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A chacune et chacun d’entre vous,
Je voudrais lire l’extrait d’un manifeste d’une puissante modernité :
« C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. »
Il est tiré de l’éditorial fondateur de L’Humanité écrit par Jean Jaurès le 18 avril 1904.
Il assignait ainsi au journal qu’il créait avec son équipe la mission d’informer, aider à comprendre les événements du monde pour l’objectif disait-il, de progresser vers ce grand but d’humanité par des moyens d’humanité.
Je continue de le citer tant ses propos résonnent avec l’actualité :
« À mesure que se développent chez les peuples et les individus, la démocratie et la raison, l’histoire est dispensée de recourir à la violence. Que le suffrage universel s’affirme et s’éclaire ; qu’une vigoureuse éducation laïque ouvre les esprits aux idées nouvelles, et développe l’habitude de la réflexion ; que le prolétariat s’organise et se groupe selon la loi, toujours plus équitable et plus large : et la grande transformation sociale qui doit libérer les hommes de la propriété oligarchique s’accomplira ».
Il s’agit ici d’un acte de confiance parce que sa conception du journalisme et du journal est d’être utile aux lectrices et aux lecteurs comme citoyens actifs et responsables en leur donnant tous les éléments leur permettant d’intervenir sur la marche de la société et du monde, de comprendre les événements, de rester maître de leur destin et de faire des choix.
Ainsi, l’information de qualité, qu’elle soit politique, sociale, économique, scientifique ou générale, est indispensable : elle a une « valeur d’usage ».
Le grand capital mondialisé nie désormais cette « valeur d’usage » au profit de ce que ses mandataires appellent un « marché des idées ». Oui, entendons bien : les idées feraient l’objet d’un « marché » comme on dit le marché de la viande ou le marché des voitures.
Derrière ce concept, il ne s’agit plus de confrontation d’idées, mais d’une bataille politique et idéologique de haut niveau pour détruire toutes les réglementations et régulations des moyens d’information et de communication au nom de la liberté de tout dire et de permettre à quelques grands groupes industriels et financiers de s’accaparer les médias non pas pour « des informations étendues et exactes », mais pour un projet politique correspondant aux nécessités de sauver le capitalisme. Son dernier atout pour ce faire est le déploiement de sa grande béquille partout dans le monde : l’extrême droite.
Il s’agit d’organiser une violente guerre culturelle et idéologique visant à peser dans le débat public, à empêcher le débat contradictoire, à effacer les idées de transformation sociale, démocratique, écologique, à créer des imaginaires aliénants.
Les logiques capitalistes de concentration répondent donc tout autant à des logiques d’accumulation du capital qu’à ce « marché des idées » soumis au poids croissant d’une multitude de secteurs culturels et sportifs, informationnels copiant le modèle Trump ou Berlusconi, allant jusqu’à préparer des candidats de droite extrême ou d’extrême droite aux élections majeures.
La classe capitaliste se donne ainsi les moyens de la bataille culturelle, idéologique et politique.
Qu’on en juge : en France, 81 % des quotidiens nationaux, 95 % des hebdomadaires d’information générale et politique, 40 % des cinquante premiers sites d’information, quatre radios généralistes, les chaînes de télévision privées sont la propriété de seulement huit hommes d’affaires milliardaires et de deux millionnaires. Et ce n’est pas fini si on laisse faire. Voici que de grands manitous du capitalisme achètent maintenant des écoles de journalisme et lancent des instituts pour former des candidats de droite et d’extrême droite en vue des différentes élections. On assiste même ces jours-ci à une tentative des porte-flingue de l’extrême droite de diriger le groupe Bayard, c’est-à-dire de grands journaux comme La Croix, Le Pèlerin et d’autres et surtout d’une grande partie de la presse jeunesse. Vraisemblablement, il s’agit pour eux de mener le combat au sein de l’Église catholique contre le pape lui-même.
Voyons de quoi nous parlons :
Le contrôle par Vivendi, propriété du groupe Bolloré, de Canal +, C8, Cstar, Cnews dans l’audiovisuel, s’étend aux industries culturelles reproductibles, c’est-à-dire aux activités de production et de commercialisation de biens culturels. En plus des chaînes Canal+ dans l’audiovisuel, Vivendi contrôle Hachette dans l’édition de livres, Prisma média dans la presse, Gameloft dans les jeux vidéo, Dailymotion dans la distribution de vidéos en ligne. Il faut y ajouter désormais Europe 1 et Le Journal du dimanche. À cela s’ajoute encore, ses parts dans le secteur de la publicité avec Havas, des salles avec l’Olympia et un système de billetterie mondial. Tout ceci constitue une incommensurable emprise sur l’information, son traitement, sa nature même, sur les industries culturelles et la création culturelle. Une emprise qui va jusqu’à placer des artistes ou des écrivains en situation de dépendance quand on n’interdit pas de les publier ou de produire leurs films. Ces chaînes de télévision sont les promotrices des campagnes anti-ouvrières, anti-services publics, racistes, anti-immigrés, homophobes à partir de l’exploitation de chaque fait divers, aussi condamnable et dramatique soit-il. C’est le rôle dévolu aux pseudo-émissions de débat en continu ou à celles de Cyril Hanouna, de Pascal Praud, de Morandini où l’on vous enjoint à faire des réponses de droite à des questions de droite. Ce sont ces chaînes qui ont promu habilement le proto-fasciste, M. Zemmour en même temps que celui-ci bénéficiait du label du Figaro qui a permis de mobiliser une partie de la bourgeoisie.
Nous nous éloignons toujours plus, d’une presse au service du bien commun, de la citoyenneté.
Dans de telles conditions, c’est un grand acquis du mouvement ouvrier, des mouvements sociaux, du mouvement progressiste et écologiste de disposer depuis 120 ans de L’Humanité.
Sans cacher ses parts d’ombre, notamment durant la période Stalinienne, d’erreurs au fil de l’histoire, L’Humanité, c’est d’abord un journal au service des combats pour la paix et les décolonisations, le journal de la justice sociale et environnementale, le journal du progrès social et humain, le journal de la culture, du partage des connaissances scientifiques et de la solidarité internationaliste.
Confiant dans ses lectrices et lecteurs et bien au-delà de toute celles et ceux qu’accable le capitalisme mondialisé, L’Humanité est le seul journal qui n’hésite pas à mettre à la disposition de toutes et tous des textes que les mandataires du capital veulent cacher. C’est ce qui a été fait du Traité de Maastricht puis du projet de traité constitutionnel européen afin de mettre à nu leurs contenus antisociaux et antidémocratiques et pour obliger à de grands débats nationaux du plus petit village jusqu’aux chaînes de télévision. L’Humanité a été la fédératrice du NON au référendum du 25 mai 2005.
Elle a eu la même audace en publiant les lois contre le code du travail ou la loi de la retraite à 64 ans.
L’Humanité, c’est le journal qui brandit comme une carte d’identité l’intitulé de l’une de ses rubriques « capital/travail ». Une prise de parti nette qui montre l’antagonisme de classe entre les possédants et celles et ceux qui n’ont que leur force de travail, une lutte des classes entre les propriétaires du capital et les travailleurs soutenus par une puissante lutte idéologique.
Ainsi, nous ne laissons pas accréditer l’idée que le travail est « un coût » et que les travailleurs doivent accepter le travail tel qu’il est la plupart du temps, c’est-à-dire aliénant et non-émancipateur. Ou encore cette idée en apparence de bon sens selon lequel « le patron donne du travail » alors que c’est l’ouvrier qui va vendre sa force de travail au prix non pas des besoins généraux de cet ouvrier, ni même pour les besoins de la société, mais au seul prix décidé par le patron et le système capitaliste et avec le seul objectif de vendre dans un système où la publicité est chargée de pousser la consommation. Voilà, qui doit nous inciter à revendiquer pour l’ensemble des travailleurs le pouvoir sur leur travail et sur la production.
L’Humanité, c’est ce journal qui combat les campagnes sur les prétendus « assistés que seraient les plus démunis pour éviter le débat sur la nature des richesses, l’origine de leur création par le travail des salariés et des paysans, et sur la répartition de ces richesses ou sur l’évasion fiscale.
L’Humanité, c’est ce journal qui combat le concept d’ « égalité des chances » qui sert à détruire le concept « d’égalité des droits », pourtant inscrit dans la Déclaration des droits de l’Homme et des citoyens.
Jamais l’exploiteur et l’exploité, le propriétaire du capital et celui qui vend sa force de travail pour valoriser ce capital ne sont à égalité. La déclaration des droits de l’homme et des citoyens devrait donc selon moi devenir « la déclaration des droits humains, du travailleur et du citoyen ». C’est tout le sens d’un processus communiste d’émancipation.
Chères ami-es- et camarades.
L’affaire est sérieuse et grave. Il s’agit, ici, d’une question politique, posée à tous les progressistes, tous les humanistes par-delà leurs histoires et leurs opinions du moment.
Les forces de l’inégalité des droits qui ont été vaincues en 1789 avec notamment l’abolition des privilèges, qui ont été vaincues dans la défaite du fascisme et du nazisme, redressent la tête. Des forces, politiques, idéologiques, médiatiques de l’inégalité des droits promeuvent l’inégalité par nature, cherchent à imposer l’idée qu’il y a des civilisations, des origines supérieures à d’autres, des croyances, des apparences, des sexes, des genres supérieurs à d’autres. Comment, malgré leurs défaites, ont-elles pu acquérir, en France et un peu partout dans le monde, le statut de pensées légitimes et cette force ?
Elles utilisent pour cela un totem pour la subversion anti-révolutionnaire depuis une quarantaine d’années : propagande continue contre la prétendue « invasion étrangère ».
C’est ainsi qu’ils s’attaquent à l’égalité des droits. Depuis 40 ans, le Parlement a voté 30 lois sur la question migratoire, et cela n’a résolu aucun de nos problèmes sociaux, démocratiques et écologiques. Ce n’est pas l’immigration qui est la cause des 280 plans de licenciements en cours et des 65 000 faillites d’artisans et de petites et moyennes entreprises.
L’obsession de l’immigré, l’obsession de l’étranger, l’obsession de l’ailleurs, l’obsession de l’autre, c’est le cheval de Troie pour faire tomber l’égalité des droits. Cela commence toujours ainsi. On commence à rendre cela comme une évidence. Contre l’égalité, ils opposent l’identité. L’étranger serait une menace pour l’identité. Puis ils inventent des catégories.
Il y aurait des « ayants droit » et des « sans-droits ». C’est à partir de ces raisonnements que se déploie une mécanique infernale visant à mettre en cause des droits fondamentaux : le droit à la santé alors qu’il ne saurait dépendre de l’origine, comme il en va du droit à l’éducation. Et, voici, que profitant des souffrances des classes populaires, on tente d’acclimater nos concitoyens à la prétendue injustice que représente l’aide médicale d’État. Et on en vient à braquer les projecteurs sur les mineurs non-accompagnés : le droit à l’éducation leur est refusé, à rebours des droits fondamentaux, de ceux de l’enfance et de l’humanité.
Des chaînes de télévision déversent aujourd’hui des choses terrifiantes, des mensonges, des fausses nouvelles violentes et humiliantes. Souvenons-nous de Pascal Praud qui imputait aux migrants la responsabilité des punaises de lit. Mais on peut trouver des exemples similaires concernant les questions de genre, les droits des femmes, les violences sexistes et sexuelles. Des idées qui violent le principe d’égalité.
Ce ne sont pas des idées comme les autres. Elles sont potentiellement meurtrières comme ces deux mots à l’explosive signification : le « grand remplacement ». Comme vous le savez, des crimes de masse ont été commis au nom de cette idéologie meurtrière en Nouvelle-Zélande et en Suède. Cette idée que notre peuple serait envahi et qu’il faudrait en chasser une partie.
Dès lors qu’au cœur du capitalisme et des projets actuels du Rassemblement national est posé l’enjeu majeur de l’adhésion par les exploités eux-mêmes de l’inégalité face au travail afin de permettre à ce système de tirer toujours plus de valeur de la sueur des travailleurs, le grand capital s’oppose à la conquête de droits pour toutes et tous. Le meilleur moyen d’y parvenir est d’attiser la division. Les femmes peuvent être moins payées. L’immigré de l’ancien empire colonial que le capital a fait venir aura moins de droits… Ect.
Autrement dit, la bataille idéologique vise aussi à accréditer l’idée que les grandes luttes féministes actuelles, les combats antiracistes, les luttes décoloniales sont extérieures au combat de classe alors qu’elles en sont au cœur.
Parce que c’est un organe de rassemblement, un journal du « commun », L’Humanité, depuis toujours, montre quotidiennement comment notre unité est tissée de pluralité, de multiples cultures, de multiples histoires.
On pourrait élargir le propos au droit international, aujourd’hui bafoué par les États-Unis quand ils interviennent en Irak sans mandat de l’ONU, par Israël qui détruit Gaza et colonise la Cisjordanie, par la Russie de Poutine, mais aussi par la France qui rompt notre orientation traditionnelle à propos du Sahara occidental pour s’allier au roi du Maroc. Et nous venons de vivre la semaine des contorsions du prince avec des explications accabrantesques autour de l’immunité du criminel de guerre Netanyahou, alors que La France est partie prenante de la convention de Rome créant la Cour de justice internationale.
Voici un trait distinctif des nationalistes : refuser le droit. Les adorateurs de l’ordre, l’ordre et l’ordre quand il s’agit d’un voleur de bicyclettes oublie leur programme quand il s’agit des grandes affaires du monde et de celui des affaires. Celui-là même qui s’égosille autour de l’ordre, M Retailleau est celui qui conteste « l’État de droit ».
L’Humanité combat la lutte des identités inventées pour protéger le capitalisme.
J’ai dit combien nos journaux ont été utiles et partie prenante du puissant mouvement contre la loi de la retraite à 64 ans en montrant qu’on ne peut traiter la vie des travailleurs, la vie des hommes et des femmes, au travers des tableaux comptables qui ne servent qu’à ouvrir la voie aux assurances privés. Dès lors que l’Humanité a produit un numéro spécial de décryptage sur les conséquences de la contre-réforme des retraites, tout en explorant les pistes de transformation alternatives, la donne a commencer à changer ; et le mouvement s’est élargi.
L’Humanité est toujours ce journal de la paix et de la justice. Elle ne propose pas à chacun d’entre nous, comme le font certains médias, de devenir un expert en stratégie militaire, ni n’accrédite l’idée de la nécessité de « gagner La guerre ».
Si elle est experte, c’est en mobilisations pour gagner la paix. Et nous le faisons en combinant les reportages sur le terrain, paroles d’experts croisées avec celles de militants des mouvements pour la paix, des personnalités d’opinions diverses qui agissent en ce sens. Lire, faire lire L’Humanité et L’Humanité magazine, c’est l’assurance de pouvoir élargir le nombre de celles et ceux qui peuvent – dans ce monde tourneboulé, dans ce monde en ébullition se repérer et pouvoir agir. Agir pour des initiatives diplomatiques, contre la banalisation de l’utilisation des armes nucléaires et pour la mise en place d’un système européen de sécurité commune pour tout le continent européen pour se débarrasser de L’OTAN.
L’Humanité démontre régulièrement à quel point le surarmement prépare l’anéantissement du genre humain. Rendons nous compte : les dépenses d’armement vont dépasser 2 500 milliards de dollars, alors que le Programme alimentaire mondial évalue à 5,5 milliards la somme qu’il faudrait pour éradiquer la famine dans le monde.
Depuis toujours, L’Humanité soutient le droit international, pilier de la lutte pour la reconnaissance d’un État palestinien. Depuis le premier jour, elle a documenté le blocus de Gaza et la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est par des enquêtes, des reportages, des colonnes ouvertes aux juristes, aux militants de l’aide alimentaire, aux mouvements israéliens de la paix et du combat contre l’apartheid et de l’effroyable guerre à Gaza.
Elle n’a ni sous-estimé, ni soutenu de quelque manière que ce soit la gravité des attaques meurtrières du Hamas qui ont tué 1200 Israéliens, mais elle a révélé pourquoi et comment la direction israélienne avait créé ce mouvement terroriste pour diviser et stériliser l’Organisation de Libération de la Palestine. Elle montre le chemin de la justice et de la paix notamment en contribuant à développer un mouvement international contre le soutien américain et la complicité européenne, alors qu’il est possible de rompre l’accord d’association avec Israël.
L’Humanité est restée fidèle à l’un des préceptes fondamentaux de sa fondation : « La réalisation de l’humanité », c’est-à-dire un monde poussé vers un plus haut degré de civilisation, un monde « des communs ». Penser à partir des « communs » est à la fois le processus par lequel on pourra gérer les ressources en respectant les hommes, la nature et les animaux, mais aussi la condition pour prévenir les conflits et de gagner non plus des guerres, mais la grande paix humaine. La paix est elle-même un bien commun.
Celles et ceux qui ont lu L’Humanité n’ont pas été surpris du résultat des élections aux États-Unis, car les journalistes de L’Humanité ont, au travers de plusieurs reportages, montré à quel point les classes populaires n’étaient pas satisfaites de la politique du Parti démocrate. Sans oublier de démontrer le caractère proto-fasciste de Trump en croisant les avis d’intellectuels américains et européens.
En permanence, L’Humanité s’attache à mettre les choses à l’endroit en menant le combat idéologique sur le sens même des mots égrenés dans le débat public. Des mots « marqueurs » : « Souverainisme » « autorité » « fermeté » « contrôle » « bataille civilisationnelle ». Des mots répétés pour fermer toute perspective à travers un nouvel imaginaire : ce qui dominerait à gauche serait ainsi, tantôt l’ultragauche ou « l’islamo-gauchisme », tantôt « l’éco-terrorisme ». Ces mots-concept visent pour les forces du capital, à occuper tout l’espace idéologique en déportant celui-ci toujours plus vers une droite extrémisée ouvrant la porte au pire.
L’utilité de L’Humanité et des médias alternatifs doit être mesurée à l’aune des combats contre les fonctions de reproduction des idéologies et des valeurs dominantes des médias que construisent les classes dominantes. Par les contenus, les images, les normes, les mots et les valeurs qu’ils véhiculent dans les bulletins d’actualité, dans les fictions comme dans le divertissement.
Par exemple : face à la montée des prix, les grands médias ne poseront jamais les questions relatives aux salaires ou sur le blocage des prix, mais produiront une multitude de reportages sur la manière de faire des économies sur vos achats. En permanence, on suggère ainsi que si vous arrivez le 20 du mois avec seulement 80 € sur votre compte bancaire, c’est que vous ne savez pas gérer votre budget.
Depuis des mois, un matraquage sans précédent s’abat sur notre temps de cerveau disponible pour que les plus défavorisés acceptent une gestion austéritaire du pays et au-delà de L’Europe, pendant que les gouvernants s’attachent à déployer une économie de guerre. Guerre sociale, guerre économique, guerre idéologique qui toujours, prépare les guerres armées. Là encore, leur cheval de Troie, telle une actualisation du monologue d’Harpagon de Molière, on crie en cœur sur les plateaux de télévision et dans les cabinets ministériels : la dette, la dette, la dette. L’Humanité montre qui crée de la dette et pour quels objectifs : aspirer toujours plus les finances publiques, mais aussi les fruits du travail dans les entreprises pour gaver les prêteurs, c’est-à-dire les grandes banques internationales et les marchés financiers. On vole votre temps de cerveau disponible pour mieux vider votre porte-monnaie.
Au nom de cela, il faudrait encore rogner sur les rémunérations du travail, mettre à bas la sécurité sociale, détruire le statut de la fonction publique, privatiser l’électricité et les services publics, autrement dit, détruire de grands conquis communistes.
Jamais on aide les gens à réfléchir sur les causes de la dette qui augmente aussi vite qu’ils grossissent ses intérêts qui ne profitent qu’aux institutions financières, ni ne sont évoqués les cadeaux fiscaux faits au grand patronat, sans parler de l’évasion fiscale qui atteint 80 milliards d’euros.
Face aux modifications climatiques, les médias dominants ne poseront jamais les questions fondamentales : celle d’un modèle de développement nouveau à inventer et d’une transition industrielle et agricole. Mais ils demanderont de ne pas remplir la baignoire et de fermer le chauffage. Au nom du « on peut faire chacun quelque chose », on exonère le capitalisme prédateur des hommes et de la nature.
De grands médias au service du capital international expliquent que les traités de libre-échange comme ceux du MERCOSUR ou le Ceta sont nécessaires à l’emploi et à la prospérité. En vérité, un traité de libre-échange vise à codifier la seule liberté de circulation du capital et des marchandises dans une compétition mondiale qui sacrifie les salaires, les revenus paysans, l’environnement et la santé pour le seul profit des groupes capitalistes transnationaux.
Au-delà de l’information, c’est dans un bain culturel général, dans un imaginaire d’insécurité que les télévisions plongent les téléspectateurs avec des fictions où règnent en maître les voyous, leurs crimes et les enquêtes sur ces crimes.
Voilà qui fait surgir devant nous, une vraie régression, un lourd problème politique et philosophique : la démocratie.
La démocratie, c’est la capacité de mettre au cœur du débat d’opinion un rapport au réel, un rapport à des vérités et des faits, un rapport à la connaissance.
Nous sommes entrés dans une époque où les pouvoirs, ici comme aux États-Unis, sont complices de l’installation de médias de masse qui détruisent, sous prétexte de la liberté d’expression, la vérité des faits. Aujourd’hui, le travail d’information a pour adversaire le droit de tout dire, de dire n’importe quoi, y compris le pire, y compris l’abject, comme s’y emploient les plates-formes de réseaux sociaux à base nord-américaine.
Voilà qui rehausse considérablement l’ensemble des activités du groupe L’Humanité qui se compose d’un quotidien L’Humanité, d’un Magazine L’Humanité Magazine, d’un trimestriel sur les enjeux de l’alimentation, de l’agro-écologie et du lien villes-campagnes, la Terre, de fêtes de L’Humanité, dont la grande fête de mi-septembre, d’une régie publicitaire et événementielle, de journaux numériques, de Hors-série et de livres, d’une présence permanente sur les réseaux sociaux, et de l’édition numérique du matin qui s’appelle L’Humatinale. Au total, la force de frappe de L’Humanité, mesurée par les organismes officiels, permet de toucher chaque mois 7,5 millions de personnes, dont de nombreux jeunes évidemment de parcours, d’histoires, d’opinions très diverses.
Les équipes de l’Humanité sont pétries d’éthique. Les informations sont vérifiées, l’ouverture aux connaissances et à la culture constante, la solidarité internationaliste une marque de fabrique, la question sociale un marqueur.
120 ans que, dans le droit-fil des combats de Jaurès et de Marx, L’Humanité s’attache à faire le lien entre tous les progressistes, les syndicalistes, les actrices et acteurs du mouvement associatif.
C’est un atout considérable pour faire réussir, dans les conditions actuelles, un nouveau Front populaire ancré dans les luttes et le réel pour le transformer en un processus communiste. Un processus rendu possible grâce à la mise en commun des combats pour la justice, la paix et l’écologie, de la culture, des connaissances, y compris celles que révèlent les traductions actualisées des œuvres de Marx et que L’Humanité s’attache à faire connaître.
120 ans, au cours desquels il y a eu des ombres, mais aussi 120 ans de combats, marqués par des censures, par des exécutions de dirigeants de l’Humanité par les nazis et le pouvoir de Vichy.
120 ans de succès aussi. Du journal du Front populaire, à celui qui accompagna le conseil national de la Résistance, celui de mai 1968 à celui qui agit pour la paix au Vietnam et en Algérie, celui qui a été aux côtés de Sacco et Vanzetti, d’Angela Davis comme il se porte en avant aujourd’hui pour Mumia Abu Jamal ou Marwan Barghouti et tous les prisonniers politiques palestiniens, kurdes, les femmes afghanes, le mouvement Femmes Vie Liberté en Iran et tant d’autres, dont Boualem Sansal en ce moment. On ne combat pas des idées, des controverses et des désaccords aussi profonds soient-ils par des décisions administratives et de l’emprisonnement
120 ans d’un journal et d’une fête, partie intégrante de l’identité de La France.
120 ans que la classe ouvrière, la paysannerie, les créateurs, les chercheurs et scientifiques, la jeunesse ont la chance de disposer d’un journal du processus communiste : L’Humanité, véritable sentinelle pour que vivent l’unité populaire et la démocratie.
Depuis 120 ans, nous faisons nôtres ces mots de Jean Jaurès dans son dernier éditorial de L’Humanité : je le cite :
« Ce qui compte avant tout, c’est la continuité de l’action, c’est le perpétuel éveil de la pensée et de la conscience ouvrière. Là est la vraie sauvegarde, là est la garantie de l’avenir ».
Le 30 novembre 2024
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