L’Europe libérale organise la saignée

le 14 avril 2010

Chaque jour qui passe démontre terriblement que l’actuelle constitution européenne n’est ni sociale, ni efficace, ni solidaire. L’ensemble des peuples fait les frais d’une monnaie unique qui n’est en fait qu’un « Euromark » et qui est géré comme l’ancien Mark allemand. Avec des pays au niveau de développement différent, ce qui hier se faisait par ajustement des monnaies nationales se fait aujourd’hui par la pression sur les salaires, l’emploi, les niveaux de protection sociale.

Mieux, l’Allemagne utilise la monnaie unique pour importer des matières premières avec un dollar inférieur à la valeur de l’Europe et réexporte des produits finis, libellés en Euros. Dans le conflit sur le prix du lait, il n’y a aucune volonté de discuter d’une harmonie par le haut du prix à la production. L’Allemagne a décidé de mener ouvertement la guerre des prix avec un niveau de prix inférieur de 15% aux prix français. Si l’Europe était dotée d’une monnaie commune et non d’une rigidité d’une monnaie unique, on pourrait harmoniser les prix comparés aux coûts réels de production.

Mais c’est le débat autour de la situation en Grèce qui devient de plus en plus révoltant. Pour faire face à ses difficultés, ce pays doit emprunter de l’argent. Dans une Europe solidaire, on pourrait, sous la coordination de la Banque centrale européenne, alliée à la Banque européenne d’investissement, créer un pool d’européen de banques nationales pour racheter et geler la dette grecque et prêter de l’argent à taux d’intérêt quasi nul, permettant à la Grèce de sortir du gouffre, tout en renonçant à sa politique de super-austérité. Celle-ci réduira en effet les possibilités de relance à venir. C’est tout le contraire que choisissent les autorités européennes. D’une part, il a été demandé au gouvernement grec d’appliquer un sévère plan d’austérité avec notamment abaissement des salaires, recul de l’âge de la retraite. Puis, il y a eu cette réunion du Conseil européen avec ce simulacre de décision d’aider la Grèce. En vérité, tout y est virtuel, sauf la décision la plus grave : celle de faire entrer le Fonds monétaire international dans les finances européennes. On sait que dés lors que le FMI s’occupe d’un pays c’est toujours contre les peuples, les services publics et sociaux, la protection sociale.

Depuis la Grèce emprunte milliard après milliard aux banques, aux compagnies d’assurance et sur les marchés financiers à des taux d’intérêt de plus de 7%, soit plus du double que les taux d’intérêt qui permettent à l’Allemagne d’emprunter ! Ainsi les banques privées et les compagnies d’assurance se goinfrent sur la dette grecque et le malheur du peuple grec qui le paie en baisse de niveau de vie, en emploi et en destruction de droits sociaux.

Voilà la nature exacte de cette Europe. Il en est ainsi parce qu’elle n’est pas une Europe de la solidarité, de la coopération entre Etats, mais une Europe faite pour la rente, pour la spéculation financière contre les peuples.

Avec le recul on peut malheureusement vérifier que ce nous avions dit à l’occasion du débat sur le traité de Maastricht en 1992-1993 et lors du débat sur le traité de Lisbonne se révèle exact. Nous aurions préféré avoir tort.


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