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L’éditorial de L’Humanité du mardi 04 mai 2021 – par Patrick Le Hyaric.
En le parrainant lui-même, le premier ministre a tenu à signifier la portée politique de l’accord conclu entre le président de droite sortant de la région Paca et le parti présidentiel. « C’est un exemple de recomposition politique », a insisté M. Castex. Édouard Philippe se targuait déjà de « faire travailler la poutre de la recomposition politique ».
L’objectif de l’opération n’est en rien d’empêcher la victoire de l’extrême droite dans la région. Si telle était leur intention, un accord aurait pu être scellé après le premier tour. Rappelons qu’aux précédentes élections régionales en Paca les forces de gauche s’étaient retirées au second tour pour barrer la route à l’extrême droite, sacrifiant ainsi leur présence au conseil régional pendant six longues années. Là est le courage ! Pas dans le bidouillage pour sauver des places.
L’enjeu est évidemment tout autre. Il plane ici comme un parfum d’élection présidentielle pour laquelle on cherche, en haut lieu, à fusionner les électorats de la majorité présidentielle et de la droite. Pourquoi ? M. Macron a échoué à structurer une force politique élargie et inscrite dans les territoires. La nomination de M. Castex à Matignon après les élections municipales n’a rien changé à l’affaire. Ce scrutin a, au contraire, montré la persistance d’un clivage gauche-droite. Il faut donc sauver le soldat Macron et préparer une vraie cohabitation-fusion avec un premier ministre issu d’une majorité de droite après les législatives, dans le cadre d’une « alliance sur les idées », comme le professe le porte-parole du gouvernement.
Les mandataires des puissances industrielles et financières s’entendent ainsi parfaitement pour préparer ce qu’ils appellent « l’après-pandémie » et empêcher toute remise en cause des intérêts capitalistes. Quitte à orienter la colère vers le réfugié ou le chômeur, au moment où les « premiers de corvée » font l’expérience de l’absolue contradiction entre leurs intérêts et ceux des « premiers de cordée » qui se gavent comme jamais.Dans l’actuel contexte, et si les forces de gauche ne parviennent pas à être repérées comme des alternatives progressistes, les signataires d’un tel accord ouvrent encore plus la porte à l’extrême droite, qu’ils prétendent par ailleurs combattre. Du reste, sur l’autre flanc droit, M. Ciotti affirme n’avoir rien à reprocher à Mme Le Pen, si ce n’est sa « capacité à gouverner ». M. Ciotti a-t-il fait acte de candidature au poste de premier ministre de Mme Le Pen pour l’aider à combler ses lacunes ? Dans ce grotesque jeu de chaises musicales, remarquons que la tête de liste d’extrême droite fut ministre de M. Sarkozy et que l’ancienne tête de liste socialiste M. Castaner est l’un des acteurs de cet accord politicien. C’est le glissement spectaculaire du spectre politique vers les droites extrémisées qu’il faut combattre.
Les classes populaires ont tout à perdre de ce jeu de dupes qui ne vise qu’à offrir un solide bouclier au capital et ses représentants. Il y a urgence à desserrer l’étau par une proposition politique audacieuse de progrès, nouvelle et fédératrice.
2 commentaires
L’information est vraie, les personnes de condition assez modeste ou modeste sont perdantes avec tant d’extrémismes de droite, séries et escalades d’abus envers elles. Mais il faut des alternatives bien construites, universalistes ; au-delà de progressistes. Parce que les personnes se débattant avec les injustices actuelles ne peuvent pas attendre, faire attendre, c’est incompatible avec la nouvelle situation d’urgence sans parler de la crise sanitaire mais en parlant de la crise politique illustrée par la propagande extrémiste sur fond de prophétisation d’une guerre civile alors que les personnes du pays profond parle de la déshumanisation du pays en tombant souvent d’accord et d’une nécessaire et indispensable réhumanisation qui demande le progrès culturel réel, le progrès syndical réel…
vivre fabien Roussel