Offensifs et unitaires face à la contre-attaque réactionnaire

le 24 novembre 2016

François Fillon est arrivé en tête de la primaire de la droite avec 44,1% des voix

Ce que l’on appelle « la primaire » des candidats de la droite à l’élection présidentielle a permis aux idées de celle-ci de saturer l’espace médiatique et public sans contradictions de gauche. On ne débat pas de l’alternative mais des barreaux d’une échelle à monter vers plus d’austérité, vers un transfert accru des revenus du travail vers les propriétaires et actionnaires des entreprises. Il n’est question que de défaire l’Etat et de supprimer les services publics, de détruire les droits sociaux, d’alléger la fiscalité des plus riches pour assommer les plus démunis en augmentant la TVA. Sans parler de la fin des 35h et le retour à la retraite à 65 ans et plus ! Quant au regroupement familial, il serait suspendu, en contravention avec la convention européenne des droits de l’homme. Ce florilège de régressions ne s’arrête malheureusement pas là.

En plaçant François Fillon largement en tête du premier tour, les électeurs de droite ont voulu signifier qu’ils choisissaient celui qui allait le plus loin dans toutes ces régressions, garantissant leur mise en œuvre par voie d’ordonnances sans consultation du Parlement. Sans doute a-t-il bénéficié, dans sa dynamique, du fort rejet qui s’exprime à l’égard de M. Sarkozy. Le résultat de ce premier tour conduit à amplifier des choix qui agrandiront encore les fractures sociales et son lot de souffrances aggravées. C’est une nouvelle droite qui s’avance. S’il en est ainsi, c’est qu’elle considère que le rapport de forces, nourri par la centralité des thématiques portées par la cheffe de l’extrême droite, le rend possible. Cette droite est, aussi d’autant plus forte que le terrain a été préparé depuis 2012 par une série de renoncements et contre-réformes qui ont profité au milieu affairistes et financiers, contre le monde du travail et de la création. Avoir promu M. Macron, ancien banquier chez Rothschild, au ministère de l’économie, revenait à rayer d’un trait de plume le combat contre la finance prédatrice. Celui-ci a décidé maintenant de rouler pour lui-même, à moins qu’il ne prépare d’autres coups fourrés ou d’autres jonctions.

Au bout du compte, le débat public engage à penser à droite, à répondre à des questions de droite, avec des personnages en compétition dans des primaires après avoir siégé autour de la même table du conseil des ministres. Le summum du culot est atteint lorsqu’ils se présentent, la main sur le cœur, comme des candidats « antisystème ». La belle farce ! Ces candidats « antisystème » promettent d’en finir avec les syndicats et de piétiner les corps intermédiaires. Ils sont bien les rouages et les mécaniciens manchots de ce système capitaliste en crise. Leurs déclarations ne visent qu’à tenter de le sauver, en allant jusqu’à envisager de réduire encore les possibilités pour les citoyens d’intervenir et de se défendre. Leur projet est bien une contre révolution conservatrice. Tant qu’ils réussiront à détourner de leurs responsabilités les bien réelles colères populaires, tout continuera à régresser jusqu’à rendre possibles les pires aventures.

Les forces progressistes n’auront une chance de contrer cette offensive, à bien des égards mondiale, qu’en travaillant à une nouvelle unité populaire à construire avec les citoyens eux-mêmes. Beaucoup n’en peuvent plus du sort qui leur est fait, sans forcément percevoir les moyens et chemins d’une issue. Le choix de la droite-extrême ou de l’extrême-droite a déjà été par le passé celui d’une majorité d’électrices et d’électeurs, victimes de la crise générée par le capitalisme.

Ne laissons pas les mécontentements et les colères populaires être dévoyés. Et cela ne pourra se régler que dans la vraie vie vers laquelle les militants de la gauche authentique, forts d’analyses renouvelées, doivent sans cesse se tourner pour que la société soit à nouveau irriguée par des projets de justice, d’égalité, de solidarité, de transformation sociale et environnementale contre les actuelles lois de la finance présentées comme inamovibles. Ce qui suppose de bannir le venin des polémiques, des chicaneries, des procès d’intention et des ambitions personnelles qui écartent celles et ceux qu’il faudrait aider à rassembler.

Créer un rapport de forces plus favorable aux attentes populaires est chose ardue tant est dégradé celui qui domine dans la situation actuelle. Nous n’y parviendrons pas en continuant avec des conceptions et des comportements qui ont perdu de leur efficacité dans la période de bouleversements que nous connaissons. Il est plus que temps d’inventer, avec celles et ceux qui en ont le plus besoin des projets de transformations à la fois révolutionnaires et crédibles en partant du réel. Chaque individu avec sa personnalité, chaque force avec son histoire, son identité, ses propositions à confronter doit avoir sa place dans une telle démarche démocratique qui vise au rassemblement contre la dispersion et l’éclatement actuels, sources d’impuissance et de désespoir.


12 commentaires


Pierre 25 novembre 2016 à 0 h 31 min

Il n’est plus temps de pencher pour l’un ou l’autre, il faut faire en fonction de la présidentielle, maintenant…premier tour, puis second tour…

Et, justement, de ce côté-là, ça ne va pas bien fort.
Entre un Montebourg plus velléitaire que structuré politiquement, et un Mélenchon parfois carrément abrupt, mais très structuré, lui, reste-t-il un espace pour un membre plus ou moins éminent du PC?
Pas sûr…

Macron?… Qui ça?

A moins que, “surgi du Diable Vauvert”, un Hollande ne vienne sur les chapeaux de roue mettre tout ce petit monde d’accord…

Et Valls? Restons sérieux….

Quéré Patrick 26 novembre 2016 à 7 h 09 min

Il trouvera sûrement assez de moutons pour voter pour lui.

André BARNOIN 27 novembre 2016 à 22 h 49 min

Qui “IL ” ??

Minchin 26 novembre 2016 à 11 h 30 min

Vous croyez que la gauche c’est. Mieux j’imagine que ce sont des gens comme vous qui on élus hollande est c’est pour ca qu’on est dans cette merde !!le chaos de la gauche. Des gros problèmes d’insécurité de tout les jours!! La misère le chômage.il faut agir rapidement.

alain harrison 27 novembre 2016 à 1 h 47 min

Bonjour.

«« Créer un rapport de forces plus favorable aux attentes populaires est chose ardue tant est dégradé celui qui domine dans la situation actuelle. »»

Ou bien créer de meilleur… de ci de ça…….

Il faut en finir avec les un peu plus…… avec les demis mesures ouvertes à toutes les polémiques.

Tout ça c’est exactement dans le sens des politiques économiques d’ajustements, une des tactiques libérales pour désorganiser, même ici au Québec, la santé, l’éducation et ouvrir les valves pour le privé et ses profits. On commence par nous chanter les meilleurs prix, les meilleurs ci cela…..
Comme internet présenté comme un lieu d’échanges, mais depuis un lieu de vente d’infos personnelles, et maintenant on nous accompagne dans nos déplacement dans le net. C’est-à-dire que le viol de nos vies privées est très réel. Mais j’ai rien à cacher.
Mais attention.

Facebook a tellement envie d’obtenir le feu vert pour s’implanter en Chine qu’il est prêt à se plier à l’exigence numéro un : démontrer un solide engagement en faveur de la censure. Selon le New York Times, le géant du média social aurait développé un outil conçu pour surveiller les sujets les plus discutés sur la plate-forme et éventuellement supprimer du contenu, dans l’espoir d’apaiser les autorités chinoises.
http://www.msn.com/fr-ca/actualites/science-et-techno/zuckerberg-a-vendu-son-%c3%a2me/ar-AAkLjZ7?li=AAgh0dy&ocid=mailsignout

Aussi tôt qui en a un, la tête enflé par le profit, ou le pouvoir, nous devons comprendre que nous devons prendre le pouvoir politique citoyenne travailleur, et des mesures efficaces pour éjecter toute personne en autorité qui va à contre sens démocratique.
Cela est un absolu.

Cauzard 27 novembre 2016 à 20 h 54 min

Donc il faut des primaires à gauche

arrighi georges 27 novembre 2016 à 21 h 05 min

Pas un mot sur le vote des communistes, par contre l’évocation d’un rassemblement populaire ,pas celui de Mélenchon surtout qui n’est pas mentionné; peut être s’agit il de celui auquel a participé notre porte parole ( le jour où les communistes se prononçaient pour un candidat à la présidentielle) à Bondy avec la crème des cadres du PS et alliés….coauteurs du quinquennat Hollandais….

Durand Martine 28 novembre 2016 à 10 h 01 min

analyse trés claire dans cette période propice aux raccoucis et à l’expression de nos colères et ressentis
merci

alain harrison 29 novembre 2016 à 7 h 05 min

Bonjour.

Je voudrais faire un parallèle ici.
Probablement, ceux qui ont une bonne connaissance de la période historique touchant la révolution de 1917, y verront une pertinence.

D’abord un extrait d’un commentaire:
12/11/2016 à 16:14 par УВБ76
«« 1917 toujours : Trotski aussi est revenu en Russie. Lui, il l’a fait depuis les USA, et muni d’un financement important de la famille Rothschild (jusque là plutôt pro-allemande, mais qui vient de négocier la déclaration Balfour avec Londres, en échange de son soutien pour entraîner les USA dans la guerre). A Pétrograd, il a été confronté à la supériorité de moyens des léninistes, et s’est rallié à eux pour ne pas être exclu du processus révolutionnaire. On a donc, en décembre 1917, à Pétrograd, un homme lié à l’Etat-major allemand (Lénine) et un homme lié à la haute finance anglo-américaine (Trotski). Leurs relations sont à l’image de celles de leurs mentors : consanguines et conflictuelles à la fois. Trotski, de son côté, a pris langue avec les Allemands (sans doute via des éléments qui, à Berlin, sont eux-mêmes liés à la haute finance anglo-saxonne).

««« A Pétrograd, il a été confronté à la supériorité de moyens des léninistes, et s’est rallié à eux pour ne pas être exclu du processus révolutionnaire. »»» Il s’agit de Trotski.

Est-ce que, il est pensable que Pierre Laurent ………………. confronté à la supériorité, et j’ajoute les initiatives de M. Mélenchon.

À n’en pas douté, il y a des affairistes, et pas seulement dans la droite capitaliste, dont nombre de banquier s’acoquine au PS et retourne chez JPMorgan: Macron.
HO! en passant il y a un document, le document JPMorgan, réclame des états autoritaires.
Il y a 300 pages sur le crime laissé pour compte, la Justice US a son prix.
Il y a eu le procès fond vautour-Argentine, tien, la justice US.
Et l’ALENA et son chapitre 11.
Il faudrait peut-être à monter la liste.

Vous savez, CADTM fait un immense boulot, et ils ne sont pas si nombreux que ça.
Mais nous tous, juste en faisant une liste exhaustive, il y aurait de quoi à faire. Par exemple, la publié sur face book, twetter, avec pour chacun un article…..
Juste pour indiquer.
300 pages incriminant JPMorgan……

«« 300 pages documentant les pratiques criminelles et la fraude réalisées par JPMorgan, la plus grande banque des Etats-Unis et le plus grand agent de produits dérivés du monde. En dépit des révélations détaillées dans le rapport, aucune action ne sera prise à l’encontre du PDG de la banque, Jamie Dimon, qui jouit de la confiance personnelle du président américain. »»

alain harrison 29 novembre 2016 à 7 h 09 min

Précision.

Mais nous tous, juste en faisant une liste exhaustive, il y aurait de quoi à faire. Par exemple, la publié sur face book, twetter, avec pour chacun un article…..
Juste pour indiquer.

L’adresse de l’article,ou simplement le titre et son auteur suffisent.

alain harrison 3 décembre 2016 à 5 h 53 min

Bonjour.

«« qu’en travaillant à une nouvelle unité populaire à construire avec les citoyens eux-mêmes. Beaucoup n’en peuvent plus du sort qui leur est fait, sans forcément percevoir les moyens et chemins d’une issue. Le choix de la droite-extrême ou de l’extrême-droite a déjà été par le passé celui d’une majorité d’électrices et d’électeurs, victimes de la crise générée par le capitalisme. »»

««« sans forcément percevoir les moyens et chemins d’une issue. »»»

Voilà l’élément clef du maintient de la confusion régnante que tout bon manipulateur sait utiliser, afin de remplir son filet de domination.
J’emploi le mot manipulateur pour désigner tout individu, en position de force, qui par artifice (promesse, facilité…..) maintient sa position de domination. Il n’a aucunement l’intention de participer à l’émancipation du peuple.
Cela fonctionnait très bien, mais depuis la crise de 2008 et d’autres catastrophes assimilées à un nouvel ordre mondial, comme allant de soi, il y a comme un renversement. Et Fillion en est la représentation: les gens sont prêts, semblent-ils, à plus de sacrifices et cela seraient volontaires. La stratégie d’instrumentalisation est devenue efficiente, la majorité de la population y adhère sans analyse ni réflexion, ni questionnement, c’est généralisé.
On le voit à la demande médiatisée, comme une PUB, de plus de sécurité imposée au peuple, comme si cette demande était le fait de la population, et non de l’instrumentalisation et l’orchestration des craintes légitimes, mais constamment gonflées par les médiats. Ici la répétition est d’une efficacité implacable. D’autant que le matraquage médiatique soutenu pendant plusieurs mois du premier événement est renforci par le deuxième événement tragique. De Charlie Hebdo (7 janvier 2015)…à celui du Bataclan (13 novembre 2015).
Ici la sécurité a des effets synergiques collatéraux, la population au lieu de s’insurger contre les abus de pouvoir, les rend tolérant.

Bien que légitime, ces craintes ne justifient pas la répression gouvernementale qui plane sur la participation aux actions sociales, de plus en plus décriée, mais passé sous silence par les médiats. De même les causes de tout le chaos qui ne cesse de prendre de l’ampleur, c’est le règne de l’OMERTA.

La gauche pourra-t-elle rassembler autour d’une alternative, qui devra être radicale et globale.
Et d’abord la gauche pourra-t-elle trouver cette alternative.
Donc trouver, rassembler et mettre en place qui est la partie la plus difficile, car la gauche devra éviter les pièges chaotiques qui lui seront tendues continuellement (l’exemple de l’Amérique Latine). De plus, elle devra éviter ses propres bavures, en tout cas en faire le moins possible et les rectifier à la source si possible.
C’est ici que la vue d’ensemble prend toute sa signification, et cela du début à la fin du processus révolutionnaire……….!?!?
Mais y aura-t-il un consensus assez fort. Celui-ci dépendra de la capacité de la diaspora de gauche à découpler leur intérêt politique.
Ce consensus ne peut provenir que des grands enjeux défini par les problématiques criantes.
La pauvreté, la guerre, le contrôle de l’économie, le rôle des médiats, le libre choix des peuples, les échanges justes entre pays. Pour les enjeux concernant l’écologie, les peuples et une nouvelle économie qui n’a plus rien à voir avec ce système économique financiarisé étriqué.

Mais il y a une autre dimension complémentaire, tout aussi importante que les problématiques et enjeux concrets ci-haut, peut-être que cet article aura son utilité.

De la séparation et de l’altérité : condition nécessaire ou fuite en avant de la gauche altermondialiste ?
par Boogie_Five
lundi 28 novembre 2016
«« Les commentateurs politiques se demandent parfois pourquoi la droite attire plus les pauvres que la gauche. C’est parce que l’image de l’altérité a complètement été redessinée par le système marchand. La séparation existe toujours, mais elle a tellement été recouverte par la schizophrénie ambiante que les acteurs du système ont recours à des fonctions plus primitives, infra-politiques, pour ne pas trop éveiller la réflexion intellectuelle sur les conditions générales du développement économique. La technique du bouc-émissaire étant la mieux connue, parce qu’elle est classique, mais ce n’est rien par rapport à la monstruosité de l’industrie publicitaire qui a tout intérêt à produire des millions de petites différences.
Comment la gauche peut-elle retrouver cette grande image de la différence, terme que je préfère à la séparation ? Une des lacunes de la séparation est qu’elle n’est pas assez générative, et ce qui a été séparé ne peut pas se retrouver, le dialogue est fortement perturbé et les identités sont fixes. La séparation ne vaut que si il y a une logique de guerre, où un ennemi doit être anéanti. Avec la différence, il y a plus une idée de mouvement, il reste en référence avec tous les autres mais s’en éloigne de plus en plus en même temps. Il est vrai que le capitalisme se développe en créant toutes sortes de distinctions et de différences, en lui-même il incarne la grande différence, mais c’est justement parce qu’il ne l’explicite pas et qu’il recouvre toute son action sous une fallacieuse unité que ceux qui sont dépossédés doivent saisir au premier degré cette l’altérité construite de cette manière entre « eux » et « nous », en proposant une véritable concurrence qui a son identité, son projet et ses acteurs qui se distinguent des autres.
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-la-separation-et-de-l-alterite-186971

La gauche a un travail colossale à faire dans le temps. Mais nous avons des outils, il s’agit de les utilisés adéquatement. Il y a les priorités et leurs effets synergiques collatéraux sur l’ensemble, il y a le court, le moyen et le long terme. Il y a les grandes lignes et leur segmentation. Donc priorité, temps et segmentation interagissent pour la mise en place de l’agenda.
C’est comme un casse tête, mais dont les pièces, certaines par leur couleur, d’autres par leur géométrie sont facilitatrices au montage du casse tête par le repérage des voies à suivre.
Il faut se préparer aux imprévues de telle sorte que le plan d’ensemble n’en soit pas dévier, peut-être retarder, mais rapidement remis en route. le jeu des priorités des segments dans le temps.
Les militants doivent s’attendre à jouer aux allés-retours de l’abstraction au concret, à la vue d’ensemble et aux particularités, et savoir les explicités aux citoyennes travailleurs. La pédagogie est indispensable, car elle permet de mettre l’autre dans le coup, de s’approprier….

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