- Views 1037
- Likes 0
De New York à Peshawar, des atolls de Pacifique à Paris, de Kampala à Sydney, des millions de jeunes se sont mis met en mouvement pour appeler à conjurer le réchauffement climatique. Depuis combien de temps n’avons-nous vu combat partagé, à des degrés certes divers, par des jeunesses aux conditions d’existences radicalement différentes de 150 pays, animées par une même colère, un même combat ? L’évènement est de très haute importance, non seulement pour ce qu’il dit de la jeunesse du monde, de ses combats et de ses aspirations, mais aussi au regard des potentialités qu’il recèle pour une mise en cause radicale et mondiale du système de production et d’échange capitaliste.
Il est d’abord inédit par son ampleur. L’appel de la jeune Greta Thunberg a semble-t-il été entendu, contribuant à accélérer le mouvement de la jeunesse pour la sauvegarde notre environnement. Ces « grèves du vendredi » semblent vouloir s’enraciner dans la durée, dans les jeunesses et différents pays du monde.
Nous sommes à ce stade face à l’expression massive d’un refus : celui de rester spectateur de l’effondrement de la biodiversité et du réchauffement climatique. Il est proprement de venu intolérable d’apprendre un jour que 3 milliards d’oiseaux ont disparus en 50 ans, dont 90% d’hirondelles et de moineaux, que 30% des insectes sont menacés de disparition, que la montée inexorable des eaux va pousser des dizaines de milliers d’êtres humains sur les routes de l’exil, que différentes espèces animales comme végétales sont en voie d’extinction du seul fait du mode de développement qui s’est imposé à l’humanité depuis plus de deux siècles.
La prise en main par les peuples eux-mêmes des combats contre le réchauffement climatique et la sauvegarde de notre biodiversité est une excellente nouvelle. A travers ce processus mûrit une conscience politique nouvelle qui pointe la responsabilité du mode de développement capitaliste, l’accumulation de marchandises, la course au profit, et les inégalités qui lui sont liées. S’éloignent par la même occasion les fables d’un capitalisme vert dont s’amusent les multinationales pour soigner leur image.
Nul doute que ce mouvement va gagner en ampleur dans les mois et années qui viennent, prenant des formes nouvelles à mesure que la catastrophe environnementale sera encore plus connue. Croisée avec les luttes qui s’accumulent contre les désastres sociaux et celles contre les risques de guerre qui redoublent à la faveur d’une nouvelle course aux armements, la lutte pour l’environnement porte en germe l’indispensable post-capitalisme.
Elle pose l’enjeu d’une nouvelle économie des besoins qui ne soient plus aliénants, de nouveaux modes de productions et de distribution indexés non plus sur le profit mais sur la préservation l’environnement et la qualité du travail, d’un partage radical des richesses extirpées des mains avares du capital, de coopérations en lieu et place de la concurrence entre nations et entreprises, et n’un nouveau pouvoir de décision des travailleurs dans les entreprises et des citoyens dans la cité.
C’est tout une ambition civilisationnelle qui frappe à la porte en alternative au capitalisme. Revenir enfin au communisme de notre temps, régénéré par l’impérieuse exigence d’une harmonie entre l’homme et son environnement pour que vive et s’épanouisse l’humanité. C’est par le nombre et la volonté de ses acteurs que se posera concrètement l’irrésistible alternative qu’il faut urgemment arracher aux forces d’argent. Nul doute qu’un chemin pour faire vivre une unité populaire soit à défricher, à organiser pour les y contraindre, tant il est vrai que les pouvoirs dominants ne lâchent jamais rien de leur propre initiative ou volonté. C’est l’impérieux défi qui s’offre à toutes les forces qui travaillent à cette urgente alternative.
1 commentaire
Le phénomène Greta
La jeune suédoise incarne une jeunesse mobilisée contre la crise climatique. Le mouvement de par sa dynamique est potentiellement porteur d’une écologie anticapitaliste.
Vendredi 20 septembre des millions de personnes, dont une majorité de jeunes, ont manifesté dans plus de 150 pays pour lancer un SOS face à la montée hallucinante de la crise climatique. A l’endroit de ce mouvement mondial de masse, les militant.e.s qui, à l’instar des communistes, contestent le système capitaliste sont partagé.e.s. Ils estiment, à juste titre, que ce système, consubstantiellement productiviste et consumériste, est en dernier ressort responsable des émissions de gaz à effet de serre. C’est la raison pour laquelle leur slogan est « changeons le système pas le climat ». Or, dans les manifestations auxquelles participent tant de jeune, ce slogan n’est pas fréquent alors que d’autres prolifèrent pointant la seule responsabilité individuelle. Du coup, les remèdes qui sont avancés préconisent surtout les changements de comportement et de modes de vie. Autant il est légitime de recommander d’être à titre personnel, moins énergivore, plus économe, plus respectueux de son environnement direct, autant laisser penser que là résiderait la solution n’est pas acceptable.
Une dynamique est en train de se créer
Ce décalage n’aide pas à apprécier à sa juste valeur la portée de l’engagement d’une partie de la jeunesse dans la lutte contre le réchauffement climatique. Certes, elle ne met pas encore en cause majoritairement le système capitaliste mais une dynamique est en train de se créer qui peut conduire ces jeunes à le mettre en accusation. C’est ce qui commence à se produire avec Greta Thunberg qui, incarnant toute une génération, tire la sonnette d’alarme et pointe les lâchetés des dirigeants et décideurs de la planète. A son propos, est-il important de savoir si elle agit seule, ce qu’elle affirme, ou si elle est sous l’influence d’un groupe d ‘écologistes ? Est-il d’un quelconque intérêt de se demander si son autisme se traduit dans ses prestations publiques ? Ce qui importe, c’est son propos qui se radicalise et vise de plus en plus juste, telle sa déclaration à l’occasion de la COP2435 « Notre biosphère est sacrifiée pour que les riches des pays comme le mien puissent vivre dans le luxe. Ce sont les souffrances du plus grand nombre qui paient pour le luxe du plus petit nombre. Et si les solutions au sein du système sont impossibles à trouver, nous devrions peut-être changer le système lui-même. » C e qu’il faut retenir, c’est lorsque à la tribune de l’ONU, elle incite les dirigeants de la planète à « écouter les scientifiques », lorsqu’elle déplore « leurs mensonges et leurs inactions ». Nous partageons cette colère, et pouvons pleinement prendre à notre compte son exhortation : « Nous allons les forcer à nous écouter. Ce n’est que le début, le changement arrive qu’ils le veuillent y ou non. » Nous pouvons dire avec elle « Nous sommes au début d’une extinction de masse et tout ce dont vous parlez, c’est d’argent et de rêve d’une croissance éternelle, comment osez-vous ? ».