La gauche c’est la justice, pas le service de l’argent-roi !

le 2 septembre 2014

FRANCE-POLITICS-ECONOMY

Le coup de force du couple Hollande-Valls consistant à éjecter du gouvernement des ministres qui ont juste demandé « d’infléchir » les politiques gouvernementales et de sortir de l’austérité pour mettre fin à la série d’échecs actuels, ravive un débat fondamental sur ce que doit être la gauche. Ce que doit être une politique de gauche.

 

Ces questions sont posées et se posent dès lors que dans nos vies quotidiennes, le passage de N. Sarkozy à F. Hollande n’a conduit à aucune amélioration, ni à la réduction des inégalités, ni au recul du chômage et de la mal-vie, ni à l’amélioration du pouvoir d’achat du plus grand nombre, ni à un combat national pour réorienter ou refonder la construction européenne.

 

Tel est d’ailleurs le fond des questions actuelles qui contribuent à brouiller les repères et surtout à faire accepter l’idée selon laquelle il n’y aurait qu’une seule politique possible : celle pour les milieux d’affaires.

 

C’est d’ailleurs un ancien ministre de M. Chirac, M. Luc Ferry qui, en mars dernier, écrivait dans le journal « Le Figaro » : « La lente agonie des idées de gauche est en marche puisque le Président de la République reprend les concepts économiques de la droite… ». Et cette semaine dans ce même journal un éditorialiste très à droite, M. Rioufol, écrit à propos de M. Valls que « son social-libéralisme est pareil au libéralisme social de l’UMP » Et comme l’a fait M. Valls à demi-mot, M. Fillon très ouvertement appelle à « l’union nationale » Autrement dit, on pourrait aller voter tant qu’on veut, ce serait, comme aux Etats–Unis , au Royaume-Uni ou en Allemagne, toujours la même politique qui serait mise en œuvre : celle de la droite. Pire ! Celle de la droite allemande de Mme Merkel qui impose sa loi à  toute l’Europe. C’est précisément cette politique qui mène le monde dans de douloureuses impasses, dans une crise sans fin, qui fait souffrir les êtres humains, qui fracture et épuise la planète.

 

L’idée selon laquelle il y aurait une gauche « pragmatique » et « raisonnable » ne sert qu’à camoufler tous les virages à droite et le service à la finance. C’est ce qui est malheureusement en train de se produire. On peut penser sérieusement que le couple Hollande-Valls tente même de détruire le Parti socialiste tel que nous le connaissions, au profit d’un parti démocrate à l’américaine. Voilà qui serait le gage de la modernité ! Or, qu’est ce qui est moderne et d’avenir ?

 

Le fait que dans le monde seulement soixante-sept personnes disposent d’autant d’argent que la multitude des trois milliards deux cent millions d’habitants de la planète ?

 

Le fait que seulement 147 sociétés concentrent 40% de la valeur mondiale totale des actions ?

 

Le fait qu’on apprenne la semaine dernière que le chômage continue d’augmenter, que les PME et les artisans sont étouffés, alors que les grands actionnaires des mastodontes de la bourse voient leurs dividendes augmenter d’un tiers ? Non ! L’inégalité n’est pas un gage de modernité. Il n’y a rien de plus démodée. C’est le recul en arrière de plusieurs siècles !

 

Non, ce qui est de gauche et moderne, c’est le progrès vers la justice et l’égalité. C’est la condition de l’efficacité économique, c’est-à-dire de l’indispensable relance. Le combat pour l’égalité doit reprendre.

 

Ce qui est moderne ce n’est pas de restaurer à tout prix les profits des plus grandes entreprises, mais de progresser vers un nouveau partage des profits en faveur du travail ouvrier et paysan.

 

Ce qui est moderne, ce n’est pas de continuer à diminuer les crédits sociaux et publics, mais d’investir dans l’avenir, c’est-à-dire la santé, l’enseignement et la recherche, l’innovation. Considère-t-on que le modèle américain où il faut payer très cher pour ses études et s’endetter quand on doit aller à l’hôpital soit un avenir… moderne ? Evidemment non !

 

Mais que faites vous des déficits nous rétorque-t-on ? Mais les déficits sont le résultat à la fois de la compression de l’activité due à l’austérité, à des taux d’intérêt bancaires exorbitants, puisque le pays verse chaque année 50 milliards d’euros aux banques et fonds financiers, à l’évasion fiscale et à une multitude d’exonérations fiscales injustifiées sur le capital.

 

Oui, il faut traiter la dette, mais tout autrement, en examinant ce qui est légitime, en agissant pour que la Banque centrale européenne en prenne une partie en charge en abaissant les taux d’intérêt tout en créant un fonds européen pour la relance agricole, agroalimentaire, industrielle et numérique dans le cadre d’un nouveau développement durable humain et écologique.

 

La modernité c’est aussi de « faire la révolution fiscale » qu’avait promis F. Hollande pour la justice et l’efficacité économique.

 

Non, la gauche et la droite ce ne peut pas être la même chose ! Continuer ainsi c’est précisément ouvrir un boulevard à la droite déconfite et à une dangereuse extrême-droite qui se nourrit de ces confusions et de la crise de la politique.

 

Il faut maintenant, d’urgence, que vous vous en mêliez. L’issue réside dans un sursaut national et citoyen pour un nouveau projet progressiste pour qu’enfin en toute chose  prime l’intérêt humain et non plus celui de la finance.


3 commentaires


Michel Berdagué 2 septembre 2014 à 13 h 02 min

Ce qui est moderne et plein d’ avenir Patrick c’ est la gestion et la propriété collective , citoyenne et publique des grandes entreprises y compris les banques dans un pôle public financier . Là y a urgence du choix clair dans l’ adhésion pour s’ en mêler , car ce n’ est pas tant le partage des dividendes issus de l’ exploitation des forces du travail créatrices de richesses tout en conservant la propriété des “67” personnes bien que dans ces quidams à 10 puissance 9 y en a là-dedans qui n’ ont jamais taffé dans l’ entreprise mais spéculé sur tout ce qui bouge . Tout ça fait penser à la dite taxe Tobin qui taxe le capital financier tout en garantissant le mécanisme spéculatif de perdurer , car de faire appel au civisme et au patriotisme des spéculateurs , y a de quoi en rire , si bien que même Tobin à la fin de sa vie disait que ça ne sert à rien de taxer si les mécanismes , le moteur de la spécu. continuent , posant par là l’ existence et la propriété privée de ces moyens mortifères pour l’ humain et l’ activité . Comme par hasard le nouveau ministre de l’ économie visite une SCOP performante en fibre optique ,oui chiche d’ étendre les SCOP à toutes les finances et grandes entreprises du CAC 40 supervisées par la citoyenneté et la chose publique , là le peuple se mêlera de ce qui le regarde en premier chef .

Béziat Aline 2 septembre 2014 à 17 h 30 min

Ce n’est pas tant le partage qui doit être incontournable, ce qui devrait être à l’ordre du jour c’est l’analyse politique sur le comment faire pour que tout le monde puisse se mêler du partage, et réaliser ainsi la maîtrise et la redistribution équitable des richesses produites. Les lois sont instituées par des politiciens dont la culture capitaliste les canalise et les mets sur le devant de la scène médiatique pour que le bas peuple ne puisse choisir qu’entre des camps qui ne lui font jamais ombrage. Que ce soit des libéraux sociaux ou des socialistes libéraux qui se font une guerre de pacotille et de plumet, en réalité font la guerre au peuple. Facile ! il suffit d’interdire la prise du pouvoir par le peuple lui-même. Les alliances de sommets sont donc contre-productives. La Démocratie étant libérale est au service du capitalisme, et tant que la démocratie du peuple, celle de sens du bien commun ne pointe pas son nez, ne nous faisons aucune illusion rien ne pourra changer.

Tant que nous ne comprenons pas pourquoi socialistes et communistes qui cherchent désespérément à s’unir mais n’y arrivent toujours pas, le capitalisme peut continuer et continuera à produire ses basses œuvres. Pendant qu’ils cherchent à unir les états-majors, les communistes perdent du temps. Ils ne cherchent pas à créer les conditions de la réalisation de la socialisation des moyens de production, par le peuple lui-même et donc par sa prise du pouvoir. Des expériences existent. Je renvoie au livre de Bénédicte Manier : Un million de Révolutions tranquilles, pour comprendre toute la mesure des possibilités et la diversité des expériences communistes qui se réalisent. En effet chaque expérience se dote d’une Démocratie qui permet à chacun d’être à égalité de droit et de pouvoir. En se donnant des perspectives communes, ces expériences s’élargissent.

Par exemple, le rachat de la terre, pour qu’elle reste collective, qu’elle reste un bien commun, personne ne reçoit de dividende. Ceux qui sont convaincus du système font des dons pour acheter de la terre, ils ont droit à bénéficier ce qu’elle produit. Avec l’achat de nouvelles terres le cercle s’élargit. Le principe c’est qu’elles demeurent un bien collectif, un bien commun. C’est ainsi que des terrains en friches ou inutilisés sont récupérés, redistribués pour être cultivés. C’est ainsi que des populations asphyxiées par le système Monsanto s’organisent et deviennent complètement autonomes et autosuffisantes. Mais ces populations sont en butes avec les pouvoirs locaux et nationaux. Dans ce contexte, ce qu’il manque par exemple en France pour que cela puisse fonctionner et se développer, c’est que l’administration, les institutions, les pouvoirs publics, les banques se dotent évidemment d’une démocratie pour que les biens communs s’élargissent dans tous les domaines. C’est ainsi que la constitution d’une citoyenneté communiste est donc nécessaire pour arriver à la constitution d’une VIème République.

Ce qu’il manque c’est la réalisation d’une révolution tranquille du monde politique par la Démocratie Communiste. L’émergence du pouvoir du peuple dans l’espace politique Français passe inévitablement par une démocratie qui permet au peuple de se reconnaître non pas seulement dans des valeurs communes, mais dans un espace économique commun, qui se développe collectivement sur des bases démocratiques équitables. Cette évolution est possible si le Parti Communiste exerce en son sein une démocratie communiste qui démontre que cela est réalisable dans la société toute entière. Par exemple la reconnaissance des représentants par la désignation de chacun des salariés et des citoyens dans une banque, une entreprise, un territoire donné, tout cela est possible, si le PCF veut réellement faire du communisme. Faire du communisme est à la porter de chacun, dès lors qu’on refuse le capitalisme et que l’outil démocratique adapté à cet effet existe. C’est ainsi qu’en sortant des clivages des idéologies Droite/Gauche, tout peut se réaliser dans et par un Rassemblement Progressiste hautement démocratisé.

Aline Béziat

Michel Berdagué 3 septembre 2014 à 7 h 26 min

Excellent .Il y a parmi les camarades et au delà , le peuple une soif de réflexions justes et vraies pour en effet prendre le pouvoir pour ne pas le prendre en bureaucratie avec tous les opportunismes et ” carriéristes” , après 1 ou 2 (?) mandats par désignation , tu retournes à ton boulot choisi , pour avoir les pieds sur terre et en être du prolétariat .

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