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Le pouvoir vient d’ouvrir une nouvelle séquence de la grande braderie de biens publics en offrant au « dieu marché » la Française des Jeux, puis Engie avant Aéroports de Paris.
Il explique que cela sert à renflouer les caisses de l’Etat. Autrement dit, pour renflouer les déficits qu’il creuse en diminuant l’impôt sur la fortune et sur les grandes sociétés, en exonérant de cotisations sociales des entreprises ou pour financer les quarante milliards de cadeaux du CICE, il vend les biens publics.
Le milliard d’euros escompté de la vente de La Française des Jeux pour nourrir un hypothétique fonds de financement de 10 milliards en direction les industries numériques, est un choix à courte vue quand on sait que la rente annuelle fournie par la loterie nationale représente près de 100 millions d’euros.
L’argument de la santé publique qu’opposaient jusqu’ici – à juste titre – les gouvernements français aux institutions européennes qui incitaient à la privatisation de ce secteur juteux est balayé d’un revers de main. Plus de 1 million de joueurs sont pourtant considérés « à risque modéré » et 200 000 d’entre eux sont dits « excessifs ». Et ce sont celles et ceux qui espèrent compenser leur manque de salaires ou de prestations sociales, c’est-à-dire les plus démunis, qui « parient » le plus. Ceci ne les enrichit pas. Les pertes par adulte aux jeux sont passées de 76,10€ en 1990 à 199,20€ en 2017. Nul ne doute qu’une Française des Jeux contrainte de satisfaire de nouveaux actionnaires privés mettra tout en œuvre pour tondre encore plus nos concitoyens les plus démunis, plus enlacés encore par les lianes de la publicité d’hypothétiques « gros lots » dans un nouveau marché concurrentiel.
Pour tenter une ultime justification, le gouvernement a mis en avant lors du lancement de la souscription d’actions la mystification de l’actionnariat populaire. Le gouvernement n’a lésiné sur aucun argument, aucun effort, aucun appât pour faire de nos concitoyens des agents de la financiarisation de l’économie, des partenaires du démembrement de la puissance publique. Chacun garde pourtant en mémoire les fiascos des privatisations de France Télécom ou de Gaz de France où les opportunités actionnariales pour les rapaces de la finance ont été inversement proportionnelles à celles des petits porteurs, aboutissant au bout du compte à de nouvelles situations de monopole… privé !
Au fond, M. Macron cherche par ces scandaleuses cessions à développer un axe majeur de son projet politique : orienter le capital des particuliers vers les entreprises et la finance. Surtout, derrière la braderie, il y a la destruction de L’Etat au profit des multinationales. Si on s’attarde sur le cas des autoroutes privatisées, des partenariats public-privé dans le ferroviaire, les aéroports, les parkings, ou de pans entier de communes, on constate que ce n’est plus la puissance publique qui oriente mais le groupe Vinci qui aménage (ou bétonne) le territoire.
Voilà le visage du capitalisme dans son actuelle phase : Une politique de connivence entre l’Etat qui s’automutile et les grands groupes financiers et industriels auxquels est laissé tout pouvoir d’organiser la vie sociale, d’aménager le territoire, de répondre aux besoins humains jusqu’aux plus élémentaires.
La fenêtre ouverte par l’obtention d’un processus démocratique sur la privatisation d’Aéroport de Paris s’avère dès lors d’une importante capitale. Si le référendum était obtenu, il permettrait de remettre de la démocratie là où elle a été chassée, au cœur des tractations entre l’état, sa haute administration et les milieux d’affaires. Convaincre le maximum de citoyens de signer la pétition pour l’obtention de ce référendum d’initiative partagée est une action d’intérêt public au diapason des exigences qui montent dans le monde entier pour la justice sociale, l‘égalité, la démocratie et l’environnement.