Refaire vivre l’égalité, c’est déjà un programme

le 8 avril 2010

 

D’un côté huit millions de personnes vivent avec moins de 908 euros par mois. Parmi elles plus de deux millions sont salariés, d’autres agriculteurs, d’autres encore privés d’emploi. Ils sont la figure du nouveau prolétariat : les travailleurs pauvres. Ils payent beaucoup d’impôts indirects comme la TVA, la taxe sur les produits pétroliers, la contribution sociale généralisée, les forfaits hospitaliers et la franchise médicale s’ils sont hospitalisés.

De l’autre dix personnes. Oui exactement dix personnes, qui ont un patrimoine d’au moins 15 millions d’euros et reçoivent pourtant chacune un cadeau fiscal de près de 6 millions d’euros grâce au mécanisme du bouclier fiscal. Au-delà de ces dix personnes, les cent plus riches Français reçoivent chacun un cadeau d’un million quinze mille euros. C’est la France de l’inégalité organisée.

A un pôle de la société une infime minorité de possédants, de rentiers et de spéculateurs se vautre dans le fric. 1% de la population dispose d’un revenu annuel compris entre 668 000 et 13 millions d’euros. A l’autre pôle, bien au-delà des huit millions de personnes qui vivent en deçà du seuil de pauvreté, ils sont seize millions désormais, à tirer le diable par la queue. L’immense majorité trime dur et ne voit aucune lumière sécurisante à l’horizon. De plus en plus nombreux sont celles et ceux qui vivent dans l’angoisse de la fin du mois ou du chômage. D’autres redoutent l’accident, la maladie, d’autres encore sont coincés dans les rudes tenailles des banques avec un surendettement qui agit sur leur portefeuille comme une sangsue sur des veines. Cette grande majorité qui fait pour une part essentielle la richesse du pays est pourtant devenue « la France des invisibles ». Elle n’en peut plus. Elle bout en silence « pour l’instant ». Elle a besoin et cherche une espérance politique, une vision neuve pour l’avenir. Un projet et un chemin nouveau dont elle serait maître de bout en bout pour y parvenir.

C’est parce qu’ils sentent cette profonde colère que des députés de Droite  -qui, rappelons-le, ont voté l’injuste bouclier fiscal- ont dû ces derniers jours timidement demander son aménagement. La noirceur de l’injustice commence à leur éclabousser le visage ! Au bouclier fiscal s’ajoute une multitude d’autres cadeaux fiscaux : la baisse de l’impôt sur les sociétés, 75 milliards de niches fiscales, 22 milliards d’exonérations de plus-values sur ventes de filiales pour des grands groupes industriels et financiers, 22 milliards d’exonérations de cotisations sociales, l’exonération des revenus financiers du financement de la protection sociale, etc. A la faveur de ce débat, on a appris que, dans les rangs du parti présidentiel, l’hypothèse d’une hausse de la contribution sociale généralisée était envisagée. De nouveaux prélèvements sur le travail sont donc en gestation.

Une fois de plus le Président de la République a répondu sèchement qu’il ne toucherait pas au bouclier fiscal. C’est le cadeau fait à sa caste. Il ne veut pas le reprendre. Comme il le répète souvent «  c’est un marqueur du quinquennat ». Un marqueur qui donne tout son sens à sa politique de classe. De la même manière, il considère la future charge contre les retraites à 60 ans comme un autre « marqueur ». S’il s’agit de « marqueurs », ce n’est donc pas une nécessité pour l’intérêt général. C’est un rapport de force qu’il veut créer contre le pays et pour sa caste.

La responsabilité du mouvement progressiste dans sa diversité est de se porter aux côtés du monde du travail, des retraités, de la jeunesse, pour faire valoir d’autres choix afin de refaire vivre dans leur plénitude les idéaux de la République peu à peu menacés sur leurs bases, à commencer par ceux de la justice et de l’égalité. Cela appelle une vaste réforme fiscale portant en son cœur la justice, avec un système d’impôt progressif, l’augmentation de l’impôt sur les sociétés faisant des bénéfices, la fin du bouclier fiscal, l’augmentation de l’impôt sur la fortune, sur la rente, et la taxation de la spéculation. Ceci doit se jumeler avec une répartition des richesses favorable au travail, incluant donc une augmentation des salaires, des petites retraites, des prestations sociales, le développement de grands services publics indispensables à tout choix progressiste d’égalité et de solidarité. Une réforme conséquente du système bancaire, avec l’élargissement du secteur nationalisé géré démocratiquement, pour impulser un crédit utile à l’emploi, à la formation, à la recherche, à de nouveaux investissements, pour un nouveau type de développement humainement et écologiquement soutenable. Il est urgent de refaire vivre l’égalité. La justice est un atout pour l’efficacité économique. C’est l’un des combats de l’heure pour tous les progressistes et, au-delà d’eux, pour toutes celles et tous ceux qui portent le genre humain au cœur.


0 commentaires


Colvert 8 avril 2010 à 11 h 02 min

Discours et programme mobilisateur mais qu’il faut faire passer chez la majorité des français jeunes et vieux ,. hélas amorphes et anesthésiés par les “sirènes”des gouvernants !

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