Où va la France ?

le 9 avril 2013

Où va la France ? Telle est la question que nous nous posons toutes et tous en ces temps si troublés. Depuis des années et des années, les scandales politico-financiers se succèdent qu’aucune parole officielle, aucun jugement, aucune loi ne parvient à interrompre. Ceci se passe dans un cadre où les changements de majorité au pouvoir n’aboutissent à aucune amélioration de notre vie quotidienne.

Et voici qu’au cœur de la crise d’une inouïe violence, contre celles et ceux qui n’ont que leur travail et leur retraite pour vivre, le ministre Cahuzac qui n’est intervenu à la télévision et au Parlement que pour demander à ceux-ci de se serrer la ceinture, disposait non seulement de confortables revenus, mais plaçait de considérables sommes d’argent, dont on aimerait connaître la provenance exacte et les sommes exactes, dans des paradis fiscaux en Suisse et à Singapour. Le même ministre, chargé de faire la chasse aux fraudeurs fiscaux était lui-même un délinquant fiscal. Il nous demandait avec d’autres, d’accepter, ici la fermeture de la Poste, là d’une classe ou d’une école, ailleurs d’un hôpital et partout la réduction du nombre de salariés des secteurs publics, au nom de la réduction du déficit, alors que les plus de quarante milliards d’euros d’évasion fiscale, oui ! -quarante milliards-, permettraient d’équilibrer le budget de l’Etat et donc de maintenir, d’améliorer, de développer les services publics. Et au fur et à mesure des jours qui passent, on découvre une curieuse chaîne où un avocat d’extrême-droite a ouvert le compte de M. Cahuzac, que son gestionnaire de fortune était proche de M. Sarkozy et que beaucoup de monde le savait dans le petit microcosme politico-médiatique. Mais, n’y a-t-il pas un lien entre le comportement de tels dirigeants et la situation économique et sociale ? Le parcours de M. Cahuzac apporte une réponse à cette question. Celui-ci a été conseiller du ministre de la santé, en lien avec l’industrie pharmaceutique, puis il a monté une clinique privée en chirurgie capillaire, tout en restant conseiller pour les sociétés multinationales du médicament, tout en devenant député, puis nommé, à la demande de M. Sarkozy, président de la commission des finances à l’Assemblée nationale, avant d’être nommé ministre du budget par F. Hollande. Ce système d’aller-retour des cabinets ministériels au monde des affaires, jusqu’aux ministères, formate des dirigeants aux étiquettes certes différentes, mais aux idées et aux politiques identiques, qui les placent au cœur d’un système et au service de celui-ci : celui de l’argent-roi, dominateur, concentré entre quelques mains, alors que le pouvoir est lui-même de plus en plus concentré au sommet de l’Etat, qui, lui-même applique souvent avec zèle des ordres des institutions européennes.

La suppression des barrières entre le monde des affaires et la direction de l’Etat, forme cette caste qui nous gouverne depuis tant d’années. Une situation dont on n’informe pas assez nos concitoyens. Ceci produit des responsables qui se croient tout puissants, sûrs d’eux, méprisants, dominateurs, dans les sphères de décision ou de l’information. La bombe à fragmentation qui a été dégoupillée, après une multitude de malversations, de mensonges, de paroles non tenues, ne peut nourrir parmi nos concitoyens que le terrible sentiment selon lequel les responsables politiques n’auraient plus au cœur de leur engagement le service de l’intérêt général, mais celui d’une caste. Ceci n’est pas vrai. En général, les élus se mettent au service de leurs concitoyens, mais le système financier capitaliste leur a ôté beaucoup de pouvoirs puisqu’il l’a transféré aux agences de notation, aux puissances financières et aux institutions européennes.  Une telle situation appelle des initiatives fortes pour refonder la démocratie et la République. Aucun bricolage ne pourra sortir notre pays de cette décrépitude et de cette puanteur. Il faut de l’air. Pour cela il est indispensable d’envisager un processus de changement de la République dans le cadre d’un grand débat public, associant toutes les citoyennes et tous les citoyens pour qu’ils retrouvent leur souveraineté sur leur propre vie et sur les choix du pays. Ce serait un processus constituant, pour inventer une nouvelle constitution.

Cela va de pair avec un changement d’orientation économique et sociale, pour une politique progressiste au service du peuple. La combinaison de la crise globale qui enserre l’humanité et la crise politique qui se développe de différentes manières appelle à une refondation de la République. Celle-ci doit être sociale et démocratique. Le faire, revient à s’engager dans un changement de système.

entetelaterre


2 commentaires


Christian de B 9 avril 2013 à 11 h 50 min

Excellent article Patrick.
Il conviendrait de désigner toutes les personnes qui s’arrangent entre elles pour nous mentir pour mieux nous voler et plus s’enrichir. Tout cet arbre, donc le tronc et les branches nous sont pourris, est à abattre. Mon bulletin de vote avait un nom, l’information faite aux citoyens doit divulguer les noms et fonctions de ces escrocs de la République. Avant que la confiance qu’il reste n’aille rejoindre le pire…

Denys 10 avril 2013 à 9 h 18 min

Excellent article !
Mais parler de « microcosme politico-médiatique », est encore un peu faible je parlerai moi de mafia ! Une mafia où les médias, ceux qui monopolisent l’attention à 20 h, sont loin d’avoir de leur coté les cuisses propres dans leur collaborationnisme, Mélenchon hier soir avec son humour acide l’a très bien démontré sur l’A2.
Depuis plus d’une semaine l’« affaire Cahuzac » monopolise les antennes alors que parallèlement la plus grande attaque contre le monde du travail est en train de se concrétiser à l’Assemblée, sans qu’aucun média n’en fasse pas plus qu’une phrase de commentaire par édition journalière! Hier soir encore plus d’un quart d’heure de commentaires sur l’affaire elle-même et ses conséquences, (évitant même de donner la parole sur le sujet à Mélenchon présent sur le plateau), et pas plus d’une minute d’images sur les manifs contre l’ANI, sans aucun commentaire !
Si l’on veut des infos sur les manifs et sur l’ensemble de processus d’assassinat du Code du Travail, une seule solution se connecter à l’Huma ! Problème, combien de travailleurs concernés le font ? Mis à part quelques irréductibles de la vraie gauche peu de monde va chercher de soi-même cette information.
Aujourd’hui, le téléspectateur lambda saoulé par cette désinformation des « grands média » n’a plus qu’une réaction de rejet du monde politique qu’il élargit même au syndicalisme, et c’est dramatique car c’est justement l’effet recherché écarter de la route le jugement et la réaction populaire pour mieux les canaliser vers une abstention de masse qui favorise à la fois le capitalisme et, hélas, aussi l’extrémisme de droite !
Le grand ménage politique doit aussi s’accompagner d’un ménage médiatique.

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