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Par Patrick Le Hyaric
Remparts contre la loi de la jungle capitaliste. Facteurs d’égalité entre les êtres humains et les territoires, du plus petit village aux quartiers de la grande ville. Telle est la vocation des services publics, attaqués de toutes parts depuis de trop nombreuses années. Ils ont à voir avec notre bien être, notre santé, notre éducation, la possibilité de nous déplacer ou de bénéficier de l’énergie. Communiquer, se loger ou encore accéder à l’information et à la culture, que deviendraient ces droits sans eux ? Biens communs humains, ils pourraient constituer un efficace atout pour que recule la crise et s’améliore le sort de chacune et de chacun si des dogmes imbéciles ne conduisaient à les réduire, les dégrader, les anéantir, pour que les sociétés privées les accaparent afin de grossir toujours plus leurs profits. De « la concurrence libre et non faussée » à « la règle d’or » et aux « services d’intérêt généraux », la langue bruxelloise ne manque pas d’imagination pour convaincre les populations qu’un service rendu au public, peut l’être par des entreprises privées. Mais si des services publics ont été créés, et singulièrement en France où ils constituent encore une originalité forte (…), c’est précisément parce que le privé, ses actionnaires et ses dividendes priment toujours sur l’intérêt général, l’être humain et l’environnement. Au nom des crédos de la « compétitivité », de la « rentabilité » et de « la réduction des déficits publics », on privatise sans pour autant empêcher ces derniers de progresser. La raison en est simple : c’est le capital qui aspire la valeur privatisée des richesses produites. Une autre logique s’impose qui consiste à promouvoir des biens communs humains, portés par des services publics de nouvelle génération, démocratiquement gérés, tenant compte des progrès technologiques et de la véritable révolution numérique à l’œuvre. Cet investissement doit s’orienter vers l’éducation et la formation tout au long de la vie, les transports et les communications, la santé, l’énergie de demain, l’eau, le logement, le service à la personne, et de nouveaux services au quatrième âge, la recherche et l’innovation. Mais rien ne sera possible sans l’indispensable mutation de nos systèmes productifs, dans le cadre d’une transition écologique. La révolution environnementale appelle une maitrise publique des secteurs stratégiques. Elle ne peut s’accommoder de la marchandisation à outrance à l’œuvre. Elle commande de rejeter le traité transatlantique et le projet de traité international toujours secret sur la privatisation des services publics (dit traité TISA). Elle implique aussi une maitrise publique de l’essentiel du secteur bancaire et de la création monétaire. L’enjeu est immense, notamment en matière de création d’emplois. Immense pour les peuples et l’avenir de la planète. Immense pour les puissances d’argent qui ont fait le choix d’une stratégie mondiale visant à ce qu’aucune activité humaine n’échappe à leur voracité. Notre travail, notre santé, notre formation, notre environnement, notre alimentation, notre accès à la culture mais aussi notre souveraineté, la possibilité à décider nous-mêmes, voilà ce qui est en cause. C’est dire l’importance du rassemblement de Guéret, ce samedi 13 juin. Il sera le lieu de convergence de multiples mouvements engagés pour la défense des services publics. S’y retrouveront des personnels des hôpitaux de Paris, des enseignants et parents d’élèves engagés dans la défense et la promotion de l’Ecole publique, des élus et citoyens en lutte contre les réductions autoritaires de crédits publics aux collectivités locales et contre les contre-réformes territoriales, des usagers et cheminots contre les suppressions de gares et lignes de trains régionaux, des assurés sociaux de Seine-Saint-Denis opposés à la suppression de la moitié des permanences de la sécurité sociale…
Le gouvernement a choisi de permettre au capital de franchir une nouvelle étape dans des domaines qui, jusqu’ici lui échappaient. C’est le cas de la SNCF qu’un rapport parlementaire déposé ces derniers jours prévoit de démanteler en organisant l’ouverture à la concurrence des lignes inter-citées. L’affaire est rondement menée avec un rapport de la Cour des comptes, toujours en avance d’une guerre contre les services publics, qui enjoint à la SNCF de tout miser sur les Trains à Grande Vitesse, suivi de la libéralisation des autocars avec la loi Macron, et enfin un rapport parlementaire prévoyant d’expérimenter l’ouverture à la concurrence des dessertes. Le tour est joué !
Il y a quelque chose de grotesque à voir le pouvoir se réclamant encore de la gauche, s’acharner sur l’extraordinaire maillage ferroviaire du territoire national au profit des autocars alors qu’il proclame vouloir faire de la lutte pour la sécurité routière, contre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effets de serres, une de ses priorités !
Au-delà du cas très préoccupant de la SNCF, nous constatons, jour après jour l’inanité du « tout concurrence ». Il a fallu une loi adoptée à l’unanimité, à l’initiative d’André Chassaigne, pour contraindre l’entreprise Orange à assurer l’entretien du réseau câblé dont elle se délaisse pour investir dans les champs concurrentiels. Cela prouve que le dogme de la concurrence ne crée pas les conditions de l’égalité territoriale et encore moins celle des citoyens devant l’accès à un besoin fondamental.
Disposer de services publics de type nouveau et surtout démocratisés, ce n’est pas seulement les concevoir comme des boucliers contre la pauvreté et la précarité, mais bien comme des issues à la crise capitaliste, le moyen d’inscrire l’égalité dans l’ensemble du territoire et de bâtir un nouveau projet de développement humain efficace économiquement et écologiquement et juste socialement.
Les formidables avancées technologiques, la socialisation des hommes et des femmes dans des proportions jamais atteintes, appellent à un nouvel âge d’or des services publics. Nul doute que la question sera placée au cœur des futures élections régionales pour ne pas entériner une réforme territoriale peu soucieuse du présent et de l’avenir de celles et ceux qui y vivent. Réussir un grand rassemblement à Guéret contribuera à remettre cet enjeu fondamental au cœur des débats pour de nouveaux services publics nationaux et européens.
1 commentaire
On ne vit plus comme au vingtième siècle en général et on vivra de moins en moins comme au vingtième siècle plus on passera par la démocratie culturelle à toute la culture.
Pour un nouvel âge d’or, il faut répondre par plusieurs points prioritaires.
Le démantèlement continuel de la mosaïque publique n’est pas l’entière solution, et la reconduction des services publiques du siècle dernier sans les repenser n’était pas la solution. Ce n’est pas une vérité générale qu’on a le pays qu’on mérite mais hélas au regard de la crise culturelle et du retard de culture on a la mosaïque publique qu’on mérite sauf qu’il est inhumain de démanteler le service publique de l’eau et de ne pas réaliser celui des énergies. On ne peut pas donner entièrement tort à ce gouvernement qui pourtant fait une politique globalement insuffisante sans dire que les communistes sont à l’origine aussi en partie du moins de cette insuffisance et qu’il faut une remise en question car c’est ainsi que nous serons en terre de conquête.
Il faut selon l’expression même de Pierre Laurent une politique de la culture centrale ambitieuse, ce sont ses mots ; oui il faut à un pays qui entend bénéficier d’une politique générale communiste, la démocratie culturelle, une classe créative notamment littéraire et culturelle qui par ses travaux anticipera la vie du vingt et unième siècle qui d’une façon ou d’une autre, le meilleur ou le pire, va être toute différente ; et par les échanges culturels en démocratie participative citoyenne pourront alors être élaborés pour être construits les services publiques du vingt et unième siècle. En évoluant ainsi, les communistes peuvent demander l’alternance pour des années à venir, autrement, ils peuvent tout plier.Il faut aux communistes des projets réalistes ou sérieux ; où ils peuvent renoncer. Quand on ne veut pas renoncer, il faut exister, pour exister,il faut exister selon la création au cours du vingt et unième siècle. Il n’y a aucune autre possibilité pour les communistes d’exister, mais en existant ainsi il est possible de réaliser le nouvel âge d’or qui dépassera probablement toutes les espérances.
Par exemple, on peut en parler, il faut en parler à l’approche des prochaines élections électorales qui sont des élections très importantes dans lesquelles pourraient bien réussir les communistes : dans nos régions du Sud, du Sud Est, du Sud Ouest ; il faut savoir quelle Couronne méditerranéenne on rêve de construire, car c’est à partir d’une première véritable esquisse politique infiniment favorable à l’autre Union Européenne, à l’Union Européenne citoyenne progressiste ; qu’il sera possible de proposer de façon réaliste et sérieusement les services publiques pour le vingt et unième siècle. Les communistes ont trop délaissé le vingt et unième siècle pendant trop longtemps, il faut rattraper tous les retards, alors la France redeviendra terre de conquête pour les communistes.
Dans le Sud, le Sud Est, le Sud Ouest, il faut rétablir la liberté d’entreprendre pour tous en faisant disparaître les ségrégations raciales, car oui enfin, il ne peut pas y avoir de véritable avenir pour la France de la Couronne méditerranéenne sans les Arabes et les Berbères, il faut dans tout le Sud, tout le Sud Est, tout le Sud Ouest, toute la liberté d’entreprendre pour tous. Alors on pourra anticiper la vie dans nos régions azuréennes, provençales et occitanes ; et dire quels services publiques seront les facteurs d’Egalité réelle pendant le vingt et unième siècle. C’est l’évidence, tout ce que ce commentaire trouve entièrement place pour les débats régionaux et les prochaines élections régionales. Il est aussi évident que si par mésaventure les communistes désertaient ces débats essentiels pour que les électeurs puissent faire un choix, se déterminer en faveur d’une politique, voter, il y aurait alors plus d’abstention et une nouvelle montée des extrémismes. C’est tout un vide politique qui fabrique de la crise générale, et ce sera en comblant ce vide politique qu’on passera de la terre de mission à la terre de conquête.