La marche citoyenne appelle des suites

le 16 mai 2013

@pcf

Personne n’a pu contester le succès et la détermination de la marche citoyenne du 5 mai dernier. Au vu du nombre d’éditoriaux et de tribunes qu’elle a suscité, elle constitue un fait politique de première importance dont le décryptage et l’analyse sont par eux-mêmes un enjeu politique.

Au-delà, c’est l’existence du Front de gauche et de sa stratégie politique, de son refus de la domination de la finance et de l’application de l’austérité, un an après l’élection d’une majorité parlementaire issue des forces de gauche et d’un Président de la République issu du Parti socialiste, qui sont discutés, débattus, critiqués, déformés, mis en cause par une majorité de commentateurs. Les choses sont pourtant simples. Celles et ceux qui ont marché le 5 mai, et toutes celles et ceux qui n’ont pas pu venir tout en soutenant cette marche, sont précisément celles et ceux qui, chacune et chacun à sa manière, ont choisi la gauche dans l’isoloir il y a un an.

Ils se sont retrouvés pour une marche qui a duré près de cinq heures, dans la joie mais aussi avec une certaine gravité parce qu’ils recherchent les moyens d’être efficaces pour que le gouvernement cesse d’appliquer les recettes les plus libérales, qui partout, font faillite. La multitude des discussions à l’intérieur du cortège reflétait cette recherche autour d’une question : quel débouché politique ? Sans cette mobilisation populaire, sans le déploiement de l’activité des syndicats et associations, du Front de gauche, on peut aisément comprendre qu’il n’existerait aucune issue, sauf celle incarnée par les droites, la droite extrême et l’extrême-droite, à un moment où la crise sociale fait de plus en plus souffrir celles et ceux qui n’ont que leur travail, leur retraite, ou de maigres indemnisations du chômage pour vivre. Cette droite et l’extrême-droite, ainsi que le MEDEF, depuis des mois occupent la rue, les écrans de télévision, usent du chantage en s’appuyant souvent sur les trois-quarts de nos concitoyens qui estiment que la vie ne s’est pas améliorée pour eux. Les forces de la réaction distillent leur venin, un jour contre de prétendues amnisties, un autre contre la fiscalité du capital ou les prétendus coûts du travail. Ils préparent la revanche. Ils en rajoutent toujours sur les choix politiques du couple F. Hollande, JM. Ayrault, qui n’a malheureusement eu de cesse de leur donner satisfaction, au fil des mois. D’ailleurs tout se passe comme si cette droite n’avait plus comme souci que sa propre compétition interne avec la sortie japonaise de M. Fillon qui pense surtout à lui, de M. Copé qui après avoir appelé à un « mai 1958 », a eu cette idée saugrenue de préparer le « mouvement des cons », tandis que M. Sarkozy, tapi dans l’ombre de ses conférences de milliardaires, fait parler ses éminences. Après toutes ces simagrées, les penseurs télévisuels osent encore traiter JL Mélenchon de populiste !

Tous s’accordent sur l’idée que l’austérité est inévitable. Désormais, ils nous somment de ne rien dire de mal de la chancelière de droite qui gouverne l’Allemagne. Soyons clairs ! Mme Merkel gouverne l’Allemagne au service du capital allemand, ses banques et ses konzerns, pas pour les salariés et les retraités. Pourquoi interdire ce débat à l’intérieur du Parti socialiste quand les ouvriers allemands sont en lutte actuellement pour obtenir des augmentations de salaires ? Les Etats-Unis ou la Chine pourraient être critiqués, mais pas la politique allemande ? Faut-il avoir atteint un tel degré de cécité pour ne pas voir que la valeur de l’euro, le statut de la Banque centrale européenne, le dernier traité européen, les plans d’austérité, le refus de créer un programme d’aide aux plus démunis, sont le fait de la chancelière de droite de l’Allemagne ?

Et malheureusement, le Président de la République risque d’ouvrir la seconde année de son quinquennat en se rendant cette semaine à Bruxelles pour recevoir les injonctions de la Commission européenne pour la politique française. L’accent a été mis sur le délai supplémentaire de deux ans accordé par la Commission à notre pays pour atteindre les arbitraires chiffres de réduction des déficits publics et de la dette. Mais le silence a accompagné ce que la -dite Commission exigeait en retour. C’est un véritable supplice chinois appliqué à notre pays comme aux autres. Elle réclame que ce qu’elle appelle « le marché du travail », soit modifié pour abaisser le « coût du travail », donc les rémunérations, une nouvelle modification du système de retraite pour aller vers un âge légal de départ en retraite à 67 ans, et une nouvelle libéralisation des secteurs des biens et services, soit une plus grande ouverture à la concurrence de la SNCF et de EDF, et une déréglementation des professions jusqu’ici protégées, tels que les avocats, les vétérinaires ou les taxis. Ou le Chef de l’Etat conteste ces injonctions, ou il les accepte. Dans un cas, il renouerait avec les attentes des électeurs qui l’ont porté au pouvoir. Dans l’autre, il poursuivrait, en l’aggravant, une spirale mortifère pour le pays, un cercle vicieux qui ne fait qu’amplifier les souffrances sociales, le chômage, la désindustrialisation et le niveau d’endettement. Une chose est sûre : en faisant le premier choix, il pourrait compter sur l’appui, au delà des manifestants du 5 mai, des millions de nos concitoyens et d’Européens  qui appellent de leurs vœux : un changement de cap.

C’est à leur mobilisation, à leur unité que le Front de Gauche se doit de contribuer pour qu’enfin des résultats tangibles soient enregistrés dans les domaines cruciaux de l’emploi, du pouvoir d’achat et du redressement industriel et agricole, du développement des services publics dans le respect de l’environnement.

Les journées de mobilisation pour l’amnistie sociale, puis celles qui auront lieu début juin, en lien avec celles programmées en Espagne et au Portugal, la marche des femmes contre l’austérité, puis les assises pour la refondation sociale et politique du 16 juin, vont permettre d’avancer dans la construction d’un projet alternatif aux choix actuels et de gagner des forces nouvelles à sa concrétisation politique. Les réalités actuelles et la marche du 5 mai posent en effet, avec une force renouvelée, l’exigence  de créer les conditions d’un nouveau débouché politique de gauche.


Laisser un commentaire

Commentaire

Nom *

Les champs marqués * sont obligatoires

Email *

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Restez en contact

Inscrivez-vous à la newsletter