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L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 10 au 13 juin 2021 – par Patrick Le Hyaric.
Les prochaines élections régionales et départementales des 20 et 27 juin concernent la vie de chacune et de chacun. En dépendent le nombre et le fonctionnement des crèches, des lycées, des collèges, de certains équipements de santé et d’accueil des personnes âgées, comme des transports publics ; des facilités plus ou moins grandes de pratiquer un sport, d’accéder à des activités culturelles, de bénéficier d’aides ou de logements sociaux. Mais aussi de l’équipement numérique des écoles. Et bien d’autres éléments qui conditionnent la qualité de vie.
Mais le pouvoir et d’autres forces ont décidé d’utiliser ces échéances pour parachever l’explosion du paysage politique afin de créer les conditions d’un second tour des élections présidentielles Macron-Le Pen dont nos concitoyens ne veulent pas. La valorisation largement pratiquée des idées d’extrême-droite ne favorisant que cette dernière et sûrement pas l’exigence légitime de nos compatriotes de vivre en sécurité et libres, dans tous les domaines et tout au long de leur existence. Tout démocrate devrait s’acharner à déjouer ce terrible scénario par la promotion de débats fondamentaux. Ne pas le faire reviendrait à préparer un avenir très sombre.
Les régions ont en effet acquis, avec les différentes lois de décentralisation et singulièrement depuis la loi de 2015 dite « loi NOTRE », des compétences étendues et cruciales. Notamment dans le champ économique avec le Schéma régional de développement économique qui détermine l’utilisation des sommes colossales d’argent public qui transitent par ces collectivités. Le pouvoir antérieur fit précéder cette loi d‘un agrandissement-redécoupage des régions visant à les intégrer à l’Union européenne. Celle-ci leur consacre désormais plus d’un tiers de son budget via les fonds structurels ! C’est par leur intermédiaire que la Commission européenne compte déployer son plan de relance pour soumettre nos vies aux puissances d’argent.
L’enjeu est donc énorme de se doter d’élus qui veilleront à utiliser cet argent pour qu’il serve le développement écologique et social des territoires, ou qui mèneront avec les habitants des combats contre les exécutifs de droite et libéraux. Sinon se perpétueront les versements à fonds perdus dans la trésorerie des grandes entreprises, sans droit de regard ou conditionnement de ces aides publiques qui seraient tant utiles pour créer des emplois nécessaires, durables et bien rémunérés. Tant utiles à l’innovation, au financement de la transition sociale et environnementale, à celle de l’agriculture paysanne, à la réindustrialisation des territoires, à l’entretien des infrastructures et à l’aménagement des territoires.
Les départements, quant à eux, ont montré au plus fort de la pandémie une utilité que leur ont déniée les pouvoirs successifs. Ils ont assuré la continuité de l’aide sociale, médico-sociale, et celle de nombreux services publics. Par l’exemple, ils ont apporté la preuve de l’absurdité qui consiste à transférer aux régions comme aux métropoles des compétences toujours plus importantes au détriment de cet échelon démocratique, réactif et proche des habitants qui croule sous les transferts de charge non compensés par l’Etat. Leur vitalité les rend incontournables pour asseoir les politiques publiques sur l’exigence démocratique. Il est d’importance de les doter de majorités ou d’élus combattifs, parmi lesquels, là où ils sont présents, les candidats communistes et associés, au moment où le gouvernement prévoit avec la loi dite « 3D » (décentralisation, différenciation et déconcentration) une évolution fédéraliste de notre République par la mise en concurrence des territoires. Les enjeux sont donc énormes. Raison de plus d’être aux côtés de nos concitoyens pour ne pas les laisser prisonniers d’une lecture politicienne de ces scrutins. C’est de leur vie quotidienne dont il s’agit. Il vaut bien mieux en être que de s’abstenir.