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Cette année, marquant la fin du premier quart du XXIe siècle, nous appelle à franchir un pas qualitatif dans notre vigilance et nos combats pour la paix, pour la reprise du dialogue en faveur du désarmement, de la préservation du climat et de la biodiversité.
Nos résolutions pour cette année devraient tendre à empêcher que les tourbillons des guerres, des modifications climatiques, des haines et des nationalismes menacent notre humanité commune.
La chasse aux illusions et aux fétichismes doit permettre d’aider à comprendre à quel point les soubresauts du monde globalisé entrent dans l’intimité de chaque personne humaine, où qu’elle habite sur la planète. Nos futurs sont liés.
Quand les rapaces de la finance internationale renchérissent les taux de crédit, c’est toujours pour aspirer encore plus de richesses issues de la sueur des travailleuses et des travailleurs, tout en leur ôtant une part de leur patrimoine commun, construit au fil des siècles : les services publics, la sécurité sociale et la nature.
Quand l’énergie est devenue objet de spéculation en temps de guerre, chaque foyer paie toujours plus cher pour faire la cuisine, se chauffer ou se déplacer.
Quand le prix de vente des céréales est décidé à la bourse de Chicago, le prix de la baguette de pain augmente sans bénéfice ni pour le paysan ni pour le boulanger.
Quand le capitalisme international entretient des guerres pour accaparer les richesses du sous-sol ou des territoires, les peuples en paient le prix fort en flambées des prix à la consommation et en dessèchement des investissements pour l’école ou la santé.
L’humanité est balafrée quand près de la moitié des habitants d’une planète si riche vit avec moins de 6,85 dollars par jour alors que le chiffre d’affaires des cent premiers groupes d’armement a encore augmenté pour atteindre 632 milliards de dollars en 2023.
En articulant le combat pour le désarmement et la paix au combat pour la justice, le progrès social et la démocratie, on peut combattre les glissades vers le pire. Loin d’être inertes, les peuples dans leur diversité perçoivent plus ou moins confusément que le système politique et économique qui étend sa dure toile sur la planète est dépassé. Des résistances s’organisent partout.
Le siècle a commencé par des révolutions populaires – inachevées – dans les pays arabes et par un mouvement mondial des jeunes pour le climat. Le puissant mouvement international des femmes pour l’émancipation et l’égalité est de si haute portée qu’il bouleversera non seulement les rapports femmes/hommes, mais les fondements mêmes de nos sociétés, tout comme les mouvements antiracistes. Nous devons solidarité de combat aux femmes du monde, particulièrement au lumineux courage des femmes iraniennes et afghanes. Leur libération sera aussi la nôtre. Le retentissement mondial de l’attitude et des paroles de Gisèle Pélicot fissure encore un peu plus les murs des dominations. Les combats transnationaux de jeunes contre le capitalisme de plateforme comme celui des paysans travailleurs qui secoue tout autant l’Europe que l’Inde ou l’Amérique latine mettent en cause le capitalisme productiviste, extractiviste et destructeur du vivant alors que la majeure partie de l’alimentation dans le monde est fournie par des entités agricoles familiales.
L’an passé, 60 pays, soit la moitié de la population mondiale, ont tenu des élections. Partout, la démocratie bondit sur les scènes politiques, soit parce que les élections sont truquées, soit parce que les institutions financières internationales limitent les choix à des candidats, dont ils ont l’assurance qu’ils ne remettront pas en cause le capitalisme et ses stratégies de prédation, de guerres économiques, de guerres armées, de guerres sociales, soit encore parce que les dirigeants en place refusent comme en France de tenir compte des résultats des scrutins après avoir violé les résultats du vote populaire contre le Traité constitutionnel européen devenue la matrice des politiques actuelles.
De diverses manières, les travailleurs et les peuples ne sont pas décidés à se laisser faire.
Au Bangladesh, la Première ministre Sheikh Hasina n’a pas pu résister au mouvement populaire et a dû fuir son pays. En Thaïlande, le Premier ministre Strettha Thavisin, destitué par la Cour constitutionnelle, a dû quitter le pouvoir en août. À Séoul, le président Yoon Suk-yeol, lui, aussi destitué après avoir refusé de prendre en compte les propositions du parlement de son pays et avoir tenté d’imposer la loi martiale, est sous le coup d’un mandat d’arrêt. Et, constatant son incapacité à faire appliquer ses politiques, le Premier ministre canadien annonce son départ. Il y a quelques jours, le régime de Bachar Al-Assad a été balayé par les forces du groupe Hayat Tahrir Al-Cham, encore affilié il y a peu à al-Qaïda. Les forces démocratiques européennes doivent s’attacher à aider les travailleurs Syriens, la jeunesse syrienne à construire un avenir de justice et d’émancipation démocratique. Elles doivent tout à la fois apporter aides humanitaires et aides politiques contre la précarisation des réfugiés et pour empêcher les ingérences et les accaparements de territoires par le pouvoir israélien et pour mettre fin à la volonté de la direction turque d’éliminer les Kurdes. De son côté, le Premier ministre israélien B. Netanyahu, fortement contesté par son peuple, est, comme V. Poutine, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime de guerre et crime contre l’humanité. Sans le fort soutien politique et militaire nord-américain, le pouvoir israélien n’aurait pas pu ravager Gaza et tuer de 100 000 à 120 000 Palestiniens, civils dans leur immense majorité, ni mettre la Cisjordanie en coupe réglée, occuper le Golan et mener la guerre sur sept fronts. Les discussions qui ont actuellement lieu à Doha auront d’autant plus de chance d’aboutir au retrait des troupes israéliennes de Gaza, à la libération des otages israéliens, à la décolonisation de la Cisjordanie dans la perspective de la construction d’un État palestinien qu’elles se dérouleront dans le cadre d’un mouvement mondial pour la justice et la paix s’unissant au peuple israélien et palestinien.
Il en est de même des discussions engagées depuis plusieurs jours entre diplomates russes et ukrainiens sous l’égide de la pré-administration Trump. Le peuple ukrainien a déjà trop souffert dans sa chair. Le peuple russe n’est pas en reste avec un taux d’inflation de plus de 9 % qui ne cesse de l’appauvrir et des prêts bancaires de 20 % à 30 % qui l’asphyxient. Les Russes ont déjà perdu 600 000 soldats et l’armée ukrainienne des dizaines de milliers de soldats auxquels s’ajoutent des milliers de disparus, d’innombrables destructions et pollutions. Seuls les oligarques des deux côtés de la frontière et le système bancaire international ainsi que les complexes militaro-industriels y trouvent largement leur compte pendant que les jeunes Russes et Ukrainiens se font trouer la peau et que mille souffrances affligent les classes populaires sur tout le continent européen.
Voilà qui ne rend que plus urgente la nécessité de sortir du suivisme atlantiste et militariste des dirigeants européens. –Suivisme qui affaiblit tout projet commun européen tout en donnant des forces nouvelles aux extrêmes droites, dont certaines se réclament ouvertement du nazisme.
Changer de cap pour progresser vers une construction européenne indépendante et coopérative, notamment avec les pays du Sud, pour rechercher les voies de la mise en place d’une architecture de sécurité commune européenne incluant la Russie et l’Ukraine, permettant de dépasser l’Otan, est proprement vital. L’action unitaire pour qu’un projet de la paix, de progrès social et d’émancipation des fonds financiers, de bifurcation écologique devienne la colonne vertébrale d’une nouvelle construction européenne pour et par les peuples devient incontournable.
Une action devenue d’autant plus pressante que dans quelques jours le duo Trump-Musk prend possession de la Maison-Blanche. Un couple qui veut détruire ce qui reste des instances de régulation internationale, qui va accentuer les guerres économiques avec la Chine, qui veut faire de l’Europe une petite province dont l’imperium en difficulté continuera d’extorquer l’épargne des citoyens pour nourrir son complexe militaro-industriel, ses propres industries stratégiques de la haute technologie, des télécommunications et des satellites et veut annexer le Groenland, Panama et le Canada.
Afin de soumettre encore plus le capitalisme européen à l’impérialisme nord-américain, Trump et Musk poussent désormais ouvertement à la victoire du parti d’extrême droite héritier du fascisme en Allemagne ; ils soutiennent l’extrême droite au Royaume-Uni et font pression pour que le projet de la protofasciste italienne Georgia Meloni d’expulser les migrants dans des camps de rétention en Albanie se concrétise.
La profondeur des crises politiques en France et en Allemagne, alors que montent partout sur le continent des extrêmes droites agressives, est révélatrice des refus des dogmes des traités européens. Elles doivent interpeller et conduire à l’unité populaire la plus large, avec en France le déploiement vivant du Nouveau Front populaire, loin des querelles qui éloignent des aspirations et des besoins des classes populaires et des intérêts de la nation.
On voit ici à quel point et avec quelle urgence frappe à la porte l’impérative nécessité d’une union populaire et démocratique pour empêcher la bascule totale vers le pire à laquelle travaillent les forces dominantes.
L’enjeu pour elles est de sauver le capitalisme. L’enjeu pour les forces progressistes, les classes travailleuses et de la jeunesse doit être de le dépasser pour l’abolir.
Cependant, nous ne pouvons sous-estimer les efforts d’explication, de dialogue, de conviction pour mobiliser nombre de nos concitoyens en colère et en souffrance -qui, tout en cherchant à comprendre les complexités du monde – ne trouvent sous leurs yeux et à leurs oreilles que la propagande simpliste des milieux d’affaires les appelant à se soumettre face aux dettes que ces mêmes forces de l’argent créent ou celle des extrêmes droites, rabâchant que tous nos maux seraient le résultat de l’immigration. Deux faces d’un même système de persuasion visant à accréditer l’idée qu’il ne peut exister qu’un seul système : le capitalisme mondialisé et financiarisé.
Celui-là même qui fait qu’en France, l’année qui marque le premier quart du XXIe siècle, une personne sur trois à froid dans son logement et une personne sur trois se prive sur la nourriture. Celui-là même qui fait qu’ici, comme dans les pays en développement, les dettes servent en même temps à justifier la pauvreté et à creuser la dette écologique qui menace les pays pauvres et les travailleurs des pays occidentaux. C’est bien avec ce système qu’il faut finir. Chaque être humain, piéton du monde, peut devenir un actif atome de la justice et de la paix, un maillon de l’hospitalité et de la préservation du vivant.
À l’opposé de l’acceptation de la compétition, des concurrences, il peut faire valoir que l’intérêt de chacune et de chacun ne peut être servi que lorsque les intérêts globaux sont satisfaits.
À l’opposé de la marchandisation et des « valeurs d’échange » pour toute chose, il est possible de faire prévaloir les « valeurs d’usage » pour préserver tous les biens communs dans le cadre d’un démocratique processus communiste.
De multiples occasions vont se présenter au cours de cette année pour faire prévaloir l’humanisme, notamment lors du sommet de l’intelligence artificielle qui se tient au Rwanda en février, lors du sommet de l’Otan à la Haye, celui des Brics en août, la session de l’ONU en septembre et la 30e conférence climat à Belém au Brésil, ou lors des commémorations du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale au mois de mai. Ce moment devrait être celui d’une relance forte des mouvements pour la paix.
Les peuples, unis dans leur diversité, peuvent dès cette année ouvrir les voies menant à un monde de liberté, de justice et de paix. Leurs cris d’humanité portent loin. Ils appellent à prendre leur destin et celui du monde en main.
Patrick Le Hyaric
7 janvier 2025