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Le 17/02/2018, la Bellevilloise, Paris
Bienvenue à chacune et chacun d’entre vous à la Bellevilloise.
Bienvenue dans cette salle dont les murs ont accueilli parmi les plus belles pages de l’histoire du mouvement ouvrier et dans lesquels nous avons plaisir à prendre place pour cette journée d’échanges, de débats et de réflexion.
Merci à vous d’être venus si nombreux à ce forum organisé par l’Humanité en collaboration avec le réseau Marx 2018, à l’occasion du deux-centième anniversaire de la naissance de Karl Marx.
Évidemment un tel forum n’aurait pas pris les mêmes traits il y a 30, 50 ou 70 ans. Nous ne sommes plus, et heureusement, au temps d’un Marx sanctifié, coulé dans le marbre et prophétique. Aujourd’hui, nous ouvrons en grand le débat sur le legs intellectuel offert par Marx pour inciter à le lire, le relire et pour mesurer et faire mesurer la richesse de ses recherches et sa capacité d’émancipation. Redécouvrir Marx, tout à la fois penseur et militant, journaliste, historien, sociologue, économiste, philosophe.
Au début de l’œuvre de Marx, il y a un cri retentissant. Un cri contre les injustices. Un cri comme la misère humaine. Un cri contre les chaines qui entravent le prolétariat.
Au crépuscule du siècle dernier, une cohorte d’ours savants et d’idéologues partisans de la fin de l’histoire a formulé le souhait que l’œuvre de Karl Marx s’efface de la pensée moderne avec l’effondrement du système soviétique, que son souffle s’éteigne avec la chute du mur de Berlin.
Plus qu’un souhait, ils ont déployé des trésors de propagande pour enterrer ce spectre si dérangeant au moment où le capitalisme entrait dans sa phase néolibérale, charriant avec lui les multiples crises dont nous pâtissons aujourd’hui, crises économique, sociale, politique, écologique.
Ils cherchaient ainsi à protéger les intérêts d’une minorité d’accapareurs qui détient son pouvoir de l’exploitation féroce du travail humain. Une minorité chaque jour plus étroite et chaque jour plus puissante qui capte, comme nous l’a révélé un récent rapport, 82% des richesses produites par les travailleurs du monde.
Pourtant, sans coups férir, le spectre a ressuscité. La pensée marxiste ou marxienne s’est imposée comme une nécessité pour penser un monde sous l’hégémonie globale d’un capitalisme agressif qui transforme partout les vies humaines en nombres et les besoins fondamentaux en profit.
Le grand paradoxe du retour à Marx c’est qu’il nous revient plus vivant, plus problématique, plus complexe que nous l’avions laissé à la fin du siècle denier. Si bien que les capitalistes eux-mêmes reconnaissent petit à petit la justesse de ses analyses, comme l’a fait la semaine dernière la banque Natixis en admettant la nécessité pour le capital de recourir tendanciellement à la compression salariale et aux produits spéculatifs pour doper les taux de profit. Et, depuis plusieurs mois on ne compte plus les notes, les rapports, les livres jusque dans l’entre du bureau politique du capitalisme mondialisé que constitue le forum de Davos pour alerter les commis politiques du système sur les conséquences de l’explosion des inégalités qu’engendre leur système et qui le menace en même temps. Car pour paraphraser Karl Marx lui-même la marmite de l’avenir est en train de bouillir au-delà des apparences ponctuelles. Et ce sont les peuples, les travailleurs qui y ont allumé le feu.
Autre signe : Marx s’est imposé au programme de l’agrégation de philosophie comme du baccalauréat. Si bien qu’il apparait hardi, pour ne pas dire chimérique, de penser l’émancipation humaine en faisant l’économie d’un retour ou d’un détour par Marx.
Aujourd’hui, à gauche même, l’héritage de Marx continue de faire débat. Beaucoup se refusent à penser la possibilité d’un processus de sortie du capitalisme, espèrent gérer ses contradictions dans une conflictualité permanente. Pourtant c’est bien à une perspective politique révolutionnaire, à une évolution révolutionnaire, pour reprendre les mots mêmes de Marx dans une adresse à la ligue des communistes en mars 1950, repris plus tard par d’autres notamment Rosa Luxembourg, puis Jaurès, que nous invite sa pensée. Une pensée qui appelle sans cesse au croisement des savoirs. Une pensée qui peut porter loin aujourd’hui même à condition d’être marxiste c’est-à-dire de la considérer si vivante qu’elle n’est jamais achevée.
Notre ambition en organisant ce Forum est de confronter l’héritage intellectuel de Marx aux enjeux contemporains, de frotter son travail théorique et pratique considérable à notre actualité immédiate, de tenter d’apporter des éclairages utiles au mouvement de transformation sociale.
Écologie, lutte des classes, révolution, métamorphoses du travail, mais aussi un débat qui s’annonce passionnant et enrichissant sur Marx et la France dont il analyser en profondeur les ressorts politiques au 19ème siècle : voilà quelques sujets qui jalonneront cette journée, entrecoupée de lectures de textes. Une journée qui se clôturera sur une pièce du fameux historien américain Howard Zinn sur un épisode important de la vie de Marx.
Nous avons fait appel à la Libraire de la renaissance et à de nombreux éditeurs qui vous proposerons de découvrir l’actualité éditoriale du marxisme qui – c’est un signe de vitalité – s’est considérablement étoffée ces dernières années. C’est ainsi un vrai village qui va s’animer aujourd’hui entre le Forum ici même, le loft à l’étage et les espaces dédiés au livre.
Tout au long de cette journée nous vous proposerons d’écouter des intervenants reconnus, de jeunes intellectuels qui revisitent la pensée marxiste pour renouer avec la sève d’une pensée décisive, des philosophes, des historiens ou des économistes. La philosophe Lucien Sève nous a gratifié d’une vidéo passionnante que nous diffuserons à plusieurs reprises. De jeunes étudiants nous éclairerons sur les concepts fondamentaux construits par Marx et Engels.
Nous espérons faire œuvre utile en mettant en partage des connaissances, en aidant à comprendre les rouages internes du capitalisme et ses logiques profondes qui affectent tant nos vies. Nous espérons aussi contribuer à réveiller et renouveler des pratiques politiques pour libérer l’humanité de ses chaines et de ses dominations.
Avec ce Forum, l’Humanité se met au service du débat, au service du mouvement social et populaire pour contribuer à lui donner de nouvelles ailes et la possibilité de nouvelles conquêtes.
Nous avons également publié un numéro spécial à l’occasion de ce bicentenaire, riche de dizaines de contributions, qui porte une ambition pédagogique sur l’œuvre de Marx, et se veut un outil utile à penser le monde tel qu’il va.
Evidemment, ce forum appelle à des prolongements. Le bicentenaire Marx et l’anniversaire de la parution du manifeste du parti communiste donnera lieu à de nombreuses rencontres, de nombreux débats. Ses détracteurs ne manqueront pas l’occasion de porter le fer pour enterrer toute alternative de progrès au capitalisme. En effet le parti pris du communisme de Marx représente tout ce déteste les puissances d’argent et les fantassins dociles du système. Nous ne manqueront donc pas, de notre côté, de continuer, jusqu’à la prochaine fête de l’Humanité à laquelle nous vous convions, de mettre en débat et en perspective ce formidable legs intellectuel, cette pierre angulaire des luttes modernes pour l’émancipation humaine.
Je vous remercie et vous souhaite une belle et studieuse journée avec Karl Marx.
1 commentaire
Faire table rase au cours du vingt- et-unième siècle du marxisme serait un crime contre l’Humanité. L’oeuvre de Karl Marx est au nombre des œuvres qui construisent la destinée de l’Humanité la meilleure sous réserve d’arriver à réaliser le désarmement mondiale et le changement nécessaire et indispensable pour que la vie soit telle qu’elle devrait être, et pour que les Hommes trop riches et trop nantis ne détruisent plus la nature.
Il est important que je rappelle dans chaque commentaire que j’ai toujours été une personne libérale républicaine, socialiste républicaine, et communiste républicaine, abstentionniste pro-européen toujours universaliste dans plusieurs tours et notamment premiers tours d’élections françaises et européennes parce que j’estime toutes les politiques françaises et européennes indigentes pour la vie décente de chaque Peuple, la décence exigeant que chaque personne ait le nécessaire et l’indispensable.
Le souverainisme pour la meilleure destinée des Peuples de la Terre, c’est la République universelle ; et aucun substitut, il appartient à l’Humanité entière de faire respecter la vérité qui construit l’Homme, ou l’Humanité mourra dans une fin du monde provoquée par une course aux armements préparation d’une guerre mondiale sans autre alternative que la fin du monde, et par les catastrophes dites naturelles et tout le monde sait que trop de ces catastrophes sont dues à la destruction de la nature évitable mais pas encore évitée avant que la nature ne puisse plus se régénérer.
La République universelle qu’est la Terre est indivisible donc les substituts au souverainisme authentique dont usent des Puissants trop puissants, des Riches trop riches, des Nantis trop nantis, sont autant de fautes contre l’Humanité qui doit vaincre tous les coupables !