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Les hasards de la vie nous ont permis d’acquérir l’original d’un texte de Jean Jaurès intitulé « Notre crise » daté du 5 octobre 1906. Nous souhaitons mettre le fac-similé de ce déchirant cri d’alarme à la disposition des lectrices et lecteurs et, au-delà, de toutes celles et ceux qui sont attachés à la vie et à l’histoire de l’Humanité. Il porte le témoignage que l’existence de notre journal n’a été, dès l’origine, qu’une succession de combats quotidiens.
Ceux-ci ont souvent été gagnés au prix du sang et d’immenses sacrifices par les équipes successives, par l’engagement des lectrices et des lecteurs, des élus et militants socialistes puis communistes, et par toutes celles et ceux qui se sont engagés aux côtés de ce journal devenu l’un des principaux titres de la presse quotidienne nationale.
On perçoit dans ce texte la force du combat mais aussi la détresse face au mur des difficultés qui assaillent le journal de l’émancipation prolétarienne et humaine, de la République et de la laïcité, de l’unité et du mouvement syndical. « Pour moi qui ai mené depuis plus d’un an sous le fouet d’incessants soucis, une vie terriblement dure, je puis me rendre ce témoignage que je cède, non pas par lassitude ou lâcheté, mais à la dernière extrémité » écrit Jaurès après avoir souligné : « c’est pour moi et mes collaborateurs une douleur profonde de voir avorter l’effort de travail et d’intégrité que nous avons fait ici ». On mesure ici le découragement et le doute. Mais ce combat sera victorieux puisqu’en quelques semaines l’Humanité repartira de l’avant. Bien des difficultés et des crises ont depuis frappées notre journal. A chaque fois, les mobilisations des militants comme des équipes ont permis de sortir la tête de l’eau.
Nous sortons d’une pénible période, livrés à la merci de rapaces qui ne rêvent que de garnir leur nid de la force et de la beauté du titre « l’Humanité » pour en détourner l’orientation éditoriale. Le redressement de nos finances nous met enfin hors de danger immédiat. Mais les effets pervers de la pandémie, conjugué à la crise de la distribution font très mal à toute la presse. A ceci s’ajoute la prédation des grands groupes numériques nord-américains qui se gavent du travail pillé des journalistes et des créateurs. Laisser faire c’est entraver la démocratie.
Dans ce contexte, aucun cadeau n’est fait à l’Humanité. Certes, elle ne fait plus face aux ciseaux de la censure. Mais elle est affaiblie par la discrimination dans l’accès aux campagnes de communications publicitaires, par le barrage mis à l’accès des plateaux télé ou radio alors qu’il suffit d’émarger à un petit site d’extrême-droite pour y avoir table ouverte. Jamais un journaliste de l’Humanité n’est invité dans un voyage international du président et des ministres. Nous allons continuer de nous battre pour que cela change.
Nous allons également nous donner de nouveaux moyens pour contrebattre cette censure déguisée en améliorant encore la qualité de nos journaux et en travaillant à de nouveaux projets de modernisation de notre plateforme numérique en combinant l’écrit, la radio et plus de vidéos.
Ceci coûte évidemment cher. C’est la raison pour laquelle nous proposons d’agir dans trois directions :
1- Nous relançons une souscription populaire pour « donner des moyens de développement à l’Humanité ».
2- Nous relançons une campagne de collecte d’adresses pour faire découvrir nos journaux et réaliser de nouveaux abonnements.
3- Afin d’engager la reconstitution des capitaux propres de la société nous proposons à tout ami ou citoyens qui souhaitent verser plus de 1000 € à la souscription de faire son versement au Fonds de dotation « l’Humanité en partage ». Cet acte lui permettra d’être actionnaire de notre groupe.
De ces engagements dépendent nos capacités à faire vivre les idées progressistes et à construire un nouveau rapport de force idéologique et politique. « C’est parfois de l’extrémité du péril que vient le salut » concluait Jaurès. En confiance et fidélité, nous allons de l’avant.
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Par Patrick Le Hyaric
Directeur de l’Humanité
Texte et documents à retrouver dans le cahier central de l’Humanité du 05 octobre 2020.