La Fête de l’Humanité : une soif d’idéal intacte depuis quatre-vingts ans

le 10 juin 2010

Nous avons présenté ce mercredi 2 juin l’architecture générale de la Fête de l’Humanité 2010 qui se tiendra les 10, 11 et 12 septembre au parc départemental de la Courneuve, Aire des Vents.

La gravité de la crise, les souffrances sociales qu’elle engendre, appelle à construire ensemble un grand rassemblement politique, festif, culturel de résistance, de riposte et de débats sur un nouveau projet alternatif de changement. 

Extraits de l’exposé de Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité : 

« Parce que l’ampleur, la gravité de la crise du capitalisme appellent plus que jamais à l’unité des exploités et des dominés, nous nous donnons l’objectif de construire, de co-construire une grande Fête de l’Humanité…

 

Nous voulons mettre la Fête encore plus et mieux à la disposition de toutes celles et ceux qui veulent crier leur colère, leur révolte, réfléchir, débattre d’un chemin nouveau pour le changement progressiste.

La gravité, la profondeur  de la crise globale, totale que nous affrontons, nous donne la responsabilité de construire ensemble ce lieu pour que s’expriment  celles et ceux qui souffrent,  celles et ceux qui n’en peuvent plus de la situation qui leur est faite et qui recherchent les moyens de  donner force et contenu progressiste à leurs angoisses et à leurs aspirations.

Mesurons bien que cette Fête se tient à un moment très particulier de l’histoire humaine où tout peut basculer dans un sens comme dans l’autre. Nous avons la responsabilité de permettre au peuple de prendre le dessus contre les forces destructrices du capital.

Nous célébrerons cette année le 80ème anniversaire de la Fête. Marcel Cachin, alors directeur de l’Humanité, a pris l’initiative, le 7 septembre 1930, de créer simultanément la Fête et les Comités de défense de l’Humanité, parce que l’Humanité était alors asphyxiée financièrement, les militants communistes étaient pourchassés, traduits devant les tribunaux, emprisonnés pour certains d’entre elles et eux. 

C’est cette double mobilisation des diffuseurs militants, avec la création des CDH et la tenue de la Fête dans la foulée à Bezons, au parc Zacco et Vanzetti qui font de l’Humanité ce journal original, qui dispose d’un atout dont ne dispose aucun autre journal : une force militante qui le porte, une force communiste qui le fait vivre. 

L’origine de la Fête est pour une part essentielle liée à la nécessité pour le journal de trouver des fonds pour survivre. 

Dans les conditions d’aujourd’hui, c’est ce même objectif que nous devons poursuivre avec la grande campagne de diffusion de ce que l’on appelle « la vignette d’entrée », qui est surtout un « bon de soutien » au journal.

A ce propos, les coûts de production de la Fête sont tels que nous avons été une nouvelle fois contraints d’augmenter le prix du bon de soutien. Mais même avec cette contrainte, nous faisons malgré tout le choix de rester une Fête populaire, ouverte à tous. 

Dès la première Fête, celle-ci a constitué une manifestation de solidarité avec les travailleurs, avec le peuple pour gagner des droits nouveaux, sociaux et humains.

Le lancement de la Fête de l’Humanité dans les années 1930 marque une grande période d’ouverture, de main tendue, de recherche d’unité du Parti communiste qui va travailler avec acharnement à construire ce grand mouvement débouchant sur le Front Populaire. 

Nous marquerons cet anniversaire par plusieurs initiatives :

L’édition d’un beau livre retraçant l’histoire des Fêtes de l’Humanité qui sera en vente fin août.

L’exposition principale sera aussi consacrée à cet anniversaire.

Et nous proposerons une réunion nationale des diffuseurs militants, auxquels nous remettrons symboliquement une carte du 80ème anniversaire de la création des CDH. 

Notre peuple, le monde du travail, les retraités ont besoin d’une grande Fête de l’Humanité. 

Dans un contexte où tout est fait pour diviser le peuple et les peuples, ou tout est fait pour créer un climat de peur pour mieux faire accepter l’inacceptable, pour valoriser le chacun pour soi, le tous contre tous, la Fête sera le lieu de « l’être ensemble », de la solidarité, de l’unité de celles et ceux qui sont victimes de la politique sarkozyste et capitaliste.

Oui, plus que jamais nous avons besoin d’une  grande Fête de la solidarité et de la fraternité. 

La préparation de la Fête et la Fête elle-même vont se tenir dans une période très particulière, décisive à bien des égards :

Celle de la contre-réforme réactionnaire des retraites mais également à la veille de la discussion au Parlement du budget de super austérité. 

Au moment également où le Conseil européen veut enlever une part essentielle de la souveraineté populaire en voulant dicter les orientations budgétaires aux Etats.

Au moment encore où le Président de la République veut constitutionnaliser ces mêmes orientations budgétaires d’austérité dans la loi fondamentale.

Au moment où se tiendra la Fête, le pouvoir va augmenter encore les tarifs publics, alors qu’il a déjà annoncé à la Commission de Bruxelles qu’il augmenterait les impôts. On parle désormais d’augmentation des impôts et de la CSG.

Et où cette même commission pousse à la privatisation des transports publics dont la SNCF et la RATP. 

Dans ces conditions, la Fête doit constituer un grand et puissant rassemblement de résistance et de riposte à ces politiques ultra libérales destructrices. 

Ne banalisons pas l’impact que peut avoir une manifestation d’une telle importance dans le débat politique de la rentrée, sur le rapport de forces qui peut en déboucher. Au contraire, donnons-nous tous les moyens pour que la réussite de la Fête soit vecteur d’une dynamique de changement. 

Car la Fête sera un lieu fédérateur dans la bataille pour le droit à la retraite à 60 ans, contre les politiques d’austérité et de chômage, alors que les marchés financiers accumulent les profits, pour la défense de la démocratie locale et des collectivités territoriales, pour l’augmentation des salaires, pour les droits fondamentaux au logement, à l’éducation, à la culture, à l’énergie, le droit de manger à sa faim désormais pour des millions de familles. 

Ainsi nous allons offrir un lieu spécial où toutes les forces sociales, syndicales et progressistes pourront exposer leurs propositions sur les retraites, l’emploi des jeunes, le relèvement des salaires. 

Nous allons en même temps en faire un lieu de convergence de toutes les luttes actuelles,  qu’il s’agisse de ceux qui défendent leur emploi, de celles et ceux qui défendent les services publics, de l’hôpital à l’école, de la Poste à la SNCF, et le service utile aux autres, des juristes aux médecins, des universitaires aux chercheurs, de toutes celles et ceux rassemblés dans le mouvement de l’appel des appels. 

Nous allons donner un prolongement à la pétition de soutien au peuple grec que nous avons lancée il y a quelques semaines, au Forum que nous organisons ce vendredi et samedi, sous l’égide du groupe de la gauche unitaire européenne, gauche verte nordique, avec un nouveau grand débat sur des solutions alternatives à l’Europe des traités de Maastricht et de Lisbonne, avec des syndicalistes, des intellectuels, des élus de gauche et écologistes, des responsables politiques de toute l’Europe. 

Dans le même ordre d’idée nous allons proposer aux associations qui le souhaitent, une initiative pour que l’année européenne de lutte contre la pauvreté ne soit pas qu’une phrase creuse, sans actions concrètes.

Il y a urgence sociale et nous allons permettre cette expression dans la Fête. 

Et face aux discours creux sur les banlieues et à leur stigmatisation, une grande soirée « Banlieue » sera organisée. Dans la Fête, nous allons faire vivre cet appel : peuple et jeunesse de toute l’Europe, unissons-nous pour changer d’Europe et de monde. Ne laissons pas la planète et l’Europe dans les griffes des grands capitalistes et des marchés financiers… 

Comme chaque année, la Fête sera aussi une grande manifestation de solidarité internationale. Nous organiserons dans la Fête des initiatives fortes pour la libération de Marwan Barghouti et de Salah Hamouri que nous portons chaque jour dans l’Humanité. 

La Fête c’est toujours  un lieu où s’expriment dans leur diversité les arts, la culture, la musique, le théâtre, le sport et son grand Village du Livre. Celui-ci va accueillir une conférence musicale autour de Louis Aragon en collaboration avec le Festi-Val-de-Marne et la maison Elsa Triolet-Louis Aragon, une rencontre avec des auteurs de Haïti et un débat autour de la naissance de la République espagnole, il y a 80 ans. 

La Fête rendra un grand hommage à Jean Ferrat, lui qui s’y trouvait si bien, lui qui a tant chanté la France des combats pour la justice, la liberté, la paix, la fraternité. Une soirée lui sera consacrée à l’espace des Amis de l’Humanité et un spectacle aura lieu sur la grande scène avec des artistes qui lui rendront l’hommage qu’il mérite.

Nous représenterons aussi l’exposition qui lui avait été consacrée en 2004 : « Jean des encres, Jean des sources ». Une avenue de la Fête, à son nom, sera inaugurée. 

La partie musicale est encore de grande qualité cette année.

Les scènes accueilleront le grand groupe britannique de musique électro-rock The Prodigy qui a choisi la Fête pour sa seule date dans un festival français.

De grands chanteurs français se retrouvent chaque année à la Fête.

Ainsi Jacques Dutronc qui y était en 1969 revient cette année avec son élégance et son autodérision.

L’auteur de la chanson « Parachute doré », inspirée de la voracité de ce grand patronat, Alain Souchon occupera la grande scène.

Il pourra chanter devant la grande scène ce beau texte, si adapté à ce lieu « Foule sentimentale » et avec ces mots qui vont résumer l’esprit de la Fête : « On a soif d’idéal ».

Nous accueillerons aussi Raggasonic, compagnon de route de NTM, ce groupe de ragga s’attaque au racisme et aux exactions policières.

Caravan Palace, un jeune groupe d’électroswing et de jazz manouche. Nous proposerons également cette année le Reggae de Danakil, avec leurs paroles engagées.

Une soirée autour d’Agnès Bihl, cette artiste amie de notre journal (elle était présente à la soirée du Bataclan) chante la réalité à travers son univers où se mêlent poésie, humour et militantisme. Rwan Rozoff, bâtisseur essentiel du Funk en France. Le rappeur Dee Nasty. La chanson à texte, dans la foulée de Brassens, du groupe Volo, ex-Wriggles.

Et le rendez-vous redevenu incontournable sur la Fête avec la musique classique, en la présence cette année de l’ensemble de cuivres de l’Orchestre Philharmonique de radio France. Et nous sommes dans l’attente de la confirmation de deux autres groupes importants… 

A de nombreuses reprises, la Fête a été la caisse de résonnance des aspirations populaires, du besoin d’unité, de propositions et de projets alternatifs. Ce fut le cas à sa création avec la montée du Front Populaire. Ce fut le cas à la Libération puis dans de grands combats pour battre la droite dans les années 1970 à 1980, pour la libération de Nelson Mandela, pour lancer la grande campagne qui a abouti au Non majoritaire au projet de traité constitutionnel. La Fête est donc un lieu et un moment qui compte. 

Cette année, la Fête peut être le lieu de fermentation de la révolte populaire contre la droite et le capitalisme et le catalyseur du besoin d’unité des forces populaires pour battre cette droite sarkozyste, ultra-réactionnaire, sur la base d’un projet authentique de changement et pour défricher ensemble les voies du dépassement de ce capitalisme et pour inventer une société nouvelle de justice, de liberté, de solidarité, d’un monde de coopération, de désarmement et de paix.

Tel est l’enjeu. Cela vaut le coup de se donner les moyens de réussir une grande et belle Fête de l’Humanité »…

 


0 commentaires


Patrick Albert 10 juin 2010 à 8 h 57 min

Si le PCF veut partir sur de nouvelles bases, il ne faudrait pas qu’il continue à travestir l’histoire. Au début des années 30, les “socialistes” étaient traités par le PCF de social-fascistes. C’est après le manifestation d’extrème-droite du 6 février 1934 que le PCF et le PS s’engagent sur le chemin de l’unité et poussés par leurs militants respectifs.

Fransois 17 juin 2010 à 12 h 08 min

C’est toujours en attaquant la culture en premier qu’un gouvernement empêche les citoyens de s’exprimer. A Grigny nous sommes touchés de plein fouet. Pour autant notre culture est revendicative, nous avons monté depuis 2004 une galerie qui fait la part belle à la revendication, aller donc voir notre production culturel sur : galerie-ketanous-communaux.over-blog.com, nous ne sommes que des amateurs sensibles à laisser des messages au travers de nos peintures expliquées et qui sont de la culture revendicative pour continuer à faire travailler nos cellules utopiques et démoncer. Vive la fête de l’Huma.

Laisser un commentaire

Commentaire

Nom *

Les champs marqués * sont obligatoires

Email *

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Restez en contact

Inscrivez-vous à la newsletter