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L’éditorial de l’Humanité du 30 juin – par Patrick Le Hyaric.
Aussitôt les urnes rangées, le président de la République s’est empressé de surfer sur la vague écologique. Il se dit prêt à valider bon nombre des préconisations de la Convention citoyenne à condition, a-t-il précisé, qu’on ne touche pas « aux dividendes ». Ceci, après que cette même convention ait été empêchée de délibérer sur la diminution du temps de travail.
Autrement dit, M. Macron – dont le parti a été nettement rejeté dimanche – veut consolider le capitalisme en le ripolinant sans attendre d’un verni vert qui masquerait l’urgence de s’attaquer aux conditions même du désastre écologique, à commencer par le pouvoir exorbitant des marchés financiers et de l’actionnariat capitaliste sur la production et la consommation. Curieux que le président n’ait pas eu un mot sur l’assourdissant silence des urnes. Le pays peut-il fonctionner encore longtemps avec des assemblées élues avec seulement 15% des inscrits sur les listes électorales ?
La lourde tendance à l’apoplexie démocratique ne peut pas être contrecarrée sans créer les conditions pour que les salariés et les citoyens puissent disposer de plus de pouvoir dans les entreprises, les banques, comme dans la cité.
Le système institutionnel est désormais si verrouillé qu’une partie des citoyens le conteste en refusant d’aller voter tandis que celles et ceux qui se sont déplacés ont cherché le moyen de le dépasser en portant leurs suffrages sur des personnalités nouvelles, ancrées au terrain, répondant aux aspirations sociales, écologiques et démocratiques. Dimanche, ils ont fait confiance à des militantes et militants qui, bien qu’invisibles sur les plateaux de télévision, vont devenir maires de grandes villes, justement parce qu’ils portent l’aspiration au chamboulement du système politique.
L’unité aura été facteur de confiance. L’écologie gagne quand elle est alliée à toute la gauche. Et inversement, les listes de gauche gagnent quand elles intègrent une forte dimension écologique.
Le fait majeur de ce scrutin réside toutefois dans le taux inédit d’abstention. Les classes populaires sont peu à peu mises hors-jeu électoral, jugeant à bon droit que leurs aspirations et difficultés ne sont pas ou peu prises en compte. Trop de travailleurs et de privés d’emploi, ceux-là même qui ont le plus intérêt à des changements de politique, se sentent, à tort ou à raison, délaissés par un « système» qui ne les intègre plus à la délibération collective. Et le président de la République accentue cette défiance en cultivant la détestation des partis politiques et des élus, ou en faisant croire qu’il n’y a plus de politiques différentes possibles mais uniquement des choix « techniques ».
Le renouveau appelle, au contraire, à ouvrir les vannes d’un débat populaire et à mener des actions pour imaginer la construction d’une première République sociale, démocratique et écologique. Cela pourrait commencer dans chaque commune.