La colère du lait

le 23 septembre 2009

C’est le cœur serré, l’angoisse au ventre que des centaines de producteurs de lait sont contraints de déverser des milliers de litres de lait dans la nature. On peut certes discuter à l’infini sur l’efficacité de tel ou tel mode d’action. La vérité est qu’aucun grand média ne se serait intéressé aux souffrances de ces agriculteurs s’ils n’avaient pas engagé une action aussi spectaculaire et visible. Car maintenant ça suffit !  Ca suffit vraiment. Le lait est le premier aliment complet des êtres humains. La multitude de fromages de notre pays sont issues d’une multitude de races laitières attachées à des terroirs, à des modes d’alimentation particulière des animaux. C’est donc, bien un bien public alimentaire. Or cette production est sacrifiée depuis des années. Les éleveurs qui travaillent de plus en plus dur améliorent sans cesse les conditions de productions, respectent de plus en plus de règles dites « environnementales » aussi tatillonnes qu’imbéciles. Et voilà la manière dont le pouvoir, la commission de Bruxelles et l’industrie laitière les remercient. En moyenne le coût de production d’un litre de lait revient aux environs de 0,40 € et n’est payé de 0,22 à 0,26€. Qui peut accepter ainsi de travailler à perte ? Et le prix de vente de ce même litre de lait au supermarché est acheté quatre fois plus cher. Où va la différence ? Qui s’accapare la valeur ajoutée ? Les firmes capitalistes de l’Industrie et des supermarchés.

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Les producteurs ont donc raison de ne pas se laisser faire. C’est une action d’intérêt général. D’urgence, il est de la responsabilité du gouvernement de réunir une table ronde des secteurs de l’assurance, des mutuelles, des banques pour décider du report des cotisations et du remboursement d’emprunt voire d’en annuler. Personne ne peut expliquer qu’on a trouvé des milliards pour les banquiers et pas un sou pour les paysans.

La commissaire européenne à l’agriculture Mme Fischer Boël est venue jeudi dernier au Parlement européen à Strasbourg nous exposer son analyse de la situation. Fidèle à ses choix ultra-libéraux, anti-paysans, elle a proposé des primes pour éliminer des vaches et donc des fermes. En même temps, elle a avancé l’idée d’aller plus loin dans la contractualisation entre industriels et producteurs de lait. Autrement dit, elle propose que le pot de fer écrase toujours plus le pot de terre.

Si on allait vers cette solution, les agriculteurs seraient encore plus soumis donc écrasé aux industries et à la grande distribution.

C’en serait fini d’une politique de prix minimum intra-communautaire. Car si l’Europe veut avoir des bases sociales et solidaires, elle doit revenir à une politique de prix. C’est ce que j’ai fermement réclamé de faire à Mme Fischer Boel en séance du Parlement européen la semaine dernière.

J’ai réclamé une réunion d’urgence du Conseil européen pour qu’il décide :

–         La création d’un fond européen spécial pour l’aide à la production laitière

–         La fixation immédiate d’un prix minimum intra-européen que les industries et les centrales d’achat seraient contraints de respecter sans augmentation de prix pour les consommateurs

–         Le blocage des quotas nationaux de production et l’arrêt des importations extra-européennes abusives. 

Elle n’a pas semblé entendre. Il faudra donc lui déboucher les oreilles avec des bidons de lait. Sous diverses formes, l’action la plus unie possible doit se poursuivre. Nous la relayons partout.

Editorial paru dans l’hebdomadaire « la Terre »

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Eric 24 septembre 2009 à 0 h 21 min

Bonne anlyse, bonnes propositions.
Voilà l’incongruité, l’absurdité ultime de l’ultralibéralisme: obliger des paysans désespérés à déverser du lait pour se faire entendre, alors que tant d’autres en ont besoin dans le monde ! Que dire sinon que les règles du capitalisme confinent àla folie pur et simple. Le capitalisme n’est-il pas une pathologie systémique ?
J’en viens à des débats qui ont eu lieu mercredi à Lyon, réfléchissant comment contrer cet ultralébéralisme fou aux régionales.

ON SE PARLE A LYON.

Mercredi 23 septembre, de nombreux militants du P.C.F., du P.G., de la G.U., des alternatifs, de la Fédération, organisaient une rencontre commune pour discuter des perspectives régionales.
De nombreux points de vues ont pu éclairer le débat qui se déroule dans le FDG, et entre ses différentes composantes.

J’en fais un résumé, un peu long, mais pas du tout exhaustif tellement il s’est dit de choses. D’ailleurs, à un moment, je ne savais plus qui appartenait à quelle oreganisation. Je ne nomme que moi. Veuillez excuser certaines approximations, ou raccourcis, mais quand on prend des notes alors qu’il y a un débit de parole aussi rapide et dense, notamment à cette réunion où il y eut beaucoup d’interventions, s’enchainant à batons rompus, on a du mal à suivre. Si quelqu’un de présent a des rectificationsà faire, il est le bienvenu.
Je tiens à souligner l’ambiance sereine et très respectueuse de cette discussion, même quand on abordait les “point qui fachent”. Il serait heureux qu’elles se multiplient un peu partout, et si c’est déjà le cas (surement), faites-en des comptes-rendus !

Tous les partis et organisations font le constat du paysage social dramatique que laisse à voir le pays sous l’égide de l’ultra-libéralisme. Le sarkozisme est un démantèlement systématique, violent, du modèle social, de tous les droits acquis après la fin de la seconde guerre mondiale. Un rouleau compresseur qui reformate le pays selon les desideratas du patronnat, et menace les fondements même de la République.
Il prétend résoudre en plus la crise du capitalisme par un “capitalisme vert”, dont Europe Ecologie est l’émanation.

En face, le P.S. est dans une dérive libérale. Il n’a pas de réponses, sinon l’accompagnement du capitalisme.

Les Régionales permettent une confrontation de modèle.
Il n’y a pas de réponse en dehors du Front De Gauche ! Le FDG, c’est arrêter l’hégémonie du P.S. en ce temps de crise systémique.
Il faut donc une gauche indépendante du P.S., pour montrer que changer le monde, la société sont des objectifs toujours possibles, et engager les transitions nécessaires. Tout le monde est d’accord là-dessus, y compris les alternatifs et le M’Pep.

Une militante du P.G. rappelle que les régions sont un point d’appui pour un changement de société: de l’aide à l’école à la planification écologique, en finir avec le logique de compétition, créer un bouclier social, un rééquilibrage économique, une banque régionale, aider l’agriculture vivrière, à la gestion de l’eau.
L’accord est général sur ses sujets.

Un militant de la G.U., concernant l’exécutif, propose une indépendance des groupes unis au premier tour.
Les alternatifs ne font pas de préalable sur les exécutifs.
Un militant N.P.A. souligne son scepticisme: si une fusion dans l’exécutif entre le FDG et le P.S. se fait, comment ne pas accompagner alors le P.S. et accepter des choix qui amèneront ceux qui ont élu le FDG dans la rue ?

A l’intérieur du FDG, il serait temps d’arrêter les incantations et les mises à demeure, voire de rappeler certaines vérités. Attention aux réflexions sur le P.C.F, car le N.P.A. qui s’insurge aujourd’hui n’a pas voulu du FDG aux européennes. Un militant alternatif refuse de cracher sur le bilan des régions où les cocos ont participé: tout n’est pas blanc ou noir. Mais il faut clarifier les choses, en se désolidarisant du P.S.

Un militant G.U. rappelle que si on veut créer une liste autonome au premier tour, il faut avoir un débat de fond. Ca ne se fait pas en un claquement de doigt.

Une miltante communiste rappelle qu’il faut accepter le temps de réflexion des communistes, et respecter en général les pratiques politiques des partis du FDG. Il faut aussi ne pas reproduire les erreurs de la campagne européenne. Par exemple, il est nécessaire d’avoir un discour clair sur le “capitalisme vert”, ce qui a peut-être manqué alors. De même, le “carton rouge” à Sarkozy ne suffit pas. Ne pas être dans la protestation, mais être une force de proposition.

Une personne insiste sur le fait qu’il faut faire venir les écolos de gauche, et propose qu’un travail commun soit fait sur la gratuité des transports en commun (qui réduirait par deux l’utilisation de la voiture à Lyon). Elle demande aussi à ce que des tracts FDG soient créés sur cette question, ou sur la consultation populaire sur le statut de la poste.

Un militant G.U. fait le distingo entre les dirigeants socialistes, et ses militants. Les socialistes ne se résument pas au P.S.

Un militant communiste souligne qu’au FDG, il y a débat, confrontation, enrichissement. Comment créer les conditions de la victoire ? Les ateliers du P.C.F. sont mal interprétés. Il faut intervenir avec le P.S. pour ramener ses militants. Ces ateliers sont également des ateliers citoyens, qui proposent de discuter avec les non-encartés, de discuter, proposer, convaincre. Il faut élargir le FDG.

Je rajoute pour ma part que les membres du P.G., de la G.U., des alternatifs, bref de tous ceux qui sont dans la salle, doivent s’emparer de cet outil des ateliers, car ils n’appartiennent pas qu’aux seuls communistes, que des militants P.S. sont prêts à venir nous rejoindre, qu’il faut les y encourager à cette occasion, et mettre ceux qui suivent la ligne directrice du P.S. devant leurs confrontations.

Un militant P.G. me fera remarquer que ce positionnement est également le sien dans le P.G., mais qu’il se heurte à un “antisocialisme primaire”, qui ne tient pas en compte les mouvances des militants socialistes.

Un autre militant P.G. pense que le P.C.F. se ralliera peut-être au P.S. dès le premier tour, mais qu’il garde espoir. Y compris pour d’autres échéances.

Un rendez-vous a déjà été fixé pourle 9 novembre, après la désicion du P.C.F. (qui se fera sur consultation de la base) pour savoir si en cas de “non” du P.C.F., qui part avec qui. La question s’adresse également aux militants P.C. présents.
Une personne non-encartée demande que la décision soit prise dès le 10, en cas de décision du P.C.F. de ne pas entrer dans une liste autonome, de faire liste commune P.G.-G.U.

Un membre de la Fédération explique que pour lui les résultats du FDG ont été un échec aux européennes. En cas de réussite du FDG (tout parti et organisation compris), il doit faire en sorte que la Région aide les salariés dont les entreprises déposent le bilan à reprendre les commandes de leurs entreprises.

Beaucoup d’autres interventions constructives ont lieu, mais je ne peux pas tout écrire. Il est fait le constat de nos divegences, certes, mais surtout de nos convergences, et que ce type de rencontre est nécessaire. Un débat entre vrais humains vaut mieux que la blogosphère.

La désicion est prise de continuer ce type de rencontre, avant la décision du P.C.F., avec des groupes de travail, au niveau de la ville comme des arrondissements, afin d’élargir la base aux débats, et faire en sorte que personne ne reste dans son coin.
Dans ces groupes de travail au niveau de la ville seront présents le P.C.F., le P.G., la G.U., les Alternatifs, la Fédération, le N.P.A., etc.

Des militants P.C.F. et G.U. aimeraient d’ailleurs s’appuyer sur les ateliers du P.C.F. qui deviendraient les “ateliers du Front de Gauche”. Il semblerait qu’il y ait un blocage, un refus.
Dans tous les cas, quelles que soient les modalités de ces groupes de travail réunissant TOUT LE MONDE, ils vont s’organiser très rapidement, afin de construire un projet politique progressiste et antilibérale, pour faire des régions un rempart contre le sarkozysme, et une surtout un programme de gauche intransigeant, après un débat de fond.

A suivre.

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