Le travail et la nature, une cause commune

le 22 novembre 2017

Si rien ne bouge, malgré le verdissement des façades des multinationales et la blague d’une « finance verte », c’est parce que les objectifs sociaux et environnementaux sont autant de freins à l’extension de la sphère marchande et financière. (dessin: Pavel Constantin)

Y-a-t-il si loin de l’immense scandale des Paradise Papers à l’alarme sonnée par 15 000 scientifiques de 184 pays sur l’état funeste de la planète ? Ces deux phénomènes sont-ils si éloignés que certains le prétendent ? L’exploitation accélérée du travail humain est en réalité indissociable de l’exploitation de la planète et des ressources qu’elle contient. Propriétaires de la force de travail, les capitalistes agissent tout autant « en propriétaire à l’égard de la nature, cette source première de tous les moyens et matériaux de travail » comme le rappelait Karl Marx à la fin de sa vie dans sa critique du Programme du Parti ouvrier allemand (1).

Cette double spoliation, à l’égard des hommes et de la nature, n’a d’autre but que de perpétuer le taux de plus-value jugé  indispensable  au maintien des dominations sociales actuelles, accentuées sous le règne néolibéral.

Si rien ne bouge, et qu’au contraire le désastre environnemental s’accélère, malgré le verdissement des façades des multinationales et la blague d’une « finance verte » qui aurait, dit-on, le vent en poupe, c’est parce que les objectifs sociaux et environnementaux, conjointement nécessaires pour conjurer le péril climatique et écologique, sont autant de freins à l’extension de la sphère marchande et financière. C’est pourquoi mettre en avant ces objectifs et leur donner une traduction concrète, dans les municipalités, collectivités ou associations, devient tout autant une nécessité d’ordre civilisationnelle qu’un acte proprement révolutionnaire.

Car que disent ces scientifiques ? Que la dégradation de l’environnement poursuit une trajectoire extrêmement inquiétante et qu’aucune politique n’a jusqu’ici permis de freiner cette course à l’abime. Qu’au contraire, l’aveuglement capitaliste à l‘égard des besoins humains, devient un problème. Ils appellent en creux à une planification des politiques économiques décidées en fonction d’objectifs définis répondant de la défense d’un intérêt général humain.

Il est significatif que la nouvelle donnée il y a quelques mois d’une extinction de masse, la sixième depuis l’apparition du vivant sur notre planète, soit passée presque inaperçue… et que la 23ème conférence pour le climat qui s’est tenue à Bonn en Allemagne ait accouché d’une souris. Certains négociateurs et observateurs ont pointé l’apathie générale face à une problématique pourtant brûlante, qui avait trouvé il y a deux ans à Paris un formidable écho planétaire. Le coup de poignard de la nouvelle administration américaine qui a quitté l’accord sur le climat agit comme un puissant frein à toute avancée supplémentaire alors que l’urgence frappe aux portes. La responsabilité de M. Trump devra être jugée devant l’histoire avec toute la sévérité qu’elle requiert.

Dans un tel contexte, le gouvernement français devrait se donner comme mission de se projeter en première ligne de cette bataille d’ordre civilisationnel en prenant, fort des conclusions de la conférence de Paris, la place abandonnée de locomotive mondiale, en lien étroit avec les Nations Unies. Le faire réclame de donner ici-même l’exemple :  investir massivement dans le ferroviaire, développer le fret de marchandises, moderniser le tissu productif au lieu de délocaliser nos productions dans des conditions sociales et environnementales ineptes, impulser un nouveau mode de consommation, inventer un nouveau mode de production agricole et agro alimentaire à partir des expériences déjà en cours avec l’agro-écologie, réduire les inégalités sociales, enjoindre  les grandes entreprises de l’énergie à investir dans les énergies renouvelables pour développer un mixte énergétique intelligent.

Les scientifiques s’inquiètent également d’une croissance démographique appelée à perdurer jusqu’en 2100. Cet enjeu ne peut trouver de solutions acceptables sans un effort financier colossal pour l’éducation, le respect et l’émancipation des femmes, des plannings familiaux et des politiques sociales partout dans le monde. Il devient aussi indispensable de socialiser la richesse produite par les sociétés pour des investissements que le marché se révèle incapable de réaliser, et dont les thuriféraires déplorent en permanence, comme s’en étonnait déjà Bossuet, les effets dont ils chérissent les causes :  assèchement budgétaire, dettes phénoménales de pays pauvres et anciennement colonisés, voulues par les possédants pour maintenir leurs dominations deviennent autant d’arguments pour empêcher les investissements publics nécessaires, particulièrement pour les économies en transition et les pays les moins développés. Tout nous ramène à la nécessité d’un monde de coopération tournant le dos à celui de la concurrence, ce mot qui n’est que le paravent de la guerre économique.

Le serpent capitaliste se mort la queue… bouchant toute perspective pour le progrès humain et écologique et mettant en péril l’avenir même de l’humanité. Il n’est pas trop tard, mais le virage à prendre ne saurait être cosmétique. C’est au cœur du rouage économique qu’il faudra nécessairement porter le fer pour réaliser la grande et nécessaire bifurcation de l’histoire humaine. L’Humanité l’appelle ! Seuls les peuples unis et déterminés pourront l’écrire.

(1) Programme de Gotha


3 commentaires


Moreau 24 novembre 2017 à 0 h 16 min

C’est tout écrit ; l’état funeste de la planète a deux causes surtout : l’argent maître et le pouvoir maître à tous les niveaux donc c’est de la faute de tous les partis politiques. Il faut continuer à construire les institutions mondiales du vingt et unième siècle en les redéployant mais il faut intégrer la culture réelle en créant un Centre Mondial de la Culture réelle universelle avec la Poésie et c’est très simple de l’intégrer à l’Organisation (républicaine) des Nations Unies. Et comme il faut aussi le redéploiement de ce centre, il faut un Centre Européen de la Culture réelle.
Il fallait créer ces centres avant même de créer “l’Autorité Bancaire Européenne”.
Il faut toujours commencer la construction du Monde par son grand commencement qui est la Poésie ensemble de toutes les poésies. L’argent maître et le pouvoir maître, c’est de la faute de tous les partis mais c’est à cause de la culture trop subsidiaire la culture des arts mineurs.
Beaucoup a été fait et beaucoup se fait actuellement (il faut le reconnaître à cette nouvelle majorité présidentielle qui a quelques vrais talents pour la construction en retard de l’Union Européenne même si cette nouvelle majorité présidentielle est grave sur certains points fondamentaux) mais sans commencer par le commencement, d’où les abus monstrueux et l’état funeste de la nature.
Tout n’en serait pas là si les communistes français ne se laissaient pas vivre enfermés dans la vieillerie de la politique communiste alors que le vingt et unième siècle a besoin d’un tout autre communiste : le communisme républicain universaliste respectueux des oeuvres politiques valables réalisées car tout n’est pas à remplacer. Le communisme républicain est bien le seul à être universel mais en étant une politique complémentaire des autres politiques universelles pour la politique universelle. La France fondatrice de l’Union Européenne réussit assez bien en politique des relations extérieures et en politique monétaire, vive l’euro ! Il est urgent comme le mal est déjà fait en grande partie de réaliser enfin ce qui manque catastrophiquement.

Bolut rolande 25 novembre 2017 à 3 h 06 min

Il est grand temps d agir mondialement si nous voulons conserver la planete l irresponsabilite des dirigeants du monde c apitaliste nous mene a la destruction de la planete il est temps que les peuples du monde entier se reveillent pour changer la donne pendant qu il en est encore temps

joel bessolles 25 novembre 2017 à 10 h 13 min

pour ma par vous parler a un convaincus le plus dur c’est de convaincre le reste de la sociétés
je li et emporte mon journal tous les jour dans mon usine . l’humanité.
mais le plus dur reste a faires.
je vous remercie de continuer ce combat car il s’agit bien d’un combat .

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