Moralisation oui, le changement c’est mieux

le 16 avril 2013

Depuis le déclenchement de ce qui est communément baptisé désormais « l’affaire Cahuzac », s’entrechoquent deux aspects d’une même réalité. Ceux-ci font éclater toute la violence et aussi l’indécence des causes de la crise et des souffrances des familles populaires. D’un côté l’immense majorité qui a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. De l’autre, la découverte d’immenses fortunes parasitaires placées dans des paradis fiscaux. L’austérité pour les uns fait la richesse de ceux qui sont déjà immensément riches.

D’un côté l’obligation imposée aux populations de se priver toujours plus, la pression sur les salaires et les retraites ainsi que sur les prix agricoles à la production, moins de solidarité avec la réduction des services publics, l’augmentation des prélèvements avec la hausse de TVA, des taxes sur les produits pétroliers, les hausses des produits de première nécessité, un nouveau recul de l’âge de la retraite. De l’autre des entreprises de production ou de la distribution qui pillent le travail et placent les fruits de ce pillage dans des lieux où ils ne paient pas d’impôt. Le montant de l’évasion fiscale pour notre pays est de 50 à 60 milliards d’euros par an. Les fortunes françaises accumulées dans les paradis fiscaux avoisinent les 600 milliards d’euros. Et après cela, les mêmes représentants de l’aristocratie financière imposent l’austérité à ceux qui ont le moins d’argent.

Mais à l’échelle de la planète, c’est près de 30 000 milliards, soit l’équivalent des deux tiers de la dette mondiale, qui sont placés dans les paradis fiscaux. Autrement dit, la dette est bel et bien le produit d’un système capitaliste toujours plus financiarisé où le but n’est pas du tout la vie humaine ou l’équilibre écologique, mais l’argent qui se reproduit et s’accumule dans des chambres noires au détriment du travail et de la planète. La dette elle-même, détenue par les banques et les fonds financiers, sert à partir des taux d’intérêt élevés à générer des profits pour le secteur bancaire et financier.

Prenons un autre exemple : les chefs d’Etat et de gouvernement européens tentent actuellement de diminuer le budget européen pour les sept années couvrant la période 2014-2020. Or, la Commission de Bruxelles avoue elle-même que l’évasion fiscale des grandes fortunes, grandes entreprises et banques de l’Union européenne dépasse les 1000 milliards d’euros. Soit de quoi doubler les budgets européens sur sept années. Là est la cause fondamentale de la crise : l’argent qui s’accumule à un pôle de la société et qui ronge tout, pollue tout, détruit le potentiel agricole et industriel ainsi que les services publics. C’est là que la majorité parlementaire de gauche et le gouvernement doivent porter le fer. C’était le sens du discours de F. Hollande candidat, au Bourget au mois de janvier 2012. Il n’en parle plus ! Pire ! Alors que des ministres et des députés socialistes aient mis, à juste titre, en doute l’efficacité de l’austérité et ont demandé d’en sortir, ils ont été sommés de se taire. Or, de toutes parts les doutes s’amplifient sur l’efficacité des politiques austéritaires. La France et l’Europe doivent s’en extraire rapidement.

C’est la seule question qui vaille. Dans aucun pays où on impose de violents choix d’austérité et de chômage, la dette et les déficits n’ont pas été réduits. Tout au contraire. Il ne suffira donc pas de quelques dispositions dites de « moralisation de la vie publique », aussi nécessaires puissent-elles être. Il est maintenant urgent de reprendre le pouvoir sur l’argent, par une nouvelle fiscalité, par une nouvelle répartition des richesses, par une taxation des mouvements de capitaux, par l’assèchement des paradis fiscaux et le rapatriement de tout l’agent détourné. Ceci doit se faire en même temps qu’une action tenace et efficace pour transformer radicalement l’actuelle type de construction européenne, à commencer par le Banque centrale européenne. Cela appelle de construire un nouveau contrat politique avec un autre gouvernement pour renouer avec des ruptures de gauche, c’est-à-dire la justice et le progrès social et écologique.

Nous sommes sans doute au point où la question du choix d’un nouveau système, d’une refondation profonde de la République pour la libérer de l’emprise de la dictature de l’argent-roi, pour pousser sa démocratisation jusqu’au bout est à l’ordre du jour. C’est le sens de la marche citoyenne unitaire du 5 mai prochain à Paris. Celle-ci doit être ouverte à toutes celles et ceux qui ont choisi le changement il y a un an et qui cherchent aujourd’hui les moyens de tenir tête aux puissances financiers et pour changer à gauche.

entetelaterre


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