Le ministre Chatel à rebours de l’école de la République !

le 26 janvier 2011
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Le ministre de l’Education Nationale, Luc Chatel, a fait savoir qu’il comptait désormais attribuer des primes au mérite pour les chefs d’établissements scolaires. Les principaux de collèges et les proviseurs de lycées pourraient ainsi toucher des primes allant jusqu’à 6 000 euros sur trois ans attribuées sur ce que le ministre nous promet comme des « critères précis ».

Après tout, pourrait-on se dire, M. Chatel doit savoir ce qu’il fait. Lui qui est titulaire d’une maitrise de gestion et qui a travaillé aux ressources humaines de l’Oréal sait comment optimiser les résultats d’une entreprise. Oui, mais,…

Oui, mais l’Education Nationale n’est pas une entreprise, et les politiques qui depuis quelques années en font un domaine comme les autres, dans lequel compterait seule la chasse aux coûts, sont dangereuses.  Fin 2011, ce seront 65 400 postes d’enseignants qui auront été supprimés par le gouvernement depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, soit près de 8% de leur effectif global,  alors que le nombre des élèves affiche une hausse tendancielle depuis plusieurs années dont les démographes nous disent qu’elle continuera longtemps.

Mais la question des moyens, si elle est essentielle, n’est pas la seule posée. Car en plus de l’appauvrir, le gouvernement sape l’école républicaine dans ses plus profonds fondements.

La suppression de la carte scolaire depuis 2007 a provoqué une montée inédite des inégalités,  elle les a même encouragées. Logique : les parents souhaitent toujours la meilleure école pour leurs enfants. Résultat : les collèges et lycées réputés (souvent situés d’ailleurs dans les beaux quartiers) peuvent choisir leurs élèves parmi les meilleurs et les autres, en périphérie, récupèrent les moins bons (ce sont les proviseurs eux-mêmes qui le disent). D’autant plus qu’il est désormais admis que les établissements le plus difficiles, en Zones d’Éducation Prioritaire, doivent désormais être la porte d’entrée dans l’enseignement pour les nouveaux professeurs, ceux là même que l’on ne forme plus à leur métier. Certains établissements  asseyent donc leur réputation d’excellence, quand la majorité est laissée  à la dérive, devenant des lieux de stockages d’élèves « moyens », dont on bouche par la même occasion l’avenir, car évidemment le nom du lycée de provenance comptera au moment des sélections dans les écoles supérieures, ou à l’entrée sur le marché de l’emploi.

Avec le nouveau système de prime au mérite, ce sont évidemment les chefs des établissements « prestigieux » qui obtiennent statistiquement de meilleurs résultats, qui bénéficieront d’un bonus. De quoi  renforcer, même si ce n’est que symboliquement, les inégalités scolaires. Même si le ministre nous promet des critères précis, il avait fait la même promesse sur les critères d’acceptation des élèves dans tel ou tel établissement sans que l’on n’en ai jamais vu la couleur.

La conception de l’école républicaine, laïque et obligatoire, est toute entière basée sur l’égalité d’enseignement entre tous les élèves de France : que l’on soit lycéen à Nice, Paris ou en pleine campagne sarthoise, à même filière, tous les bacheliers sortants doivent avoir un niveau équivalent. C’est la raison d’être du baccalauréat, examen que passent ensemble et au même moment tous les élèves de terminale. C’est une condition sine qua none de l’égalité des chances, que dans les discours tout le monde se complait à promouvoir, mais dont les faits permettent de reconnaître les vrais défenseurs.

Mais cette nouvelle mesure est aussi un moyen habile de faire des chefs d’établissements les bras armés directs des politiques gouvernementales au service des puissances d’argent. Car qui d’autre que le ministère fixera les objectifs à atteindre pour avoir droit à la prime ? C’est un coup bas, mais c’est aussi dangereux pour les établissements, où les relations du corps enseignant, des personnels, des élèves et de leurs parents avec la hiérarchie scolaire risque de s’en trouver bien plus délicate. C’est une technique managériale qui peut avoir cours dans le privé, mais sûrement pas quand il s’agit de notre jeunesse, de l’avenir de la France.

Monsieur Chatel ne connait pas l’Education, il ne connait que l’entreprise. Il a été formé à cela après avoir suivi sa scolarité dans un établissement privé du 16ème arrondissement de Paris. Qu’il écoute enfin maintenant ceux qui savent de quoi ils parlent : les enseignants eux-mêmes !

 

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0 commentaires


Canelle 26 janvier 2011 à 12 h 38 min

Comme pour les médecins qui signent le CAPI…. une prime.

Les choses les plus élémentaires deviennent un luxe pour le peuple pressé comme un citron.

Hotbrake Spirit 26 janvier 2011 à 14 h 46 min

Au moment des lois Ferry de 1884 l’école gratuite,laïque et obligatoire avait certes pour ambition de permettre à tous d’accéder à une éducation aussi bien morale que républicaine,l’égalité des chances était renforcée mais il ne faut pas se leurrer,seuls les plus fortunés atteignaient le stade du baccalauréat alors que les classes moyennes se contentaient du brevet supérieur.Il en est de même à l’heure actuelle, même si l’on doit souligner qu’il est scandaleux qu’un ministre cherche à instaurer des primes pour les proviseurs, ,on doit reconnaître que les bénéficiaires du système scolaire sont les élites,les pourcentages d’admis dans les grandes écoles le démontre parfaitement.L’égalité des chances tout au long de la scolarité est une utopie ,or chacun sait depuis les socialistes du même nom que ce courant ne recueille qu’un faible soutien,commençons par inculquer les bases du savoir et les valeurs de la répûblique aux plus jeunes,ce qui est loin d’être assuré lorsque l’on voit que de plus en plus de jeunes enseignants ne les maîtrisent eux-même pas avant d’entretenir l’illusion d’une égalité des chances qui ne constituait même pas l’essence des lois Ferry de 84 qui privilégiaient avant tout l’accès à une culture qui devait constituer la base de la démocratie.

courtel 26 janvier 2011 à 15 h 44 min

Excellent…… mais arrétez avec “l’égalité des chances” qui est un concept libéral et ne dit on pas tout simplement avec “Egalité”

claude LAURENT 27 janvier 2011 à 22 h 16 min

L’éducation nationale est un service public. Chatel devrait s’en souvenir, il n’est plus chez la Bettencourt. C’est lui qui devrait être jugé dur ses “performances”. Vivement 2012 qu’on en finisse avec ces incapables malfaisants.

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