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Une grande association internationale a fixé cette année au 18 août, le jour où la consommation totale de l’humanité en ressources naturelles a dépassé ce que la nature est capable de reproduire en un an. Cet indicateur, appelé « empreinte écologique « mesure la pression exercée par les activités humaines sur les ressources naturelles. Ainsi, à partir de ces calculs on peut conclure qu’à partir de ce mois d’août, la terre vit à crédit et augmente donc ce que l’on pourrait baptiser sa « dette écologique ».
Dit autrement, la population mondiale demande plus à la nature que ce que les écosystèmes peuvent renouveler. L’enseignement principal de cette étude tient au fait que ce jour du « dépassement » intervient de plus en plus tôt. Dans les années 1970 cette date se situait à la mi-décembre, puis en 1990 elle fut avancée au mois d’octobre. Autant dire que selon ces calculs la menace d’épuisement de la planète est très sérieuse. Ceux-ci peuvent évidemment être discutés, voir contredits. Il manque d’ailleurs des études et des analyses contradictoires à leurs propos. Quoiqu’il en soit, ils doivent être pris en compte pour toute réflexion sur l’avenir de l’humanité. Ils appellent de nouveaux débats politiques populaires visant un nouveau projet mondial de développement durable et soutenable à long terme. Le mode de développement actuel devient insoutenable parce qu’en même temps qu’il génère de plus en plus d’inégalités, il provoque des modifications climatiques, un appauvrissement préoccupant de la biodiversité, des empoisonnements chimiques de la biosphère, la surexploitation des océans et des terres sur certaines parties de la planète, la destruction de forêts pourtant indispensables au captage des émissions de gaz carbonique, la réduction des ressources en eau potable.
Si on ramène ce débat, comme c’est souvent le cas, au critère de la consommation par habitant, le risque existe de conclure que ce sont les populations les plus pauvres qui auraient un mode de vie dit « soutenable » alors que leur quotidien est insupportable dans les pays les plus en difficultés mais aussi dans les pays très développés. Ajoutons que le critère de la croissance démographique est aussi plus que pervers. Celle–ci étant la plus importante dans les pays du Sud, ceci tend à atténuer la responsabilité des pays capitalistes développés dans la crise sociale, économique et écologique dont ils sont pourtant les premiers responsables. On ne peut accuser celles et ceux qui ont du mal à vivre, d’autres à survivre, de provoquer l’épuisement de la planète. Les injustices et les inégalités, la surexploitation des hommes et de la nature sont des causes importantes des dérèglements actuels. L’utilisation de combustibles fossiles comme le pétrole ou le gaz, porte la plus grande part de responsabilité dans le réchauffement climatique. La question d’une vraie transition énergétique, de nouveaux modes de transports, de grands plans de construction de logements économes en énergie est posée avec force.
A mon sens, ceci ne sera pas possible tant que l’on ne considèrera pas ces enjeux comme « d’intérêt général » et que l’énergie deviendra un bien commun de l’humanité et donc propriété publique et sociale. Le libre-échange intégral, que poussent les grandes multinationales pour une concurrence exacerbée afin d’abaisser partout les salaires et les revenus paysans, conduit à aller acheter très loin des produits agricoles et alimentaires à bas prix, produits par des quasi-affamés alors qu’ici les paysans sont surexploités, est meurtrier pour l’environnement. Cela génère plus de transports polluants, plus de destructions de forêts pour conquérir de nouveaux espaces. Là encore sans une transformation profonde de la Politique agricole européenne et l’arrêt des négociations sur le projet de grand marché transatlantique, l’avenir risque d’être compromis.
Un nouveau projet coordonné en Europe pour un plan de transition écologique et un nouveau projet de développement humain durable seraient un facteur décisif pour sortir de la crise globale et le progrès humain. L’austérité dont ne veut pas sortir le Président de la République ne fait qu’aggraver toutes les crises actuelles. Le combat pour le progrès social, pour des appropriations publiques nouvelles, pour une nouvelle démocratie de participation et d’intervention, pour transformer profondément, l’Europe va de pair avec un nouveau projet écologique.