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L’Humanité souffle ce 18 avril ses 116 bougies. Ce journal plus que centenaire se mue en une plateforme de presse alternative qui continue de vous offrir chaque jour, chaque semaine, des informations nécessaires pour aider à penser les évènements et agir pour transformer le monde. Elle le fait dans des conditions éprouvantes pour toutes ses équipes, fortement mobilisées malgré le confinement. Dans cette période si spéciale, avec une crise sanitaire qui se double d’une crise de sens et alors que s’engage une féroce lutte sur « le futur », notre rôle prend une dimension nouvelle. C’est par la conjugaison d’un travail journalistique exigeant et le souci permanent de la réflexion que nous voulons faire œuvre utile. Avec pour boussole l’émancipation humaine, indissociable de la libération du travail, de la promotion de l’écologie et de la paix, de la défense des libertés démocratiques et républicaines.
Les dangers qu’encourt la civilisation humaine sont apparus ces derniers temps avec un éclat blafard. Environnement, capacités humaines, accumulations des armes, solidarités, tout passe au broyeur du mode de développement capitaliste. Même la mort se déploie aujourd’hui dans des conditions que l’on aurait hier crues inimaginables, sans dernière visite, sans au revoir, sans communion. Le contraire de ce qui différencie l’homme de l’animal. Et l’utilité sociale des humbles reste, malgré la promesse révolutionnaire, inversement proportionnelle à leur distinction. Que vaut aujourd’hui un actionnaire, non pas l’homme mais la fonction, au regard d’une aide-soignante, d‘un enseignant, d’un paysan, d’un éboueur ? Ce monde malade marche sur la tête. Nous travaillerons à le remettre sur pied et sur ses pieds.
Mener le procès des ravages en cours, dresser l’acte d’accusation des révoltantes impérities des pouvoirs politiques et économiques est bien sûr nécessaire. Mais bien insuffisant au regard de l’immensité de la tâche qui incombe aux générations actuelles et futures : celle d’offrir un destin à cette humanité si vulnérable, somme toute récente, et engagée dans une effrayante course à l’abime vers les ravins du calcul égoïste, de la guerre, de l’imaginaire desséché et qui, détruisant son environnement, concourt à la libération de nouveaux virus et se condamne elle-même à plus ou moins brève échéance, si ce n’est au prix d’une inhumaine humanité. Cette affaire est celle de la jeunesse, des créateurs, des travailleurs, de cette immensité asservie et dissimulée sous le trône de l’argent.
C’est à cette ambition élevée mais sincère que nos journaux s‘attachent à répondre. Ils y répondent en mobilisant des moyens sans commune mesure avec ceux dont disposent nos confrères adossés à des groupes financiers ou industriels. Le contexte n’est certes pas favorable à la presse indépendante et les bouleversements numériques menés par des cartels ogresques placent nos journaux dans une situation délicate. Relever comme nous le souhaiterions ce défi réclame des investissements en matériels et compétences que notre incessible indépendance nous empêche pour l’heure de réaliser. Et cette période de confinement aura sûrement hâté la modification latente des modes de lectures. Nous y répondons avec notre plateforme numérique, malgré toutes les embûches et sans illusion aucune sur un introuvable modèle économique du numérique pour la presse indépendante imprimée.
L’atout, la force de L’Humanité réside dans la communauté de celles et ceux qui y travaillent, de ses lectrices et lecteurs, de ses amis, de celles et ceux qui y collaborent, de tous ceux qui souhaitent s’engager pour faire grandir une civilisation supérieure. C’est à elles et à eux que nous nous adressons une fois encore pour que vive L’Humanité, et avec elle les combats qui nous sont si chers. Car c’est bien à « la réalisation de l’humanité » comme le proclamait Jean Jaurès, à ce que nous nommons une « visée communiste », que nous travaillons ardemment et passionnément.
A vrai dire, nous n’avons pas vraiment le choix. Le désastre guette et nous oblige. C’est en ce sens que nous ouvrirons dans les jours à venir nos pages aux penseurs comme aux syndicalistes, aux responsables d’associations comme aux écrivains, aux travailleurs de l’ombre comme aux créateurs ou à des élus pour qu’ils et elles exposent leur vision d’un autre avenir. Ces contributions éclaireront, enrichiront, nourriront les débats, les réflexions, les actions pour défricher les chemins de nouveaux futurs. Nous ne souhaitons pas nous borner à « l’après coronavirus » comme nous y commande le pouvoir, mais penser les voies et le projet pour « remettre le monde à l’endroit » en aidant à faire fleurir les germes d’émancipation qui sillonnent malgré tout notre si précieuse humanité.
À l’occasion de cet anniversaire, j’ai réalisé un podcast sur le premier éditorial de l’Humanité, intitulé “Notre but”, écrit par Jean Jaurès. Pour écouter cet éditorial aux allures de manifeste, cliquez ici.
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Besoin plus que jamais d’humanité !
Besoin plus que jamais d’Humanité