La Commission européenne ou l’inquisition au service des marchés financiers

le 1 octobre 2010

Une dépêche de l’Agence France Presse de ce jour à 15h35 nous annonce ce que nous pressentons depuis des semaines. Le Fonds Monétaire International, comme la Commission européenne et la pieuvre bancaire Goldman Sachs (celle qui a précipité la Grèce dans le gouffre), insistent pour accentuer les politiques d’austérité contre les peuples.

 Dans ce contexte, alors que de nombreux économistes du monde entier démontrent les effets négatifs des plans d’austérité pour une relance durable, le Fonds Monétaire International n’hésite pas à appeler à la nécessité de « purges » parce que, prétend-il, « les sacrifices à court terme devraient déboucher sur des gains à long terme ». Autrement dit, nous sommes entrés vraisemblablement dans une nouvelle phase de la crise avec de nouvelles pressions encore plus accrues de la finance internationale contre les États. D’ailleurs il nous est dit aujourd’hui que la contre-réforme des retraites telle qu’elle est prévue par le gouvernement doit encore être aggravée parce que les financements à long terme ne sont pas assurés. Une petite musique se développe également sur la pérennité du financement de la protection sociale.

 Cette fin de semaine marque un tournant avec l’accélération des plans d’austérité dans la quasi-totalité des pays de l’Union européenne, de l’Irlande au Portugal, de l’Espagne à la France, ainsi que dans les pays de l’Europe de l’Est. Et la commission européenne accélère de son coté les pressions sur les États pour obliger à réduire les dépenses sociales et publiques utiles.

 Comme je l’avais dénoncé,  la Commission propose une série de directives visant à encadrer les choix des États, des collectivités et des comptes sociaux (retraites et sécurité sociale). L’ensemble des choix budgétaires et financiers seront dorénavant contrôlés en permanence par la Commission européenne. Tout pays ne respectant pas ce corset antisocial devra subir une amende de 0.2 % de son Produit Intérieur Brut. La Commission, au prétexte de vouloir réduire les dettes publiques, entend se transformer en une énorme machine autoritaire visant à faire reculer les dépenses publiques et sociales, la démocratie et la souveraineté des peuples.

 Dans quel but ? Dans son exposé des motifs, la Commission est très claire : « l’obligation de corriger les déficits excessifs contribue à apporter des assurances quant à la solvabilité des États ». Ces choix sont pris sous la pression des agences de notation et des grandes banques qui prêtent de l’argent aux États.

 Ce faisant, la Commission assure à la finance internationale un minimum de rentabilité financière contre les peuples. Nous avons vu avec le cas de la Grèce que les détenteurs des dettes (principalement des banques françaises et allemandes) ont bénéficié du plan de secours européen qui leur a assuré une rentabilité maximale. Pour être sure que les États agiront dans ce sens, la Commission propose la création d’une agence de notation européenne. Le problème est qu’elle agira selon les mêmes critères que les agences américaines déjà existantes, alors qu’elle devrait être contrôlée par des parlementaires nationaux et européens avec pour objectif l’emploi et les salaires.

 Cette façon de faire va accentuer les difficultés pour les familles populaires, voire des situations de surendettement comme on le voit en Espagne, à cause du recul mécanique des aides au logement, à l’éducation, à la santé et surtout de la faiblesse des salaires… Cette commission enferme ainsi les peuples dans les difficultés et les divisions profondes, alors que les Etats-Unis et la Chine tentent la relance par l’action contre la pauvreté, contre les bas salaires et par des investissements.

 Les choix de l’Europe sont à l’opposé un corsetage qui consiste à satisfaire les marchés financiers. Même le Bureau International du Travail s’en inquiète. Résultat : « la reprise de l’emploi qui était attendue en 2013 devrait plutôt arriver en 2015 », dit-il.

 On le voit concrètement au Portugal (baisse de 5% des salaires et augmentation de la TVA), en France (casse des retraites, des services publics…), en Irlande, en Espagne, en Italie, les gouvernements agissent  pour rassurer les marchés. Les louanges de Wall-Street ne se sont pas fait attendre. Selon l’AFP, les analystes de la banque Goldman Sachs constatent que « les annonces de nouvelles mesures par Paris, Dublin et Lisbonne sont les dernières en date d’une série d’initiatives gouvernementales cette année pour rassurer les marchés », ils saluent ces plans d’austérité. Voilà à qui profitent les choix de la Commission, à la même banque tentaculaire qui a conseillé la Grèce et qui a mis dans la misère des centaines de milliers d’américains et des millions de grecs.

 Après avoir dépensé des centaines de milliards d’euros à sauver les banques, leurs bonus et dividendes sans aucune contrepartie sur l’emploi et les salaires, les États européens se retrouvent surendettés. On le voit encore aujourd’hui en Irlande où les 40 milliards d’euros nécessaires au sauvetage d’une banque ont fait exploser la dette publique à 98% des richesses du pays sur un an.

 Dans ce contexte, le succès de la manifestation européenne du 29 septembre à l’initiative des syndicats européens montre que les citoyens aspirent à d’autres choix en faveur de l’emploi, de la croissance et des salaires.

 Pour ma part, je ferai les propositions suivantes à la Commission européenne :

 – tendre vers l’harmonisation sociale avec un salaire minimum européen ;

 – encourager une agriculture respectueuse des paysans, de l’environnement et des territoires ;

 – donner une autre orientation à la BCE qui favorise le financement de prêts à taux bas, sur des  critères d’emploi, d’investissement, d’environnement et de redéveloppement industriel ;

 – créer un Fonds de solidarité européen pour le développement de projets et de services publics en matière de transport, de logement, d’énergie, de santé, de recherche.


0 commentaires


Patrick Albert 1 octobre 2010 à 21 h 44 min

Pourquoi faire des propositions à une commission européenne au service des marchés ?
Il faut sortir de cette Europe pour en construire une au service des travailleurs. Il n’y a rien à attendre de celle-ci.

BIGONSKI Suzanne 2 octobre 2010 à 20 h 40 min

Il fallait voir la manifestation de Bruxelles mercredi dernier pour se rendre compte à quel point tous les peuples européens sont d’accord pour changer cette Europe au service du capitalisme et la rendre aux travailleurs

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