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Tournant définitivement la page de ce qui restait de la doctrine française au Proche-Orient, jamais un gouvernement français n’avait été aussi loin dans son soutien au pouvoir israélien, colonisateur et occupant, dont le premier ministre cherche sa réélection sous des tapis de bombes et de cadavres.
Non content de s’abstenir de toute initiative diplomatique et politique, voici qu’un nouveau cap est franchi par l’interdiction – la seule au monde ! – opposée aux défenseurs du droit international de s’exprimer et de manifester pour la justice et la paix. Le pouvoir ne voit-il pas la nouveauté d’une situation où Jérusalem, ville « trois fois sainte » pour les juifs, les chrétiens, et les musulmans, se trouve au cœur d’un large mouvement essentiellement composé de la jeunesse palestinienne, agissant en toute autonomie et loin des pouvoirs constitués ?
Grâce à elle, un nouvel horizon s’ouvre dans le combat contre les tentatives d’Israël d’émietter les quartiers de Jérusalem en expulsant les familles palestiniennes et détruisant leurs foyers. Comment oser qualifier celles et ceux qui expriment leur solidarité d’antisémites ? Ils ne réclament massivement que l’application du droit international et la reconnaissance de Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien.
Au diapason du gouvernement israélien, le pouvoir français prend prétexte des roquettes providentielles du Hamas pour ignorer le mouvement populaire et les forces démocratiques palestiniennes, laissant perpétuer le pilonnage de Gaza, la politique d’apartheid, les milliers de postes de contrôle, le vol des maisons, des terres et de l’eau, les destructions d’infrastructures, jusqu’au bâtiment qui abritait les médias internationaux.
Les extrémistes israéliens au pouvoir et le Hamas se nourrissent ainsi l’un, l’autre pour boucher toute issue politique sur la base des résolutions de l’ONU, profitant de la léthargie de la direction palestinienne comme du comportement cynique de la plupart des pays arabes et des forfaitures de Donald Trump.
Il reste une donnée incontournable : la responsabilité d’un État souverain armé jusqu’aux dents avec l’aide des puissances occidentales n’est pas la même que celle d’un peuple occupé et privé de tous ses droits depuis cinquante-quatre ans. Au lieu d’une indigne propagande, la diplomatie française se grandirait à multiplier les initiatives et à intervenir au Conseil de sécurité des Nations unies pour exiger l’arrêt des bombardements et des tirs de roquettes, réclamer le déploiement d’une force de protection internationale, l’application du droit international impliquant l’arrêt immédiat de la colonisation, la préservation du statut de Jérusalem-Est, l’octroi des mêmes droits civils et politiques aux Arabes israéliens et aux juifs, la reconnaissance de l’État de Palestine.
La France s’honorerait en affirmant clairement qu’elle ne partage aucune des valeurs de l’extrême droite israélienne, ultraconservatrice, théocratique, raciste et violente. Elle dispose d’atouts, dont l’enquête de la Cour pénale internationale, les rapports d’Amnesty International, ceux de Human Rights Watch et de l’organisation israélienne B’Tselem, la reconnaissance par la Cour de justice européenne des actions « Boycott, désinvestissement, sanctions » comme formes de lutte non violente.
Honneur à celles et ceux qui manifestent leur solidarité et réclament le respect du droit international ! Ils sont la France des Lumières, patrie des droits humains et de la solidarité internationale.
Patrick Le Hyaric, éditorial de l’Humanité du 17 mai 2021
1 commentaire
Un dénouement à deux Etats ne demanderait rien de plus que la Constitution originale authentique par Etat, Les Peuples d’Israël etde la Palestine en sortiraient grandis, et ça coûterait infiniment moins cher ; mais faut pour cela aimer tout le monde ; préférer la paix gratuite à la guerre, l’harmonie à l’adversité ; le bien au mal de façon réciproque.