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L’affaire des masques de protection devient le sparadrap rouge collant aux basques du pouvoir.
Il y eut d’abord ces mensonges en séries sur leur inutilité pour camoufler une pénurie qui n’a rien de naturelle. Celle-ci découle d’une part de la destruction de nos industries textiles considérées comme dépassées par les grands penseurs du libéralisme et leurs serviteurs au pouvoir depuis des décennies, et d’autre part des choix de réduction des crédits publics poussant au « zéro stock », également présenté comme le nec plus ultra de la modernité. Cette pénurie a mis en danger soignants comme patients. Elle est sans doute responsable de nombreuses contaminations et décès.
Puis au fil des semaines, le masque est devenu utile, indispensable même, alors que les soignants continuaient d’en manquer. Et le pouvoir souhaite désormais le rendre obligatoire dans les transports publics.
Depuis quelques jours, ce qui n’existait pas tombe par paquets de millions, mais sur les étals des supermarchés, comme produit d’appel pour attirer le chaland qui devra demain reprendre les transports en commun. Le scandale est encore plus gros quand on sait que cette opération a été annoncée tambour battant il y a huit jours dans un communiqué commun de la Fédération du commerce et de la distribution et de secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, et présentée comme un haut fait d’armes. De qui se moque-t-on ? Une commission d’enquête parlementaire doit rapidement faire la clarté la plus nette sur une affaire qui a plus à voir avec le mercantilisme qu’avec la santé publique.
Les masques ne peuvent être des marchandises
Les masques ne peuvent être des marchandises étalées aux caisses des supermarchés pour grossir le ticket de caisse, attirer et fidéliser les clients. Ils sont un moyen de protection civile et collective, et un outil de santé publique. A ce titre, ils devraient être assurés, en lien avec les collectivités, par les services de la Sécurité civile. Si les travailleurs contraints de reprendre leur activité venaient à contracter le virus faute d’avoir pu accéder à des masques de protection, l’Etat serait comptable d’une mise en danger délibérée de la vie d’autrui. Et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen nous rappelle que « la Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration ».Et, l’article 11 du préambule de la constitution confirme bien ce « droit à la protection ». En conséquence, les masques doivent être gratuits.
Certains pays européen l’ont décidé. Des collectivités locales également. Pourquoi le gouvernement de la sixième puissance mondiale ne le pourrait-il pas ? Ce pays ou l’argent des dividendes continue de couler à flot, ce pays où l’on peut en une nuit débloquer des milliards pour consolider des entreprises dont la trésorerie est loin d’être à sec. Pourquoi une famille de quatre personnes qui a déjà du mal à joindre les deux bouts doit encore alourdir ses dépenses du mois de 80 à 150 € pour assurer sa santé et celle des autres ? On nous dit que les prix des masques seront bloqués en deçà de 1 euros, soit peu ou prou leur prix de revient. Pourtant, plusieurs témoignages indiquent que non seulement ce prix est pour l’instant fictif, mais qu’en plus on trouvait en janvier des masques à seulement 8 centimes. Une prise en main par L’Etat imposant la gratuité couperait court à toute tentative de spéculation.
Réclamons partout et par tous les moyens la gratuité des masques. Il en va de l’intérêt public. Et, pour une fois, appuyons nous sur cette déclaration de Mme Agnès Buzyn le 29 janvier dernier : « si un jour nous devions proposer à telle ou telle population ou personne à risque de porter des masques, les autorités sanitaires distribueraient ces masques aux personnes qui en auront besoin » C’était certes pour cacher la pénurie. Mais, aux actes maintenant! Lançons un grand mouvement pluraliste pour la gratuité des masques !
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Patrick Le Hyaric
6 Mai 2020
1 commentaire
8 centimes ? Un petit industriel (français, éthique bio et responsable et tout : luxe bobo, quoi) nous propose un masque réutilisable à 10 euros. Il en faut bien 4 par personne pour ne pas porter le même tout le temps.
Ali Baba en a offert des millions à travers la planète, des masques. Au Maroc, ils sont subventionnés (par le FMI !) et vendus dans les pharmacies, les petits magasins et la grande distribution à un tarif imposé de 7 centimes d’euros l’unité soit moins de 1 euro le paquet de dix.
Le traitement de cette sécurité qui en effet “ne peut pas être une marchandise”, est symbolique de l’état de nos sociétés de concurrence libre et non faussée, c’est-à-dire dévolues au profit maximum de quelques uns ; la peur, la comm’, l’urgence et la répression aidant la capitalo-cratie à tout changer pour que rien ne change !
Alors le jour d’après sera-t-il vert ?
Sera-t-il social, solidaire ET raisonnable ?
Ou tout simplement de plus en plus ultra-libéral, avec pression sur le “coût du travail”, et nouveaux plans d’économies jusque dans les hôpitaux, et malthusien verdâtre ?
En remarquant :
– que la mercantile et peu transparente plateforme change.org est plutôt une mauvaise solution pour faire passer un message progressiste,
– qu’une pétition posture ne nous ôte pas la responsabilité de prendre notre avenir en main,
… je signe pour la gratuité, bien sûr.