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L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 19 novembre – par Patrick Le Hyaric.
Une haletante course de vitesse est engagée sur l’ensemble de la planète entre un virus tueur et la recherche de traitements et vaccins. 1 250 000 vies ont déjà été volées par le Covid-19 alors qu’une troisième vague est envisagée avec fatalité. Dans un contexte aussi anxiogène, l’annonce de la découverte d’un vaccin a soulevé un vent d’espoir. L’Organisation mondiale de la santé vient, de son côté, d’annoncer que 48 vaccins sont en phase d’essai clinique. L’espoir se situe à hauteur du drame qui se noue chaque jour, avec ses terribles conséquences sanitaires, sociales, économiques, psychologiques, culturelles et civilisationnelles.
Les étapes sont cependant loin d’être franchies avant que ces traitements ne puissent être mis à disposition de tous. Les protocoles médicaux doivent être scrupuleusement respectés et des doutes persistent sur leur production et distribution. Malheureusement, ce sont une nouvelle fois des groupes privés – bénéficiant pourtant de substantielles aides publiques – qui mènent la danse dans le cadre d’une guerre économique sans merci, espérant en tirer de substantiels profits et accumuler du capital. Ainsi ces jours derniers, la firme nord-américaine Pfizer, associée à un laboratoire allemand, a annoncé un vaccin utilisant des techniques biomédicales nouvelles. Par parenthèse, bravo l’Europe unie de la santé !
Cette simple annonce a suffi pour enflammer les bourses mondiales. Le capitalisme a ce pouvoir de faire gagner, sur une simple information, beaucoup d’argent à ses maîtres qui espèrent, une fois le vaccin inoculé, pouvoir reprendre les affaires dans les conditions antérieures à la crise sanitaire. Avec les mêmes excès, le même égoïsme, la même violence augmentée de l’effondrement du tissu économique des petites et moyennes entreprises et du pouvoir acquis par les plateformes numériques.
Une nouvelle fois, les progrès médicaux, fruits du travail de scientifiques, financés pour partie avec de l’argent public et rehaussant considérablement les capacités humaines, fructifient le capital alors qu’ils pourraient être le moyen de diminuer les coûts de production au service de l’intérêt général.
Toute personne raisonnable devrait pourtant retenir de l’épreuve que nous vivons que la santé n’a pas vocation à être laissée aux seules multinationales. Une action forte devrait être lancée pour que les vaccins sécurisés deviennent des biens communs et universels.
L’Organisation mondiale de la santé a lancé une initiative baptisée COVAX pour centraliser la recherche sur le COVID-19 et assurer la distribution équitable des vaccins sur l’ensemble de la planète. Elle réunit États, acteurs publics et privés. 184 pays dont la Chine ont décidé de s’y engager. Les Etats-Unis devraient désormais les rejoindre. L’Union européenne a décidé d’y recourir en finançant le dispositif à hauteur de 500 millions. C’est trop peu et les pays européens se grandiraient à hausser leur contribution.
Au-delà, il apparait aberrant que la recherche vaccinale soit laissée à la discrétion des seuls laboratoires privés cotés en bourse. La France, qui a bâti son savoir scientifique sur la force du service public devrait tendre vers un grand service public coopératif de la recherche et de la santé incluant de nouvelles « nationalisations » d’un type nouveau. Et pourquoi ne pas proposer à d’autres pays européens de le construire ensemble? Voici un sujet de réflexion pour le commissaire à la planification ! Par contre l’Union européenne finance actuellement de grandes firmes pharmaceutiques pour une valeur de 2,1 milliards d’euros, dans l’opacité la plus totale. On ne connaît pas le prix de la dose de vaccin qui serait mis à disposition, ni qui serait responsable d’effets secondaires, si par malheur il y en avait, ni qui aura la propriété intellectuelle des brevets.
Si un mouvement populaire mondial obtenait que ce vaccin soit considéré bien commun de l’humanité, par conséquent gratuit, une nouvelle ère pourrait s’ouvrir sur des bases de partage et de fraternité.
2 commentaires
Je profite de cet espace pour signaler à l’Huma que depuis le premier confinement, je ne reçois ni l’HUma du jour ,ni l’HUMa dimanche alors que je suis prélevée.Je veux bien offrir ma cotisation mais j’aimerais ,reçevoir mes journaux et mon hebdo.!!!!!
Non aux profits sur la pandémie. OK.
Quid des profits sur la santé ?
Quid des profits sur les énergies, sur l’eau, sur les transports et services “au public”, sur l’exploitation des êtres humains et la destruction de la planète ?
Y a-t-il chez des communistes l’espoir et la volonté d’un “great Reset” dans le sens de l’humain ?