences. Mais le plus fondamental est qu’il ne peut y avoir de possibilité de construire un monde meilleur sans la participation de la jeunesse et de toutes celles et ceux que le capitalisme étouffe, exploite, rejette, martyrise le plus.

Le mépris de la droite sarkozyste vis-à-vis du suffrage universel n’en est que plus grand. Le petit réagencement ministériel n’est qu’un pâle rideau de fumée. L’entêtement de cette droite sur ce qu’elle appelle ses « fondamentaux », termes choisis pour désigner le service au capital, contre le peuple, ne pourra qu’aggraver la vie d’une majorité de nos concitoyens. L’urgence est d’arrêter ce train fou des contre-réformes réactionnaires, du recul de l’âge de la retraite à la suppression des services publics et aux réductions d’emplois publics, du gel des salaires et des retraites, des licenciements sans fin, quand la spéculation s’accélère.

La responsabilité d’une gauche utile et combative est donc immense pour se porter, sans attendre aux côté des salariés, des chômeurs, des assurés sociaux pour les défendre. C’est aujourd’hui qu’il faut agir dans l’unité la plus large, à commencer pour mettre en échec du projet sur les retraites.

Croire, comme le font certains, que le moment est venu de se préparer à occuper les palais de la République pour remplacer les ministres actuels, serait une lourde erreur. L’enjeu est de discuter, de débattre, de proposer, d’élaborer, de défricher, avec nos concitoyens les chemins inédits pour construire une société post-capitaliste, dont l’objectif soit l’émancipation humaine. Tel est le niveau de la responsabilité qui incombe aujourd’hui aux forces politiques et sociales de la gauche et écologistes. Et au delà à tous les progressistes quelle que soit l’opinion qu’ils ont sur la politique et les partis politiques.

 Une majorité de notre peuple et sans doute des millions d’individus sur toute la planète cherchent le chemin inédit de cette émancipation, de cette nouvelle société à inventer tant ils prennent conscience de la nature même du système capitaliste et de son cortège de dégâts sociaux, humains, écologiques et démocratiques.

Comme à toute période de l’histoire, le génie humain peut découvrir dans le débat, dans la confrontation fraternelle une organisation sociale supérieure au vieux capitalisme en crise. Un tel objectif ne s’accommode évidemment ni de petites ambitions politiciennes, ni de promesses sans lendemain. Il ne s’accommode pas de cuisine politicienne où un parti se donnerait le droit de dominer les autres. Les forces, partie intégrante du Front de gauche, et beaucoup d’autres qui pourraient le rejoindre, ambitionnent de porter cette responsabilité. Elles proposent non pas un aménagement du système actuel mais sa subversion, son dépassement dans un processus « d’évolution révolutionnaire ». Elles doivent le faire la main tendue tant elles n’ont pas vocation à combattre d’autres secteurs de la gauche mais à aider à un rassemblement populaire large, unitaire, à vocation majoritaire, conscient du niveau des changements à opérer. Il faudra retenir de ces élections régionales que c’est l’expression de la diversité à gauche qui permet son succès. Nos concitoyens refusent le bipartisme. Ils souhaitent le pluralisme d’expression, gage de richesse et de liberté.

Le chantier de ce rassemblement majoritaire à construire pour changer est immense et enthousiasmant. Il appelle la participation de toutes et tous pour comme le chantait Jean Ferrat : « Vieux monde clos comme une orange, faites que quelque chose change »…

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GILLERON Bernard 25 mars 2010 à 11 h 46 min

Merci pour cette belle “profession de foi”.
Elle est dans la continuité de ton précédent texte : “après l’échec du soviétisme et de la social-démocratie européenne,etc.”
J’en suis donc autant convaincu que par le premier, de cette priorité donnée au projet de “construire une société post-capitaliste” par un “chemin inédit[d’invention]d’une nouvelle société”, d’une “organisation sociale supérieure au vieux capitalisme en crise”…
La “foi”, écrivais-je plus haut: tu l’as chevillée au corps: moi aussi!.
Mais la mise en application ne semble pas aussi simple que tu le dis dans cet appel, un peu incantatoire et trop “missionnaire”.
“Débattre, proposer, défricher[…]des moyens inédits”: il s’agit d’élaborer un nouveau “Programme Commun”, isn’t it?
Partout les candidats à conduire cette mission accourent, nous les connaissons bien:
– Gauche-Avenir: groupuscule aussi bruyant que réduit du PS( tendance Hamonisme contrariée),
– Les amis de l’ami Filoche(D&S) au PS, (desquels je fais partie), et la fondation Copernic, à laquelle participent Filoche, et ton camarade Wûrtz. et Alain Lipietz(vert).
– La maison commune de la Gauche, qui a été proposée par Martine Aubry, mais n’a aucune existence concrète?
– Le Front de Gauche, proposes-tu?: lequel? Celui qui s’est allié au NPA en limousin et a provoqué une triangulaire: UMP-PS-FdG/NPA? Celui de Bocquet-Hénin-Dolez, en Nord-Pas de Calais, qui jusqu’au dernier moment a laisser planer l’incertitude sur l’Union au Second Tour? Celui de Mélenchon qui a cherché à créer une gauche de la Gauche(PG-PCF-NPA) CONTRE le PS (“qui va au Modem comme le PS va à la mer”…), version stupidement copiée/collée d’une “die Linke”, à la Française?
Depuis 2008, la gauche de gauche ne fait que fabriquer des échéanciers, des propositions de processus ou de comptes à rebours(cf. l’appel de Lebranchu des “1000 jours”,qui nous restent avant la présidentielle),à l’été 2009.
Des califes, et des “califes à la place du…” se multiplient: mais pendant ce temps les “éléments de programme” restent dans les cartons, désespérément. C’est le “stationnement révolutionnaire”, pas l’évolution du même nom, qui est à l’œuvre!
Et tic, tac,tic,tac: combien de jours à ce jour? 800? 700?
Pendant ce temps, la droite de la gauche avance de plus en plus vivement ses égos: Moscovici, DSK, Hollande, Royal, avec le concours de l’infernal “think tank” Terra-Nova…et des médias et des boîtes de sondages (politoscope,etc;).
Leur Programme?: mettre la droite à gauche(ou inversement), comme Allais voulait mettre la Ville à la Campagne. Ne rien changer d’autre que les chiffres à inscrire dans le même cadre comptable: moins de dette? plus de services publics? moins ou plus d’assistanat?
Saint Keynes, priez pour nous, et Friedmann dehors!
Marx, Jaurès? C’est qui , ceux-là?
Revenons à nos moutons: quand nous mettons nous sérieusement au boulot? Avec le PS, le PCF, les Verts, le PG s’il règle sa crise interne…
Arrêtons de construire des calendriers: mettons-les en œuvre. Et analysons et proposons…..

Analysons:
– la CRISE (dite souvent “systémique”) = dernière phase de la crise ultime du Capitalisme?
– baisse tendancielle des taux de profit arrivée à bout de cycle,
– contradiction entre état des forces productives et rapports de production arrivée au point de rupture?
– Le capitalisme est vraiment à bout de souffle et il n’y a qu’à pousser un peu pour qu’il s’écroule?

Répondons:
– Interdire le commerce de l’eau(Danielle Mitterrand et France-Libertés)
– Nationaliser l’Énergie?
– Fermer la Bourse(Frédéric Lordon) et, de facto, nationaliser le système financier?
– Changer de fond en comble les règles de présentation de la comptabilité privée:fini le poste “Capital social”,donc finie la répartition des profits aux “actionnaires” par des dividendes(actionnaires remplacés par des titulaires d’obligations rémunérés par un intérêt à taux fixe:3%,4,5%? plus?, qui ne leur donne aucun pouvoir dans la Gestion de l’entreprise) , répartition du “résultat d’exploitation” entre tous les participants de l’acte productif de l’entreprise: écart maximum: 1à 6?, 1 à 10?, 1 à 20?
– Plus de SA, mais des SCOOP, et des entreprises sociales et solidaires(cf. “rue des entrepreneurs”, samedi 20 mars, franceinter.com),
– Semaine de 35, 32H, voire moins?( cf. étude britannique ” 21 hours: Why a shorter working week can help us all to flourish in the 21st century”, by NEF-think-tank),
– Retraite à 60 ans, 55 ans pour les métiers pénibles,
– Imposition( comme l’a fait Roosevelt en 1944 aux USA), à 84%, puis 91%, des tranches de revenus supérieures à 25 fois le SMIC?)
– Protectionnisme européen (Emmanuel Todd)
Tout ça dans le rapport de forces droite gauche aux niveaux européen, et mondial…: qui a les réponses? j’ai les questions…

Hub 25 mars 2010 à 17 h 25 min

Sortir des petits calculs électoraux boutiquiers. En finir avec la “gestion” ou la “bonne gestion”. Sortir du discours tiède ou trop convenu. Ne pas se contenter d’appeler de ses vœux une gauche de combat. Sortir du règne de la marchandise.

Rappeler que la France, cinquième puissance économique de la planète, croule sous la richesse. Rappeler que la France a les moyens de soigner ses malades, de choyer ses vieillards, d’assurer une existence décente à tous, de donner un présent et un avenir souriant à tous ses enfants. Rappeler que le problème est la répartition et pas la pénurie.

Comme l’écrit Bernard Gilleron, oser faire des propositions tranchant dans le vif de ce consensus mou qui déconsidère la gauche dans son ensemble.

Changer la vie ! Tout simplement.

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