- Views 2008
- Likes 0
L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 04 février 2021 – par Patrick Le Hyaric.
Quel flou ! Les incertitudes s’accumulent au rythme des mutations de ce maudit virus. La litanie des restrictions provoque une angoisse terrible, redoublée par le mal-être, les multi-crises et les chantages au remboursement des dettes contractées. Chacun sent bien que le bout du tunnel est encore très loin et que seul le vaccin pourrait nous en rapprocher. C’est donc sur ce terrain que se joue en ce moment même une lutte d’envergure entre le capital et l’intérêt général.
Les institutions européennes et les gouvernements feignent de découvrir l’aspiration à la mise en commun des brevets. Pourtant, ce sont eux qui, lors de la conférence de l’Organisation Mondiale du Commerce réunie à Doha en 1994, ont adopté un traité dit ADPIC (1) sur la privatisation du brevetage du vivant et la propriété intellectuelle. Cet accord visait à assurer la suprématie des oligopoles pharmaceutiques nord-américains, européens et japonais contre l’Afrique du Sud, l’Inde et le Brésil, au moment où il fallait mener le combat contre le SIDA.
Un rapport sur les traitements du cancer publié par l’Organisation mondiale de la santé, le 18 décembre 2018, explique clairement le mécanisme : « les compagnies pharmaceutiques fixent les prix selon leurs objectifs commerciaux en cherchant à obtenir le maximum qu’un acheteur est prêt à payer pour un médicament ». C’est exactement ce que nous sommes en train de vivre avec les vaccins anti-Covid.
Voilà qui explique l’opacité des contrats et une distribution au compte-goutte qui ne sert qu’à faire monter les prix et les cours des actions en bourse des groupes pharmaceutiques, au seul bénéfice de leurs actionnaires. Les appels de l’OMS, de plusieurs pays en développement dont le Costa-Rica qui en a pris la tête, de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement et maintenant du Conseil de l’Europe, visent à permettre à tous les peuples d’accéder aux traitements grâce à une licence libre de droit.
Les grands monopoles pharmaceutiques n’en ont cure et refusent le partage des technologies, aggravant encore l’inégalité devant l’accès aux vaccins. Jusque-là, le gouvernement américain refuse de voter la résolution (2) proposant de mettre en commun les innovations, les données scientifiques et les brevets sous l’égide de l’OMS.
Voici qui démontre à quel point les traités de libre-échange impulsant le capitalisme mondialisé et financiarisé, incluant le texte ADPIC, sont néfastes au point d’être criminels. Face à l’urgence, la France devrait réclamer dans les meilleurs délais une réunion des Nations Unies pour une mobilisation mondiale contre la pandémie, y compris en mobilisant tous les laboratoires pharmaceutiques mondiaux pour la production des vaccins.
Les producteurs de vaccins gorgés de fonds publics ne pourront continuer très longtemps à mettre ces enjeux sous le tapis. L’initiative citoyenne européenne qui appelle à faire des vaccins des biens publics mondiaux, relayée en France par le Parti communiste, d’autres forces politiques et de nombreuses associations et syndicats, trouve un écho grandissant.
Le rapport de force contre le “Big Pharma” (l’industrie pharmaceutique) se durcit sous pression populaire. Une majorité de citoyens, ici et ailleurs, soutenue par des médecins et professeurs de renom dont le professeur Axel Kahn, comprend que l’argent doit aller à l’hôpital et non au capital et que l’industrie pharmaceutique doit devenir propriété publique.
Et si à l’impérialisme succédait l’internationalisme sanitaire, prélude à une toute autre mondialisation ? Gagner la bataille de la licence libre serait, dans l’immédiat, une œuvre pour la sécurité de vie planétaire, et, à plus longue échéance, riche de perspectives politiques. Menons-la donc avec force !
1- Agreement on Trade-Related Aspects of Intellectual Property Rights – Accord relatif aux brevets et à la propriété intellectuelle.
2-« COVID19 Technology Acces Pool » – Groupement d’accès aux technologies contre la COVID-19 (C-TAP)
4 commentaires
C’est du communisme universaliste sanitaire que vous proposez, cela mérite considération et inclusion, je pense, mais il faut en débattre avec les libéraux universalistes et avec les socialistes universalistes. La question pourrait être posée par référendum mais la pandémie empêche le déroulement de référendums ou il faut changer de mode de vote en Union Européenne.
Merci de dépasser, il faudrait que ce soit tout le temps, le communisme godillot.
Super fan
André Nicolas
Comment se fait il que l’humanité ne défende pas le traitement du professeur Didier Raoult attaqué de toutes part par les labos pharmaceutiques qui veulent nous fourguer leur médocs et vaccins qui vont coûter très cher à la sécurité sociale, alors que le traitement du professeur ne coûte pratiquement rien et a démontré son efficacité et son utilité sur toute la planète
vivre l’humanité
POUR LE JOURNAL