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La disparition de Michel Vovelle laisse un immense vide. Historien éminemment respecté par-delà les clivages politiques pour la qualité scientifique de son travail, Michel Vovelle tint sa vie durant le cap de l’engagement. Engagement pour faire vivre la mémoire de la Révolution française, notamment auprès des jeunes générations ; engagement pour faire vivre concrètement son héritage face à la pensée et aux forces contre-révolutionnaires ; engagement au sein du Parti communiste qu’il voyait comme le digne héritier des espoirs et combats de 1789 et 1793.
Successeur d’Albert Soboul à la tête de l’Institut d’Histoire de la Révolution française, il renouvela le regard sur cette période fondatrice qui ne considérait pas encore « terminée ». Historien des mentalités à une époque où l’historiographie française s’y intéressait peu, il fit considérablement progresser l’ensemble de sa discipline. Mobilisé dès 1985 à la tête du conseil scientifique des célébrations du bicentenaire, il ferrailla contre les tenants d’une histoire révisionniste qui manifesta, sous la houlette de Français Furet, son hostilité à l’héritage révolutionnaire puis, avec opportunisme, au phénomène communiste. Refusant de traiter la question de 1789 avec un regard dogmatique, il prit ses adversaires par surprise par la qualité et la précision de son travail qui permit un renouvellement fécond des approches de la Grande Révolution. C’est sous sa responsabilité et sa tutelle que se tint le Congrès mondial du Bicentenaire, en juillet 1989 à la Sorbonne, avec plus de 300 universitaires internationaux. Michel Vovelle en tira l’estime d’un très grand nombre de ses confrères et consœurs sur l’ensemble de la planète.
Préférant le cadre exigeant et discret de la recherche aux tremplins médiatiques, il publia des sommes colossales qui firent date sur la vivacité de l’héritage révolutionnaire dans nos sociétés. Il s’intéressa également, du début de sa carrière en rédigeant une thèse consacrée à la déchristianisation de la Provence jusqu’à sa retraite, aux rapports qu’entretiennent nos sociétés à la mort. Il fut à cet égard le premier intellectuel sollicité par la commission Léonetti sur les enjeux relatifs à la fin de vie. Attaché à l’existence de L’humanité, il s’engagea au sein de la société des amis de L’Humanité dont il sera le président. Lecteurs exigeant et contributeur de qualité du journal il défendra l’Humanité des années durant dans un contexte devenu de plus en plus difficile. Nous l’en remercions très sincèrement.
Fidèle à l’idée communiste, avec une grande ouverture d’esprit, hors ou dans le parti qui l’incarnait, il était un précieux point d’appui intellectuel pour nombre de militants et, au-delà, pour de nombreux progressistes. Nous adressons à toute sa famille, à tous ses proches, nos condoléances attristées.
Patrick Le Hyaric