Une inquiétante colère

le 9 novembre 2016

Mercredi 9 novembre 2016, Donald Trump a été élu Président des Etats-Unis (Reuters)

L’événement qui vient de se produire aux Etats-Unis est une déflagration  historique qui pose en termes nouveaux le combat politique. Le temps doit être pris pour en analyser avec sérieux tous les aspects. Le vote des citoyens américains va avoir des répercussions sur l’ensemble de la planète. Il en a d’ores et déjà en France et en Europe. Il appelle sans aucun doute de nouveaux bouleversements ici comme ailleurs.

Il ne s’agit en aucun cas d’un coup de tonnerre dans un ciel serein. Depuis des années pointe avec vigueur la défiance envers un système mediatico-politique arrogant, péremptoire et dominateur. Les responsables politiques se sont dessaisis de leur responsabilité pour léguer les manettes à Wall-Street.

Au nom d’une « gouvernance » néolibérale, les souverainetés populaires sont bafouées, ouvrant la voie aux pires démagogues. Les partisans de la fin de l’Histoire qui ont cru pouvoir conserver leur privilèges en enterrant les idéaux d’émancipation se font rattraper par la colère populaire.

Elle est aujourd’hui drainée par les courants les plus réactionnaires, armés d’un populisme démagogique extrêmement dangereux qui, sur fond de montée des nationalismes, conduit à un nouvel « autoritarisme étatique ».

Les classes populaires pensent pouvoir y trouver écoute et protection, alors que cette droite extrémisée ne fera que  développer les inégalités et les divisions religieuses ou raciales.

La percée électorale des droites extrêmes et de l’extrême droite en Europe, le vote des britanniques pour la sortie de l’Union européenne sont autant de symptômes de cette faillite généralisée des démocraties occidentales qui ont prêté allégeance au capital financiarisé.

Le train de l’Histoire fonce à grande vitesse, écrasant sur sa route les promoteurs de la prétendue « mondialisation heureuse » et du « libre-échangisme » ultralibéral.

L’Histoire est faite par les hommes et les femmes, aussi méprisés, dépréciés, abandonnés, soient-ils et non par quelques technocrates ou idéologues. Les démagogues récoltent sans peine les fruits pourris du capitalisme charriant, le chômage,  la précarité et  l’insécurité de vie.

Cette situation nouvelle pose avec une extrême urgence et gravité la construction d’une perspective d’émancipation, humaine, sociale, écologique, égalitaire et internationaliste. Celle-là même qu’a tenté, avec courage dans le contexte des Etats-Unis, de construire Bernie Sanders lors des primaires du Parti démocrate.

Travailler à l’unité populaire, réinvestir la question de classe pour fédérer et rassembler tous ceux qui subissent les logiques du capital financiarisé, redonner fierté et espoir à toutes celles et ceux qui n’ont que leur travail – ou celles et ceux qui en sont privés – ou leur retraite pour vivre et les réinscrire dans une démarche collective pour la défense des intérêts populaires : la paix, l’égalité, la liberté. Voilà des axes pour abattre la pieuvre démagogue, réactionnaire et raciste qui enlace de ses tentacules des fractions toujours plus importantes des peuples du monde.

Patrick Le Hyaric

Directeur de L’Humanité


9 commentaires


Suzanne Bigonski 9 novembre 2016 à 19 h 50 min

un séisme qui aura des répercussions dans le monde entier. C’est un fou furieux et il me fait vraiment peur pour l’avenir

Pierre 10 novembre 2016 à 0 h 09 min

on notera tout de même qu’après quelques heures d’hésitation, Wall Street est repartie vigoureusement à la hausse…

Nomdedeu 11 novembre 2016 à 12 h 05 min

En conséquence il est important de rejoindre Mélenchon et les insoumis au lieu de se lier les mains á un PS qui s est mis à plat ventre devant la finance prédatrice . Seul Mélenchon et son mouvement peuvent arrêter les Trump ou Cliton français .

Colombe 14 novembre 2016 à 7 h 25 min

Melenchon a voté OUI au traité de Maastrisht et son idole c’est Mitterrand

chb 14 novembre 2016 à 8 h 03 min

Très juste, Colombe. Le solitaire thaumaturge JLM pourrait bien, comme son modèle Tonton, grignoter les dernières miettes du PC, dont il assure déjà une n-ième division.
Vers quel ‘moins pire’ rabattra-t-il pour un deuxième tour les voix engrangées, sachant qu’il n’est partenaire de personne ? Là, on pense à Sanders, qui aurait eu une chance aux USA s’il ne s’était effacé devant Killary Clinton.
Quelle sera la posture des insoumis au troisième tour (les législatives) ??

Le.Ché 14 novembre 2016 à 9 h 15 min

Tout à fait d’accord avec toi Mélenchon est un gars sympa mais il ne veut surtout pas sortir de l’euro et de cette Europe capitaliste bâtit pour les multinationales à partir de là l’espoir est détruit. Marie Georges Buffet qui le recommande devrait relire son programme. Pierre Laurent quand à lui est pour Montebourg ce qui n’est pas mieux quand on sait que celui-ci s’est couché devant la finance quand il était ministre de l’industrie.

Colomban G 14 novembre 2016 à 5 h 39 min

Ne sombrons pas dans la désespérance! Il existe encore des êtres qui méritent le qualificatif d’humain! Restons lucides, n’ idolâtrons pas “une star de la politique” fabriquée pour la circonstance. Travaillons à un projet de société en donnant la parole à ceux qui ne l’ont jamais!

Le.Ché 14 novembre 2016 à 9 h 33 min

Je comprends que l’on aime pas Donald Trump car celui-ci représente la grande finance, mais Obama n’était pas mieux il a fait semblant de mettre en place une sécurité sociale. Celle -ci fonctionne avec des banques privés on voit tout de suite l’arnaque, mais personne ne parle de ça. En Irak et en Syrie ce sont les avions américains et français qui bombardent Daech et eux comme par hasard ils ne font aucune bavure avec la population civile, on nous prend pour des imbéciles. Ce qui est sûr c’est que Obama ainsi que Hollande n’ont jamais fait des politiques pour leurs peuples par contre ils ont soigné les multinationales autant que Sarkozy..

dominique 14 novembre 2016 à 10 h 38 min

oui, une inquietante colère.. sauf que l’electorat de Trump est le meme que celui de Romney. avec 1,7 millions de voix en moins. c’est Clinton qui a perdu massivement dans l’electorat des milleniaux, très à gauche, des ecolos (avoir nommé au lendemain des primaires un futur directeur du cabinet venu des lobbystes des compagnies petrolieres et du gaz de schiste etait un signal ahurissant) . clinton s’est montré pour ce qu’elle est: une representante du capital, qui avait mis sous le tapis le programme du parti democrate. meme si elle avait gagné, tous les sondeurs disaient que toute façon la chambre des représentants resterait republicaine: preuve que si elle gagnait, ça aurait eté par rejet de Trump. ce qui a eté surprenant, c’est que Trump gagne sur les caciques du parti republicain (et là on peut parler de rejet du systeme), mais si c’etait Cruz qui avait gagné les primaires (et l’aurait emporté, puisque Clinton se serait de toute façon sabordée), personne n’aurait rien dit dans le monde, alors que Cruz est bien plus à l’extreme droite que Trump..

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