Reprenons la main pour changer l’Europe

le 13 mai 2010

L’homme de lettre et tragédien de l’antique Grèce qui pourtant croyait que les hommes ne se dupent pas entre eux, avait cette phrase à rapprocher avec les douleurs des actuels événements : « Jamais dans une cité, les lois n’auraient la force qui convient, si elle n’étaient pas maintenues par la peur ».  On ne peut s’empêcher de la  méditer au moment où le Premier ministre grec, Président de l’Internationale socialiste, organise un coup de force contre son peuple en lui imposant le plan européen, inspiré du Fonds Monétaire International, non pas par la délibération parlementaire, mais par décret. 

Il n’y a pas d’autre qualificatif que celui de coup de force contre le peuple grec.

Une telle précipitation est destinée à faire peur, non pas aux grandes institutions financières mais aux citoyens. On nous abreuve désormais sans cesse du mot « insécurité ». Mais quelle compagnie de gendarmerie, quel escadron de CRS, quelle unité militaire arrêtera celles et ceux qui sont les véritables fauteurs de l’insécurité de notre planète, de l’Europe et qui se cachent désormais derrière le mot ressassé par les grands médias sous le nom de « marchés » ? Ce sont contre leurs victimes que la force publique est requise !

Ces marchés qui terrorisent les peuples, bombardent de puissants missiles sur les droits sociaux et économiques, déchiquettent les souverainetés nationales. Ces fameux « marchés » sont la créature des responsables politiques qui ont écrit, décidé, imposé, contre la volonté populaire, leurs traités ultralibéraux, sortis des cénacles de l’OMC, du FMI et des institutions européennes. Ils n’ont qu’un objectif : servir la rentabilité accrue du capital.

C’est le sens de la liberté totale de circulation des capitaux, le libre échangisme intégral mondial, codifié dans les nouvelles bibles du capitalisme que sont, pour l’Europe, les traités de Maastricht et de Lisbonne. Les promoteurs de ce capitalisme intégral, total, assènent les mots « dettes et « déficits » en boucle sur la tête des populations, sans jamais rien dire des causes des déficits et des dettes. Ce sont eux pourtant qui, au nom de la « concurrence libre », de la « compétitivité », ont sans cessé abaissé les impôts sur le capital. M. Fillon fait une tête d’enterrement pour tenter de nous faire avaler un plan d’austérité. Qu’il rétablisse la taxe professionnelle, qu’il remonte l’impôt sur les sociétés, qu’il supprime le boucler fiscal, qu’il taxe les actifs financiers des entreprises et des banques, qu’il taxe les revenus financiers, qu’il agisse pour une taxation des transactions et de la spéculation financière, qu’il réduise les dépenses militaires et ça ira déjà un peu mieux !

Ce n’est pas leur choix. Ils profitent de la crise pour aggraver encore la situation des travailleurs, des jeunes, des créateurs, des intellectuels, des agriculteurs et des petits entrepreneurs. Ils créent un climat de peur pour faire accepter du sang et des larmes aux familles populaires.

Accepter l’austérité aujourd’hui, c’est accepter que cela aille encore plus mal demain. Car l’austérité est un venin qui étouffe encore plus la consommation populaire et aggrave le chômage, tout en affaiblissant la France et l’Union européenne. Il ne faut donc pas laisser faire et travailler d’arrache-pied à solidariser les populations, les salariés, le monde du travail et de la création de toute l’Union européenne. Plusieurs de ses dirigeants font l’aveu que les traités européens ne fonctionnent pas. Il faut donc les déclarer inefficients et avoir le courage de lancer un débat démocratique sur les moyens de bâtir une Europe sociale, solidaire, écologique, démocratique, pacifique. Sans réformes structurelles progressistes pour transformer l’Europe, c’est l’idée européenne elle-même qui implosera. Cela conduirait à faire place nette aux impérialismes nord-américains et au roi-dollar.

– Les chefs d’Etat et de gouvernement ont repris une idée défendue ici même. Celle d’un fonds de solidarité et d’entraide. Il faut maintenant lui donner une vocation sociale et non pas créer un outil qui conditionne l’octroi de crédits et d’aides à des plans d’austérité et de destruction des services publics. Ce fonds doit pouvoir être à l’initiative d’un moratoire sur les dettes, d’en réduire voir d’annuler les intérêts et de refinancer des projets sociaux et d’infrastructures riches en emplois, conditionnés à une vocation de développement durable.

– La Banque centrale européenne doit devenir un outil public, contrôlé par les élus et avoir vocation à permettre l’ accès à un crédit à bas taux d’intérêt, dès lors qu’il s’agit de projets sociaux, de recherche, de formation, de travail, en lien avec les systèmes bancaires nationaux, dont l’expérience montre qu’ils devraient pour tout ou partie être nationalisés.

– Il n’y a pas d’avenir durable en Europe sans un service public du crédit et de la création monétaire. Pourquoi les autorités européennes se refusent-elles aujourd’hui à plus de création monétaire pour aider les pays en difficulté ? D’autres grands pays le font pour financer leur déficit.

– De même devrait être inventé un service public du travail pour toutes et tous, pour la formation, la santé et tous les biens communs humains.

– Evidemment, l’Union européenne devra se doter de moyens financiers nouveaux avec une fiscalité propre sur le capital, une taxation des mouvements de capitaux, la fin des « paradis fiscaux », des fonds sociaux et régionaux plus importants pour favoriser une harmonisation par le haut des situations économiques et sociales  des différents pays et aider toutes  leurs  populations à accéder à de nouveaux droits sociaux, à la sécurité du travail et de l’emploi.

Refusons le gouvernement de la peur. D’autres choix sont possibles pour une autre politique nationale et pour  une autre Europe pour les peuples et bâtie par les peuples. Il n’y pas de solutions toutes faites. Lé débat est donc indispensable. Des initiatives politiques nouvelles sont indispensables pour progresser en ce sens. Nous y aiderons de toutes nos forces.

 

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0 commentaires


MARAT EL MOKRANI 14 mai 2010 à 16 h 12 min

Les Capitalistes avec le soutien de ceux qui ont capitulé(en 68 on disait que la Classe ouvriére s’était embourgeoisée,on voit maintenant qui s’est embourgeoisé!),l’heure est propice pour repartir à l’offensive et pour cela il est vital de renforcer le PCF pour faire reculer les forces du capital.Il faut demander l’abrogation des traités europeens depuis celui de Mastricht et ceux qui l’on suivi,pour mettre l’économie au service des citoyens et donc se battre pour nationaliser les Banques et redonner à la France le droit de battre monnaie,et reindustrialiser le pays.

Jack Freychet 15 mai 2010 à 8 h 11 min

La gauche dans son ensemble ne prend pas ce chemin.

MARAT EL MOKRANI 16 mai 2010 à 16 h 19 min

J’ajouterai que le numéro de l’Huma Dimanche,duquel est tiré ce texte est particuliérement bien fait qui donne des armes pour expliquer et combatre les responsables de cette crise du capitalisme.Pour en revenir à cet editorial il me rappelle par sa clarté et son mordant ceux qu’ecrivait René Andrieu.

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