L’appétit des spéculateurs affame les paysans

le 31 août 2010

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La pression à la baisse sur le pouvoir d’achat des familles populaires en Europe et aux Etats-Unis, les conduit à se priver de plus en plus sur l’alimentation dont les produits laitiers, la viande, les fruits et les légumes. Dans d’autres lieux c’est la famine ou la malnutrition qui déciment chaque jour des millions d’enfants et d’adultes.

Ceci est le résultat des dérégulations mondiales qui privent des peuples entiers de leur souveraineté alimentaire.

Depuis des semaines, des spéculateurs, sans foi ni loi, utilisent le prétexte de l’embargo russe sur les céréales et de la sécheresse pour se livrer à une nouvelle manipulation des cours du blé, du riz ou du maïs. Certains d’entre eux ont acheté, il y a déjà un moment, des  céréales sur pied, bien avant les moissons du blé, aux alentours de 100€ à 130€ la tonne, pour le revendre aujourd’hui 200€ à 230€ la tonne.

L’Europe a pourtant suffisamment de stocks de céréales pour faire face aux aléas climatiques et les stocks mondiaux sont stables. Au même moment les cours des autres matières premières augmentent également, dont ceux du pétrole, qui eux-mêmes renchérissent encore les prix des matières premières agricoles au seul bénéfice du grand négoce international et des fonds spéculatifs. Le démantèlement des outils d’intervention européens accélèrent encore ces phénomènes stratégiques.

Cette envolée des prix des céréales va encore resserrer le garrot autour du cou des producteurs laitiers, porcins et bovins, déjà en grande difficulté depuis des mois et des mois.

Et au bout du compte, les secteurs industriels bancaires et de la distribution feront payer encore plus cher les produits alimentaires aux consommateurs occidentaux dont le pouvoir d’achat baisse.

Au sud, c’est la malnutrition et la famine qui s’aggraveront encore.

Voilà ce que produit la mondialisation capitaliste dont la théologie politique est « la libre concurrence » et « le libre échangisme mondial ».

Elle fait de l’alimentation une vulgaire marchandise. Elle ne permet pas plus de « liberté et de droit ». Tout au contraire ! Cette mondialisation ultra-capitaliste nie le droit des êtres humains à s’alimenter. Par contre, des produits agricoles alimentaires et désormais la terre elle-même sont devenus des objets de spéculation pour les firmes de l’agro-business, les banques et les fonds de pension.

L’intérêt des agriculteurs ici et des consommateurs, celui des cultivateurs des pays du Sud et de toutes les populations est de revenir à une vraie politique agricole alimentaire et environnementale, au lieu du laisser aller ultralibéral. Ceci est à l’opposé de la théorie dite du « pouvoir vert », exposée par le Président de la République devant la conférence des ambassadeurs, la semaine dernière. Cette orientation est celle de la concurrence guerrière, dont les fantassins sont les travailleurs et les consommateurs.

Cela signifie qu’il faut changer les termes du débat à l’Organisation Mondiale du Commerce. L’Union européenne a le devoir d’y faire entendre une autre voix. Elle ne le fait pas car, loin d’être une protection pour les agriculteurs européens, elle les livre au grand large de la mondialisation capitaliste. Il est donc indispensable que les petits et moyens paysans, comme les consommateurs, en lien avec ceux de toute l’Union européenne et au-delà avec les africains ou les latino-américains, pèsent sur les discussions internationales et pour une autre politique agricole commune, basée sur des prix rémunérateurs, de système nouveau de préférence communautaire et le respect des souverainetés alimentaires.

Le travail de la terre et la production de denrées alimentaires doivent être considérés comme des missions d’intérêt général. La terre et l’alimentation sont des biens communs de l’humanité.


0 commentaires


BIGONSKI Suzanne 31 août 2010 à 10 h 21 min

je me suis exprimée plusieurs fois à ce propos sur facebook. Les spéculateurs privent les producteurs du nécessaire en même temps que des millions de familles se privent sur les produits de première nécessité et que des millions d’enfants meurent de faim dans le monde

Maryvonne Leray 31 août 2010 à 10 h 33 min

spéculer sur la nourriture est un “crime contre l’humanité”.

C’est plus propre qu’une bombe, les dégats sont silencieux : qui meurt de faim ne se révolte plus…

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