Les belles leçons de la votation citoyenne

le 9 octobre 2009

Editorial de l’Humanité Dimanche

Maintenant un référendum pour la Poste !

Ce qui vient de se passer avec la votation citoyenne pour l’avenir de la Poste est d’une extrême importance.n167992623082_3085[1]

Elle confirme avec force et éclat, l’attachement du peuple au service public postal, avec le bureau de poste de proximité, la visite du facteur dans les quartiers et les villages. Dans les campagnes, la Poste reste souvent le seul lien social existant entre le village et l’extérieur. Dans les quartiers populaires, elle demeure avec l’école, trop souvent, la dernière présence de l’Etat. La Poste, c’est aussi la garantie du même prix du service sur tout le territoire. La Poste, c’est aussi la flamme de la vie, de l’emploi, de la valorisation des territoires. Supprimer un bureau de poste pour rechercher plus de rentabilité financière, c’est éteindre cette flamme sociale.

L’importante participation au vote montre, quoi qu’en disent avec morgue Ministres et porte-parole de l’UMP, l’intérêt de nos concitoyennes et concitoyens à la vie publique, à la démocratie, à une société non marchandisée à condition qu’on leur en donne l’occasion et les moyens.

Se déroulant au cœur même d’un moment où les privatisations montrent la nocivité de leurs effets, en aggravant la crise, en ne réduisant en aucun cas les prix contrairement aux promesses faites par la droite,  la participation citoyenne a été amplifiée au fur et à mesure qu’était révélée l’extrême souffrance jusqu’au suicide de salariés d’une entreprise issue de la poste elle-même : France Télécom. L’appropriation privée, dans le cadre du capitalisme financier mondialisé, exploite et surexploite le travail manuel et intellectuel dans le feu d’une violente guerre économique et sociale au détriment des salariés, des consommateurs, de la vie des territoires et de la vie elle-même.

Ajoutons que nos concitoyens se rappellent les promesses non tenues selon lesquelles les changements de statut et l’ouverture du capital à France Telecom ou à GDF ne conduiraient pas à la privatisation. Le mensonge politique se retourne contre ses auteurs.

Le pouvoir de droite doit absolument en tenir compte. Il résiste. Il nie la force de ce qui vient de se passer, comme il voudrait effacer le peuple de son regard. Mais prenons M. Sarkozy au mot ! Puisqu’il s’était vanté de modifier la constitution pour que le peuple puisse plus souvent donner son avis par référendum. Qu’il le fasse ! Nous le réaffirmons avec force. Le gouvernement doit retirer le projet de changement de statut de la Poste de l’ordre du jour des deux assemblées.  Et  il doit convoquer un référendum avant toute décision sur le service public de la Poste et son avenir. Si le pouvoir était sûr du résultat en sa faveur, il n’hésiterait pas à annoncer la convocation d’un tel référendum.  Ceci ne signifie pas que nous prônons le statu quo. Il est bien évident que le service public de la poste doit être démocratisé, modernisé, développé, mis en coopération avec les autres services postaux européens.

La mobilisation en France doit conduire les autorités européennes à  décider d’un moratoire sur la directive postale européenne et organiser dans toute l’Europe un débat à son sujet, en tenant compte que la Poste constitue un bien commun pour le service aux citoyens, pour le lien social, la vie des territoires, le vivre ensemble, la communication et l’accès à l’information.

Enfin et c’est peut-être la donnée politique la plus importante de ce qu’il vient de se passer. L’ampleur de la votation citoyenne porte en elle les germes d’un front citoyen progressiste. La mobilisation,  initiée, portée, animée et organisée par un front large de 60 organisations de la gauche sociale, associative et politique ouvre un nouveau chemin. Voilà une belle démarche. Certes sur un sujet en apparence limité mais porteur d’une grande question politique : tout doit-il être marchandisé ? Pourquoi ne serait-il pas possible d’envisager et d’élargir une telle démarche positive et progressiste sur d’autres sujets, jusqu’à construire un nouveau projet commun alternatif au sarkozysme destructeur et anti-humaniste.

L’expérience du débat d’idées et de projet qui commence avec les ateliers pour le changement qu’initient le Parti Communiste, le Front de Gauche associant toute la gauche, peut être productive afin de jeter les bases d’actions unitaires nouvelles et de propositions alter-capitalistes neuves. La votation citoyenne tend à ouvrir le chemin d’un front de gauche large et majoritaire. Elle est porteuse d’avenir.


0 commentaires


Redream 10 octobre 2009 à 9 h 39 min

Avec 2,2 millions de votants, j’espère que les parlementaires de gauche (PCF et PS) vont pouvoir instaurer un rapport de force en la faveur de la pérennité du service public postal, et que les français auront droit à un référendum quant à l’avenir de l’entreprise publique

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