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Nous n’entendrons plus cette voix si douce, chantante et ferme à la fois. Ce roulement des « R » comme s’il fallait encore mieux faire rouler les mots devant soi pour les rendre plus fluides au cœur d’une démonstration ardue sur la laïcité, sur la vie de Napoléon ou sur les systèmes agraires du moyen âge, ou encore à propos du dernier texte du Pape. Cette voix forte et humble, portée par la passion et l’esprit de justice était celle d’Antoine Casanova.
Il nous quitte après une belle vie dédiée à l’intelligence, à la recherche et au combat politique. Passer du temps avec Antoine était l’assurance de bons moments, drôles et studieux, où milles idées fourmillaient, où un flot de connaissances nous était déposé dans la bonne humeur. C’était aussi se frotter à un humour communicatif. C’était parfois le plaisir de recevoir un appel téléphonique sur le contenu d’un article de L’Humanité, insuffisamment précis ou comportant des erreurs. Jamais sur le ton de la sentence mais avec un raisonnement qui faisait cheminer dans une forme de décontraction, et qui vous faisait malgré vous épouser la critique.
Des penseurs-militants comme lui nous manqueront pour leur rigueur intellectuelle qui sans cesse aidait à appréhender, à analyser les événements et à préparer des actions. Pour lui « le dire » ne suffisait pas, il fallait y joindre « le faire » conjugué en permanence avec le travail intellectuel, la réflexion, la lecture, l’étude des textes même ceux des « autres » pour mieux les combattre.
Au sein du Comité central puis du Bureau politique du Parti communiste français, il engagea un important travail avec le monde intellectuel, de la création et de la recherche. Sa grande connaissance du christianisme et de ses évolutions aura permis de perpétuer le geste de « la main tendue » lancé avec audace par Maurice Thorez. Militant de terrain, élu de la ville de Versailles où il était apprécié, il était tout autant l’historien qui aura produit une réflexion féconde sur la Révolution et le premier Empire. Il produisit autour de la figure de Bonaparte, corse comme lui, un important travail. Avec le sérieux et la patience de l’érudit, il contribua à nourrir le mouvement pour l’émancipation de ses réflexions et analyses.
Antoine était un exemple. Un grand homme pétri de bonté qui fait honneur à l’engagement humaniste et communiste. Nous nous inclinons devant sa mémoire et nous associons à la douleur de sa famille et de ses amis.
Patrick Le Hyaric
Directeur de L’Humanité
Député Européen
2 commentaires
Une generation s’en va…qui avais pris toute sa place pour l’emancipation de chacun.
Le rôle est irremplacable , insoirons nous d’eux pour depasser nos differences !
je partage avec beaucoup d’émotion cet hommage.