Que la question de la fiscalité devienne l’affaire de tous

le 5 décembre 2013

TVA

La grande marche qui a sillonné les rues de Paris, à l’appel du Front de gauche, en direction de Bercy, siège du ministère de l’économie et des finances, a fait raisonner avec calme, mais avec force, l’exigence d’une profonde réforme pour la justice fiscale.

 

Le même objectif anime les mouvements dans les centres équestres contre la hausse de la TVA ou le grand rassemblement festif de Carhaix, qui est intervenu après la mobilisation unitaire des syndicats dans toute la Bretagne. Certes, on peut discuter à perte de vue des confusions, parfois des instrumentalisations présentes dans ces mobilisations, notamment en Bretagne. On peut aussi regretter que tous leurs acteurs ne partagent pas les mêmes analyses sur les causes de l’actuelle crise et les moyens d’en sortir. C’est le contraire qui  serait surprenant. Mais, par delà leur diversité, le refus de l’injustice est bien ce qui les rapproche et leur donne des chances d’aboutir. Un travailleur, un retraité, un paysan, un privé d’emploi, qu’il ait voté socialiste, front de gauche, écologiste  ou même à droite, qu’il croit au ciel ou qu’il n’y croit pas, a le sentiment qu’on lui fait payer une crise et une dette dont il n’est en rien responsable. Tous constatent que l’austérité, supposée réduire cette dette, ne fait que l’aggraver, tandis que les indispensables services publics sont sacrifiés. Voilà qui donne des possibilités et des responsabilités nouvelles à un Front de gauche élargi, pour débattre et élaborer avec les citoyens une réforme de justice fiscale qui, parce qu’elle sera juste, sera économiquement, socialement et écologiquement efficace. Contrairement à ce qui se dit, l’immense majorité de nos concitoyens ne refuse pas de contribuer au bien commun en payant sa part d’impôt. Est contestée la part belle faite à ceux qui possèdent le plus, particuliers, entreprises et banques. Plus ou moins confusément est en cause  la « contre révolution fiscale à l’œuvre depuis plusieurs années. Sur injonction des grandes puissances industrielles et financières et de la Commission de Bruxelles, tous les impôts progressifs sont dévitalisés : de l’impôt sur le revenu à celui sur les sociétés et  sur les grandes fortunes. Leur sont substitués des prélèvements dits « proportionnels » comme les taxes de consommation ou prétendument « écologiques ». La hausse des taux de TVA envisagée au 1er janvier s’inscrit dans ce processus. Elle va renchérir tout ce que chacune et chacun achète chaque jour. Indolore ou presque pour le plus fortuné, insupportable pour celui qui finit les mois à 30 ou 40 euros près. Impôt le plus injuste, elle devient la première recette de l’Etat. Elle pompe plus de 11% du budget d’une famille dont le revenu est de 20 000 euros par an contre 7,5% pour celle au revenu annuel de 100 000 euros. Quant à  l’impôt sur les sociétés, il pèse pour 8% sur les grandes entreprises cotées en bourse, mais 33% pour les petites et moyennes. Depuis les années 2000, les gouvernements ont modifié les barèmes et les tranches d’impôt au bénéfice des 10% les plus fortunés et pour l’infime minorité du 1% des plus aisés. Cette stratégie a fait que la part des impôts prélevée, comparée à la richesse créée, a diminué au point de créer un manque à gagner de plus de 60 milliards d’euros depuis les années 1980. A ceci s’ajoute 60 à 80 milliards d’évasion fiscale et près de 100 autres milliards de cadeaux fiscaux aux grandes entreprises, sans contrepartie pour l’emploi et le mieux être social qui n’ont cessé de se détériorer. On pourrait donc faire autrement que toujours faire payer les plus modestes.

 

Pour débattre sérieusement d’une autre fiscalité, on ne peut faire abstraction de la nature de la dette publique dont le remboursement des seuls intérêts constitue le troisième élément du budget de la nation. Ces intérêts engraissent les rapaces de la finance. La dette a donc une part illégitime que seul un audit permettrait de déterminer. L’autre élément est celui des inégalités dans la répartition des revenus salariaux, paysans et ceux des artisans et petits entrepreneurs, ainsi que celui de la défense et de la modernisation de nouveaux atouts industriels et agricoles, créateurs d’emploi, qui contribueraient notamment à améliorer les comptes de la protection sociale. Là encore, les producteurs de richesses sont doublement spoliés. D’une part, les banques ponctionnent plus de 30 milliards d’euros sur les entreprises avec le remboursement d’intérêts d’emprunts. Et elles versent 94 milliards de dividendes à leurs actionnaires. Autant d’argent qui ne va pas à la rémunération du travail ou à l’emploi.

 

Il y a donc bien un lien entre la nature de la fiscalité, sa progressivité pour la justice et l’indispensable débat sur les coûts de plus en plus exorbitants du capital financier, destructeur de l’économie, créateur d’inégalités et de chômage.

 

Une réforme fiscale doit s’accompagner d’une transformation structurelle de l’économie, incluant une reprise en main de la finance et la fin d’un système favorisant la rente des grands « propriétaires – actionnaires ». Il s’agit ni plus ni moins que d’inventer une nouvelle cohérence  progressiste  qui fasse le choix de “l’humain d’abord”.  Tel est  l’objet des Etats généraux dont le secrétaire du Parti communiste,  Pierre Laurent a lancé l’idée ces derniers jours. Participons-y !


8 commentaires


Michel Berdagué 5 décembre 2013 à 13 h 10 min

Patrick, c’ est encore plus grave pour le monde du travail salarié, quand il reste 40 à 50 euros c’ est presque un exploit , certains dès le salaire versé c’ est la banque qui prend tout avec une autorisation de découverts avec agios , d’ autres n’ ayant plus de crédits arrivent dans tout juste et c’ est ce dont tu parles , les autres beaucoup en précarité chômage jonglent et sont exclus tant il faut passer son temps à la débrouille. Tu te souviens qu’ un Chirac avait repris la constatation de ” fracture sociale” là ce jour elles est ouverte et s’ aggrave. P

Michel Berdagué 5 décembre 2013 à 13 h 15 min

Patrick, c’ est encore plus grave pour le monde du travail salarié, quand il reste 30 à 40 euros c’ est presque un exploit , certains, dès le salaire versé, c’ est la banque privée qui prend tout avec une autorisation de découverts avec agios , d’ autres n’ ayant plus de crédits arrivent tout juste et c’ est ce dont tu parles , les autres beaucoup en précarité chômage jonglent et sont exclus tant il faut passer son temps à la débrouille. Tu te souviens qu’ un Chirac avait repris la constatation de ” fracture sociale” là ce jour elles est ouverte et s’ aggrave. Participons tous et toutes aux Etats généraux .

papini 5 décembre 2013 à 14 h 07 min

salut Patrick ce qui est encore + grave c’est la prime de noel allouée aux élus d’état il s’agit pas – de 20 millions et tu ne trouves pas cela scandaleux je peux t’envoyer les sommes exactes qu’ils touchent nommément de quoi payer pas mal de smics et personne en parle

flo 5 décembre 2013 à 14 h 54 min

Je suis d’accord pour raisonner avec toute ma raison bien que la colère me prenne toutefois par moments. En l’occurrence, même si la marche était calme (un peu trop à mon goût), elle n’a fait que faire résonner l’exigence de justice sociale.

breteau jean claude 5 décembre 2013 à 17 h 14 min

Patrick ,ne serait-il pas judicieux que les partis composant le FDG ou le FDG créent un site ,blog permettant à chacun de faire des propositions pour écrire une réforme fiscale ,quelque soit le lieu de résidence .Isolé au milieu de la campagne je pourrais faire œuvre utile pour la révolution fiscale et tous les citoyens concernés avec moi ;Il serait nécessaire de pouvoir casser (par la loi )les partenariats public privé ,sans dédommagement ,car pour ce qui est de ne pas laisser de dettes à nos enfants (crédo libéral)ils sont servis nos chérubins (écomouv ,aéroport de Nantes

Thomas Yves 5 décembre 2013 à 21 h 07 min

C’est au responsables de la “crise” d’assumer les conséquences de leurs actes.
Pourquoi ne pas remplacer l’écotaxe et la hausse de la tva par une taxe sur les produits en provenance des pays à bas coup de production?

Thomas Yves 5 décembre 2013 à 21 h 14 min

Il tombe tellement de coup bas … C’est bas coût que je voulait écrire

guéret 7 décembre 2013 à 17 h 37 min

Il faut une vraie politique de gauche tout simplement, les français doivent payer l’impôt proportionnellement à leurs revenus, bien sûr ce n’est pas ce qui se passe aujourd’hui, mais ce gouvernement est-il de gauche? pour moi non!!

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