Très décevant !

le 8 octobre 2013

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Quelques jours après le projet d’accord sur la réforme de la Politique agricole commune à Bruxelles, le Président de la République s’est déplacé au sommet de l’élevage à Clermont-Ferrand. Le moins que l’on puisse dire pour qualifier ses choix c’est : très décevant ! Loin de faire quelque remarque critique que ce soit sur la réforme envisagée, il s’y est inscrit pour faire valoir une « adaptation nationale » de celle-ci. Alors que le budget du ministère de l’agriculture diminue à nouveau de 7%, pour être en deçà de trois milliards d’euros, les prévisions du budget de la Politique agricole commune diminuent également de 2%. Certains arguent du fait que la France s’en sort mieux que d’autres pays européens. Certes ! On peut toujours se contenter de peu. Mais l’enjeu alimentaire territorial, environnemental, implique qu’on cesse de négliger à ce point le défi agricole.

 

La réforme européenne de la politique agricole prévoit de permettre de faire passer des financements de budgets destinés au développement rural sur le financement de la production agricole elle-même. Le gouvernement compte utiliser à plein ce mécanisme. On pourrait le concevoir, s’il n’avait pas l’inconvénient de sous-estimer le développement territorial et la qualité environnementale au profit d’une agriculture toujours plus concentrée et industrielle, détenue  entre quelques mains.

 

Dans les débats sur les changements de la Politique agricole commune, avait été acquise l’idée de combattre les inégalités existantes entre productions et exploitations, en répartissant autrement les aides publiques. Nous avons dit ici, la semaine dernière, comment l’accord intervenu à Bruxelles, il y a deux semaines, était revenu sur tout projet de plafonnement des aides et sur la dégressivité de celles-ci. Le gouvernement s’était engagé à corriger cela. Pour une part, il veut le faire avec un soutien financier plus  important jusqu’aux cinquante deux premiers hectares. Ceci pourrait constituer un pas positif si le dispositif était plus clair et précis. D’autre part, la mesure d’égalité consistant à verser la même aide à l’hectare pour tous, pour mettre toutes les exploitations à égalité ne se fera que d’ici plusieurs années, soit d’ici 2019 et ne se fera pas en totalité, mais seulement à  70%. C’est-à-dire que ceux qui sont spoliés aujourd’hui continueront à l’être demain comparativement à la situation des plus grosses exploitations céréalières. Ce n’est donc pas une mise en œuvre permettant d’aller rapidement vers l’égalité et la justice.

 

Malheureusement, le gouvernement français ne se bat même plus sur la question des prix de base des produits agricoles. Il n’agit que trop peu dans les instances internationales pour faire cesser la spéculation sur les denrées agricoles et alimentaires. Quand en plus on assiste au laisser-faire à propos de la mise en place d’une exploitation laitière de mille vaches en Picardie, on est fondé à craindre que la mise en œuvre de la nouvelle Politique agricole commune profite d’abord aux très grandes exploitations et à l’agro-industrie, tandis que les petites fermes bénéficieraient d’une sorte de traitement social avant de fermer définitivement.

 

Le combat continue pour une réorientation de la politique agricole européenne et pour sa mise en œuvre. C’est l’intérêt des consommateurs et des agriculteurs. C’est l’intérêt de l’emploi et d’un développement rural durable.

 

entetelaterre


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